Tartines & Saxophone

Récit imaginé lors de la journée futurs proches à Genève en partenariat avec le Laboratoire de transition intérieure et le Théâtre de l’Orangerie, le 5 septembre 2020, autour du thème « Ré-enchanter notre relation à la nature ».


Cher Noé

J’ai bien reçu ta lettre de New York où tu me décris la dernière tempête et la montée des eaux liées au réchauffement climatique.

Sache qu’à Genève nous avons aussi vécu cela. Ce n’est pas une fatalité. Grâce à notre combat politique nous avons pu créer une ville différente, reconnectée à la nature.

Avec ton grand-père Carlo, on vit dans un village flottant sur une partie du lac Léman. Nous y avons une grande cabane. Tous les matins, nous prenons notre barque pour aller sur l’îlot d’en face où nous avons notre jardin potager. On y rejoint nos voisins pour y prendre le petit déjeuner. Des tartines toutes chaudes sortent du four communautaire.

Ici, les enfants de ton âge font classe à l’extérieur. Chaque matinée est consacrée à un apprentissage en lien avec la nature et les après-midi pour les matières plus traditionnelles comme les mathématiques. Les enfants arrivent à l’école quand ils ont suffisamment dormi après s’être réveillé naturellement.

En effet, tous nos rythmes sont en lien avec la respiration du vivant. C’est lui qui nous dicte nos modes de vie. D’ailleurs, chaque personne ici a son propre rituel pour se connecter à la nature.

Moi par exemple je joue du saxophone dans des forêts, des prairies ou des jardins communautaires pour aider les légumes à pousser plus harmonieusement. D’ailleurs dans nos assiettes, on ne trouve que des aliments locaux et de saison qui viennent majoritairement du jardin autogéré par les enfants de l’école.

Sache cependant que tout ce que je te décris n’est pas tombé du ciel. Il a fallu beaucoup se battre, convaincre les politiciens et s’organiser. Cela a exigé aussi de grands changements dans nos manières de vivre.

On fait plus de choses avec nos mains, on utilise plus de monnaie mais on se partage et se prête tout ce dont on a besoin. Il a fallu apprendre à vivre plus simplement en économisant l’eau et en se passant du pétrole.

Tout cela ne nous empêche pas d’être très heureux, au contraire. Et en plus de manger du chocolat.

Tu trouveras avec ce message une photo des enfants du quartier qui te saluent.

Je te serre dans mes bras et te fais pleins de bisous.

Ta grand-mère Mathilde qui t’aime fort.

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