22 Fév Bras brisé, Âme réveillée
Récit imaginé par Andrei Russi, Laurena Pacini, Valentin Michelangeli, Laurianne Hu, Melany Barrachina, Youssef Turki, et facilité par Christine Sausse dans le cadre de l’atelier futurs proches réalisé le 20 février 2024 en partenariat avec l’ADEME
Thème de l’atelier : Et si la France était neutre en carbone en 2050 dans le scenario 4 ?
Photo de ThisisEngineering RAEng
Paris, 12 octobre 2050, José rentre de son travail de recyclage et de récolte des matériaux issus de la décomposition des technologies dépassées. Il rentre dans les quartiers hors du centre de la métropole, lieu exclusivement réservé aux personnes aisées qui vivent en autarcie de la société, jouissant des moyens de transports les plus efficaces et d’un confort de vie amélioré par l’intelligence artificielle. La capitale présente de fortes inégalités qui fracturent le paysage urbain. Les habitations de luxe sont situées en hauteur, surplombant et camouflant le sombre envers du décor de cette évolution de l’humanité. Ces changements ont notamment été entraînés par le changement climatique qui a provoqué de nombreuses catastrophes. De ce fait, certaines parties de Paris sont désertées, devenues des vides dévastés provoquant un contraste flagrant avec la sophistication des tours suralimentées.
Les espaces inertes peuvent parfois être le lieu de rassemblement de groupes en désaccord avec les choix de la politique actuelle.
José ne s’en doute pas, mais son destin va rapidement basculer. En effet, une fois sa journée terminée, l’homme de 38 ans, amputé de son bras suite à un accident de travail. Il est alors endetté et entrainé dans cet engrenage sans faille. Lorsqu’il rentre chez lui dans son modeste logement, son seul réconfort est Alexa, cette intelligence artificielle à capacité émotionnelle améliorée, avec qui il noue une relation presque intime, questionnant les rapports entre l’homme et la technologie. Étant orphelin et sans famille, José s’est inconsciemment isolé dans ce microcosme superficiel qui dévore tout échange avec l’étranger.
Toutefois, il ne se pose pas de question, il y trouve un certain réconfort. Ce n’est que lorsque José n’est plus capable de payer les mises à jours qui assurent le fonctionnement de son IA et de son bras artificiel qu’il va se décider à sortir découvrir le monde extérieur, à la quête d’un moyen pour retrouver son être cher. En errant dans les quartiers de la ville qui lui sont parfois refusés d’accès de par son statut, il finit par rencontrer un groupe de réfugiés s’entraidant pour lutter contre les inégalités sociétales. Au départ indifférent et traumatisé par son handicap et la perte d’Alexa, José développe lentement un sentiment d’appartenance à une communauté et tombe sous le charme de Chloé. Il se rend alors compte de l’isolement dans lequel il était plongé depuis son enfance et que toute cette technologie n’était en fait qu’un faux semblant. Ce choc agit comme une révélation, un sentiment d’injustice, comme si la société l’avait trahie.
D’autres part, la montée des eaux qui inquiète la population s’avère être plus qu’une simple spéculation prévisionnelle des spécialistes. La technologie l’avait bien prévu, et malheureusement une inondation importante s’apprête à balayer une partie de la ville. Seules les personnes ayant eu les moyens de contracter des assurances personnelles peuvent être en sécurité face à ces catastrophes naturelles. Cependant, le prix de celles-ci ne cessent d’augmenter dû à la croissance de l’intensité et de la récurrence de ces évènements. De toute évidence, José et ses compagnons se retrouvent dans l’incapacité de se protéger et c’est alors que Chloé se fait emporter par les courants violents. José désemparé, ressent pour la première fois cette rage à l’intérieur de lui, des émotions qui étaient lui étaient encore inconnues. Mais paradoxalement, il se sent animé, une lueur scintille en son fond. La vision de sa vie et de son rapport aux autres est bouleversée. Au fur et à mesure de son parcours, il se rattache à des personnes aux expériences similaires et se rend compte que son cas n’est pas isolé.
Un lien de fraternité s’établit entre ces individus, José se reconnecte alors à la vie qu’il considère réelle, se sentant enfin entier et son âme réveillée. De cet élan de solidarité et d’enthousiasme du vivre ensemble, le message de José est porteur d’espoir pour cette génération souhaitant se reconnecter entre eux en mettant de côté cette artificialisation de la société. Faisant soulever leurs paroles, José et ses partisans envisagent de rétablir un juste équilibre entre la place de la technologie et les liens humains.