Nous avons besoin d’utopies, de récits, d’héro.ïne.s et anti-héro.ïne.s, de pirates et d’aventurier.ère.s. De mots qui viennent se superposer aux statistiques, concepts, aux pourcentages, aux degrés, et les incarner. Qui viennent décadrer le réel et éprouver nos sens. Qui apportent au monde un supplément de poésie et de sensibilité (6).
La fiction est un “soft power” politique, elle permet de contribuer à une certaine ambiance dans la société, qui la rendra plus ou moins sensible à la mise en place d’actions de résilience, de résistance, de reliance et de renouveau (6). Le récit, le mythe, la fable, le conte, le discours narratif, nourri par l’imagination, tel est le propre de l’être humain. Nous sommes le seul animal capable de croire en des choses qui existent uniquement dans notre imagination, telles que des dieux, des États, de l’argent, des droits de l’homme, des entreprises et d’autres fictions. Nous avons développé une capacité unique à utiliser ces histoires pour unifier et organiser des groupes et assurer notre coopération (7).
Exploitons ces ressources innées.
Que voulons-nous imaginer ? Des récits de guerre, de domination, de patriarcat, d’hommes providentiels beaux, musclés et intelligents, d’apocalypse armée, de monde dévasté, de dystopies habituellement servies par l’imaginaire dominant ?
D’autres peut-être, pas nous.
Parce qu’il n’y a rien de plus révolutionnaire que la joie, parce que quelqu’un de triste résiste moins et obéit par défaut, parce que l’espoir et la volonté se nourrissent du bonheur de défendre ensemble des valeurs partagées (8), nos récits proposent des imaginaires désirables, inspirants, joyeux qui mettent en avant des valeurs d’altérité, de fraternité, de sororité, d’entraide, de réciprocité et d’union.
Ces valeurs se matérialisent par la dimension collaborative de notre approche. Nos récits ne sont pas l’œuvre d’un travail individuel, mais d’une œuvre collaborative dans laquelle des citoyen.nne.s appelé.e.s par cet élan de “nouveaux récits” contribuent à créer le monde que nous voulons. futurs proches se contente de créer les conditions pour favoriser l’émergence de ces récits. Nos ateliers contribuent ainsi à réactiver nos cellules multicolores d’imagination d’enfant (plutôt que grises de réflexion d’adulte) pour faire vivre au plus grand nombre le plaisir contagieux d’imaginer des histoires et de façonner des désirs. L’imagination est résiliente. Si nous mettons de côté tout ce qui la bloque, elle rejaillira de toute sa force, parce qu’elle est dans notre nature même. Elle est essentielle à notre espèce. Il suffit de créer les bonnes conditions pour qu’elle prospère (9).
Petit à petit, nous sommes convaincus que ces récits d’un genre nouveau mâtineront nos représentations, contamineront positivement les esprits, irrigueront nos réseaux et, s’ils sont largement partagés, se traduiront structurellement dans nos vies.