Le jardin du bonheur

Récit imaginé lors de la journée futurs proches à Genève en partenariat avec le Laboratoire de transition intérieure et le Théâtre de l’Orangerie, le 5 septembre 2020, autour du thème « Ré-enchanter notre relation à la nature ».

Auteurs et autrices: Michel Maxime Egger, Marisol Iglesias, Agathe Valentin, Hélène Bourban, Caroline Tosti, Julia Bodin


Après une visite guidée au CERN, Noé, 10ans court vers un homme.

Noé : « Coucou Mathieu. Ça c’est ma mère Olivia. Tu peux nous montrer le jardin suspendu dont tu nous as parlé hier à l’école ?»

Mathieu : « Bien sûr »

Olivia pas insensible aux charmes de Mathieu, accepte la visite. Tous les trois longent le bisse ensauvagé reliant le CERN au jardin.

Mathieu : « Noé tu te souviens de la leçon d’hier sur la communication entre les végétaux ? Est-ce que la semaine « sens et créativité » t’a plu ?»

Noé : « Oui j’ai trop aimé la puissance de la sève. »

Olivia : « Oh purée, il a l’air d’avoir soif ton jardin. Mais comment tu arrives à faire pousser du cacao ? Moi j’essaie d’économiser l’eau, je la transforme en vapeur et la stocke à la BDO. »

Mathieu : « BDO ? Qu’est-ce que c’est ? »

Olivia : « Tu ne connais pas ? C’est la Banque de l’Oxygène. Mon fils pourra à tout moment y accéder au cas où l’eau venait à se raréfier. »

Mathieu : « Tu penses que c’est en stockant l’eau individuellement que tu vas sauver ton fils ? Quelles valeurs souhaites-tu lui transmettre avec cette manière d’agir ? »

Olivia : « J’essaie de le protéger. Je veux le meilleur pour lui »

Mathieu : « C’est quoi pour toi le meilleur ? Moi, par exemple je fais découvrir à mes élèves que la vraie joie de vivre finalement ce n’est pas le matériel qui nous la procure mais les liens avec les êtres et l’ensemble du vivant »

Olivia : « Tu vas où monsieur le professeur avec ces beaux discours ? »

Mathieu : « Je n’ai de loin pas toutes les réponses et cela me peine que tu le prennes ainsi. On ne sait pas combien d’effondrements auront encore lieu et si nous pourrons mieux y répondre que par le passé. J’espère qu’un éventail plus large de projets collectifs et de nouveaux modes d’être émergeront. Les habitants de Genève, au-delà des potagers communautaires se considèreront vraiment comme les membres d’un écosystème uni avec le COVID 48, les fèves de cacao, et les poissons de la rade. Et en poussant, dans les assemblées citoyennes pour innover davantage. »

Olivia : « Oui c’est vrai. J’attends d’ailleurs avec impatience que le projet d’espace de vie à 15 minutes se réalise dans mon quartier car vivre à la Jonction et travailler au CERN me coûte beaucoup de temps en tant que mère célibataire qui doit jongler avec beaucoup de choses dans mon quotidien. »

Mathieu : « De toutes façons on pourra mettre en place tous les projets qu’on veut, la clé du changement est dans notre cœur et notre conscience. Comme Gandhi le disait : « soyez le changement que vous voulez voir advenir ». 

Olivia : « Ah c’est marrant je suis justement en train de lire la biographie de Gandhi. Je connaissais cette phrase mais je n’avais jamais vraiment réfléchi à la voir comme ceci. »

Olivia, touchée par ce jardin et la conversation, décide de s’engager avec son fils Noé dans le jardin avec le secret espoir que cela lui permette de rester proche de Mathieu.

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