LA FLEUR DU PASSE : Solar, l’enfant à la tortue

Récit imaginé par  Sonia Delhaye, et facilité par Morgane dans le cadre l’atelier futurs proches réalisé le  08 août 2023 en partenariat avec l’assemblée des imaginaires et en lien avec le récit et celui-ci ou encore celui-là.

Thème de l’atelier :  A quoi rêvons -nous pour demain?

Solar, 11 ans est une enfant vive et enjouée. Elle fait partie des générations dites « natural native » (clin d’œil à l’expression actuelle « digital native »).  Dans cette nouvelle société, les humains communiquent entre eux et les autres éléments vivants en privilégiant un langage non verbal, au delà des mots, même si ceux ci existent toujours, nous ne parlons plus pour ne rien dire et il est beaucoup plus difficile de mentir et de masquer. Le langage verbal n’a donc plus du tout la même place, il est presque déconsidéré comme une forme « inférieure » de langage utilisé pour les écrits utilitaires ou de façon créative et ludique dans l’art, et notamment la poésie, qui rencontre un certain succès en tant que pratique orale. Cette communication par une sorte  de  transmission de pensées et d’émotions est donc privilégiée et valorisée au quotidien. Chaque humain a son animal, végétal ou minéral « totem » avec lequel il ressent un lien privilégié, qu’il découvre en principe vers l’adolescence. Solar semble un peu en avance et a déjà développé un lien spécial avec les tortues. Il semble que ce soit une tendance des enfants de sa génération de rentrer très tôt en communication avec leur totem. Elle vit à la mer, près de Marseille en France, dans une famille communautaire organisée autour de son arrière grand-mère maternelle, comme ça se fait beaucoup désormais.  La géographie de la ville a été bouleversée par la montée des eaux, une partie est dévenue des vestiges sous marins, mais les humains ont su depuis réorienter leurs sociétés vers une sobriété résiliente, même s’il existe de grandes disparités selon les territoires (on ne dit plus pays ni nation).

Mais aujourd’hui Solar est en Isére au bord d’un lac où une tortue l’a appelé en pensée. A peine arrivée au bord du lac qu’une tortue commencent à apparaître et à se sortir péniblement de l’eau, visiblement blessée. Aquila, un quasi centenaire à l’aura juvénile, observe Solar depuis qu’elle est arrivée. C’est le géologue du lieu, la retraite n’a plus vraiment de sens désormais. Les gens travaillent 20h par semaine pour leur communauté, mais ça n’est pas une obligation et ce chiffre ne veut pas dire grand-chose, puisque la différence entre travail professionnel et hobby n’existe plus vraiment. Une rente universelle de base est versée à tout le monde. Ainsi, même à son âge il continue à s’occuper de son territoire qu’il connaît mieux que personne. Aquila semble émerveillé par la capacité de Solar à communiquer avec la tortue. La tortue réagit par des mouvements légers de sa tête et de son corps. Un petit objet s’est coincé dans sa carapace  qu’elle n’arrive pas à retirer, c’est ça qui provoque la douleur chez l’animal. Solar en auscultant le trouve et parvient à le retirer : on découvre alors un étrange petit objet de haute technologie qui dessine une forme entre la fleur et l’artichaut. Le vieil homme à sa vue se redresse brusquement et s’approche de Solar.  Il ne pensait pas un jour revoir ce genre d’objets en dehors des musées. Solar avoue ne pas savoir ce que c’est. Le centenaire lui explique alors comment autrefois les humains avaient développé une technologie de pointe en recherche de communication avec les animaux et les plantes, comme une sorte de « capteur » traducteur. C’était une époque où les humains, dévastés par les crises climatiques successives, avaient enfin cherché les réponses auprès du reste du vivant, mais étaient encore pétris de technosolutionisme. Avec les générations, les humains ont acquis cette capacité et n’ont plus besoin de cette outil intermédiaire avec le vivant. Solar ausculte  la  drôle de fleur artichaut en même temps que le vieillard lui transmets l’histoire du drôle d’objet. Elle se demande si Aquila dans sa jeunesse a eu besoin de la fleur électronique pour apprendre à  communiquer avec les aigles…. Solar indique un rapace qui plane au dessus d’eux. Aquila sourit et rassure Solar : la tortue n’a rien à voir, l’oiseau est juste venu le saluer. Il émet alors un son strident et on le voit pointer pour atterrir sur le bras de l’homme.

Mais la drôle de fleur électronique a réagi à ce son perçant au grand étonnement de Aquila qui pensait l’objet totalement hors service.  Elle se met à émettre des mots déformés dans un grésillement qui rend l’ensemble inaudible…. Solar et Aquila éclatent alors de rire devant ce charabia qui en devient comique.  L’aigle et la tortue participent à leur façon à la joie de leurs camarades humains avant de s’envoler pour l’un et retourner à l’eau pour l’autre. La tortue a appelé Solar non pas tant pour qu’elle retire l’objet que pour lui rendre… Elle reconnaît parfaitement les objets fabriqués par les humains. Aquila et Solar se regardent : doivent il chercher à faire fonctionner de nouveau l’objet ? Leur société est habituée à tout réparer au maximum, dès l’école on apprend à réparer les objets, y compris électroniques, dont la production a été revue radicalement à la baisse. Aquila répond alors au questionnement de Solar qu’il a perçu  en pensée. même s’il est vieux, il faisait déjà partie des générations des « natural native ». Si lui n’a pas eu besoin d’utiliser ce genre de traducteur, il se souvient de con grand père qui lui l’utilisait encore…. Cet objet était également détourné par des artistes de sa génération que les traductions de l’objet amusaient beaucoup.  

Aquila rappelle à Solar que c’est elle qui a été appelée par la tortue, c’est à elle de découvrir quoi en faire….