13 Juin Comment j’ai sauvé la fête du Sagarno !
Récit imaginé par Leslie Chrétien, Maël Thomas et Emmanuelle Monchaux et facilité par Fanny Brones et Alexis Louat dans le cadre l’atelier futurs proches réalisé le 13 Juin 2023 en partenariat avec On est prêt.
Thème de l’atelier : Et si en 2035, nous vivions dans une société résiliente face aux crises, unie dans l’action et animée d’espoirs lucides?
Cher journal,
Cette semaine était incroyable ! Je suis partie en classe verte avec ma classe pour aller découvrir la ferme de Mme Etcheverry. Elle a des poules (qu’il faut protéger des renards), des cochons, des ânes et des pottoks qui ont plein de poils aux pattes !
Mardi, nous sommes allés explorer un champ pour identifier tous les insectes que nous trouvions. Et sur une belle fleur bleue, j’ai trouvé plein de drôles de bêtes, toutes blanches et toutes petites. On ne voyait presque plus les feuilles tellement il y en avait !
Nous sommes rentrés à la ferme avec un bocal rempli de ces bêtes, pour les identifier. Lorsque que Mme Etcheverry a vu le bocal, elle est devenue toute blanche elle aussi ! Elle nous a raconté que quand elle était petite, leur verger et tous ceux de leurs voisins avaient été attaqués par ces insectes et que la fête du Sagarno avait dû être annulée car les pommiers n’avaient donné aucune pomme ! Quelle tristesse…
Les adultes du village se sont tous réunis le lendemain et Mme Etcheverry leur a raconté ma découverte. À la fin de la réunion, il a été décidé qu’une délégation (ça veut dire un groupe de personnes) allait partir en Gipuzkoa dans une ferme où ils avaient eu le même problème il y a 40 ans. C’est Mr Barnetchu qui s’en est souvenu quand Mme Etcheverry a montré les insectes.
Et devine quoi ? Comme c’est moi qui ai trouvé les insectes, et ben j’ai été choisie pour faire partie de la délégation ! Comme j’ai l’œil, je pourrai me souvenir de tout ce que j’ai vu là-bas pour le raconter aux autres !
C’est parti pour l’aventure !
5 mai 2035, Gipuzkoa
Cher journal,
Voilà, ça y est ! Hier matin nous sommes partis avec Jocelyne (Mme Etcheverry, mais elle n’aime pas que je l’appelle comme ça), les pottoks Txik et Txak qui nous accompagnent dans la traversée des Pyrénées.
Hier on a bien marché, on a passé le col et dormi chez un berger espagnol. Il avait préparé un bon repas et du fromage frais avec du miel en dessert, top ! Je me suis vite endormie, j’étais trop fatiguée ! J’ai même oublié de vérifier si Globule et ses copains étaient encore vivants dans leur bocal !
Maintenant nous sommes en Espagne, c’est quand même plus vert que chez nous, il y a d’autres arbres fruitiers, des orangers, des oliviers et j’ai vu un manguier je crois ! Là on fait une pause à l’ombre d’un avocatier, j’ai peur qu’un gros avocat me tombe dessus… Dans quelques jours nous arriverons chez Peio, pour voir comment il protège ses pommiers.
11 mai 2035, Guipuzkoa
Cher journal,
Le verger de Peio est fantastique ! Les pommiers sont tous en fleur ici, il y a plein de papillons qui volent d’arbre en arbre, des poules qui se promènent peinard entre les pattes des moutons.
Je leur ai montré le flacon où dormait Globule et il a fait la grimace. Il ne l’aime pas lui non plus ! Il nous a raconté que du temps de son grand-père, il y avait les mêmes insectes qui dévoraient les feuilles des pommiers.
Depuis qu’ils ont mis les moutons dans les vergers, tout va bien. En fait, ils se sont rendus compte que des petits parasites vivaient dans la laine des moutons et qu’ils se nourrissent des insectes comme Globule. Et depuis qu’il y a des moutons, les parasites sont de retour, les insectes comme Globule sont moins nombreux et les pommiers font de belles pommes.
On a donc décidé ensemble de rentrer et de demander aux bergers de nous prêter leurs moutons. On n’a pas fini de marcher !
5 juin 2035 , Baïgorry
Cher journal,
Je suis épuisée par ce voyage et à la fois très excitée de retrouver mes amies. Aujourd’hui c’est le grand jour. Le maire du village a rassemblé les éléveurs.ses et les cidrier.es dans la grande salle municipale.
14h
Jocelyne parle devant un auditoire passionné. Elle avait pris soin de prendre sur scène un mouton qui avait été privé d’herbe depuis la veille. Car la plus grande crainte des cidriers restait à soulever : les moutons dévorent-ils les pommiers ?
Jocelyne présenta une branche bien feuillue sous le nez du mouton et après quelques reniflements, ce dernier détourna finalement sa tête dans l’autre sens. Un grand “hourra !” s’éleva de l’auditoire. Demain, nous lâcherons les bêtes dans les vergers.
6 juin 2035, Baïgorry
Cher journal,
Le village s’est transformé en étable géante, les troupeaux dévalent les collines pour traverser ce bourg et rejoindre les vergers.
Mon grand ami espagnol est satisfait, il me dit “pendant des siècles les moutons, les pommiers et les prairies ne faisaient qu’un, et grâce à toi, cela pourra encore durer plusieurs centaines d’années !”
15 février 2036, Baïgorry
Cher journal,
Ce soir, c’est la fête du Sagarno !
Quel plaisir de revenir à Baïgorry voir mes amis. Les moutons ont maintenant pris leur place dans les vergers et les éleveurs ont même le droit d’installer leur stand de fromage à la fête.
Les jeunes de la côte sont aussi venus, portant leurs tentes sur leur vélo, arrivant de la gare d’Itxassou. Leur joie et leur fierté est palpable, l’automne dernier ils ont durement sué sous les pommiers !
Une grande scène a été installée et de longues tables se remplissent déjà de gourmands qui bientôt ne compteront plus leur nombre de verres !
Pour moi, ce sera juste du jus de pommes…mais Jocelyne m’a promis que je pourrais goûter le Sagarno !
2 mai 2036, Bayonne
Cher journal,
Maman a reçu une lettre ce matin venant de la chambre d’agriculture EHLO. C’est Jocelyne qui l’a écrite !
Ça dit qu’une délégation de Roumains sont venus visiter les vergers de Baïgorry. Apparemment leurs pommiers sont menacés par les cousins de Globule…
Mais encore moins croyable, ils veulent me rencontrer pour m’emmener avec eux en Roumanie ! Papa dit que c’est à une semaine de train/vélo. Cette fois, je veux emmener maman et papa avec moi !