Etienne Daho 2050.0

Récit imaginé par Sophie Mayeux, Stéphanie Dupont, Aurélien Lemaire et facilité par Isabelle Guerry Buisine dans le cadre de l’atelier futurs proches réalisé le 12 décembre 2023 en partenariat avec l’ADEME

Thème de l’atelier : Et si la France était neutre en carbone en 2050, dans le scénario 3 ?


Je suis Sophie Mayeux, bienvenue dans mon pdocast  » Les accords de Paris, on a réussi ! « . Aujourd’hui, je me trouve dans le village de Ciron dans l’Indre, près de Châteauroux. Ce matin, il fait bon près de la rivière, les champs sont verts et les oiseaux chantent. Lucas est un tout jeune retraité de 55 ans (merci les gains de productivité ! ). Il a re-construit avec les anciens, un village devenu communautaire et connecté. Il nous raconte comment il a eu l’idée de cette retraite au vert et sa mésaventure lors du concert souvenir d’Etienne Daho à l’occasion de ses 104 ans.

Lucas –  » J’habite ici depuis 5 ans maintenant. Nous sommes 20 maisons, connectées. Nous n’avons plus besoin de faire le potager, un petit robot s’en occupe. C’est bien plus pratique, il sait quand arroser et planter. Il fait même les semis ! 

J’ai eu envie à la fin de ma carrière de partir me mettre au vert. J’en avais marre de ces villes trop denses, trop hautes, trop connectées, trop bruyantes, trop tout. Je voulais du vert, du silence, du lien, du calme mais sans me couper totalement du monde. Alors j’ai convaincu les autres et on s’y est tous mis, on a construit nos maisons avec les aides de l’Etat, le tout en économie circulaire. A 55 ans, on est encore jeunes maintenant !

Je me souviens de la fois où Etienne Daho, notre artiste mondialement connu, est venu en concert dans la grosse ville de Châteauroux, une métropole d’1 million d’habitants. Mais là, quelle idée ! Un hologramme ! Un hologramme surpuissant, projeté depuis son propre village connecté. Cet événement nous a contraints à de fortes restrictions : lumière et énergie limitées, eau rationnée, finies les livraisons ! Tout était concentré sur l’événement et l’approvisionnement des visiteurs. 

Il fallait de l’électricité à profusion pour les lumières, l’hologramme, le son, les effets en tout genre. Rien de trop beau pour passer ce moment magique avec notre star de toujours, qui transcende les générations.

Tout a été bousculé dans notre quotidien pour un show unique à l’américaine. Ah, rien que d’en parler, ça m’évoque mes belles années de festival en plein air, dans la foule, à chanter mes chansons préférées, danser avec les fans tous rassemblés. L’effervescence… Tout cela a demandé beaucoup d’énergie, des hommes et des femmes qui s’affairaient, de l’électricité dédiée, bref, tout revenait à Daho !

Evidemment, nos champs étaient vides : tout était parti pour servir les repas et les boissons des fans. 

Plus d’écrans non plus, hormis nos téléphones / tablettes connectées, c’est le strict minimum quand même ! Nos drônes étaient à l’arrêt, plus rien pour arroser et surtout plus d’énergie dans les batteries, pas de quoi les recharger. Or, sous cette atmosphère méditerranéenne, certaines plantes, originellement de zones humides, ont besoin d’être arrosées, sans quoi on risque d’en perdre une belle partie ! On a dû faire un effort physique intense, que nous n’avions pas connu depuis longtemps, pour transporter les bouteilles d’eau avec quelques voisins, et aller entretenir par nous-mêmes le jardin avant le début du concert. C’est qu’on ne voulait pas le rater non plus ! Cela faisait une semaine que nous n’avions pas pu utiliser la navette autonome, qui fait le trajet Ciron-Châteauroux. Pour économiser des ressources, et transporter les visiteurs, une seule navette nous avait été autorisée cette semaine-là ! C’était un comble : impossible d’aller au concert et impossible de le voir sur nos écrans !

Alors heureusement qu’on était là, nous les vieux, et qu’on savait encore fabriquer des batteries et des générateurs avec des bouts de ficelle. Parce qu’on a réussi à fabriquer en deux temps trois mouvements un générateur ancienne génération, avec de vieux vélos et des dynamos, datées certes, mais qui marchaient bien, le tout branché à un écran. Cela nous a permis de reprendre contact avec nos jeunes, à distance, de partager quelques vidéos du live et qu’ils nous racontent leur concert du siècle ! Je me souviens, je l’avais vu Etienne Daho, en vrai, quand j’étais jeune. Un mois plus tard, on a pu de nouveau arroser notre jardin. Comme quoi, la technologie, c’est bien, elle nous rend beaucoup de services, mais n’oublions pas que nous avons deux mains, et qu’elles ne servent pas qu’à taper sur des écrans tactiles. «