22 Fév Un verger qui t’aurait plu
Récit imaginé par Myléna Oreille, Aloïs Gallet, Valérie Cailliez, Katia Dethilloz, et facilité par Vanessa Weibel dans le cadre de l’atelier futurs proches réalisé le 22 février 2024 en partenariat avec ComProfiles
Thème de l’atelier : Et si en 2050, les dirigeants d’entreprises avaient fait le choix d’entreprendre en faveur de la transition écologique et de la préservation du vivant ?
Chère Mamie,
Je profite d’un moment d’accalmie pour t’écrire de Meymac, en Corrèze, où je suis arrivé après un mois de voyage en bateau depuis Halifax. Je venais faire un reportage pour The New Enterprise magazine.
Je viens de vivre un moment très fort de solidarité qui m’a beaucoup touché. J’ai envie de te raconter. Tu sais déjà que je suis parti en « learning expedition » en France afin de faire un reportage sur l’entreprenariat ici, notamment pour comprendre leur modèle économique qui a évolué drastiquement en deux décennies. Je suis spécialement venu visiter l’entreprise Tart’O’Pom . Il s’agit d’une moyenne structure qui emploie 70 personnes, toutes résidentes de Meymac, et spécialisée dans la pomme, une matière première dont on ne soupçonne pas l’importance dans cette région. Les tartes sont institutionnalisées à Meymac. Elles nourrissent et emploient des milliers de personnes dans tout le département. J’ai découvert une entreprise sans actionnaires, ou plutôt, une entreprise où tous les employés sont actionnaires, et tous doivent se prononcer sur les grandes décisions. Il n’y a pas de chef, ni de cheffe, mais des groupes de décisions organisés en autonomie. Jamais je n’avais encore vu une entreprise qui ressemblait autant à une grande famille. Les personnes m’ont l’air de s’y sentir bien, elles sont respectées, valorisées et engagées. C’est un système collaboration assez exemplaire.
Ils ont vécu un événement dramatique suite au déluge dont tu as certainement du entendre parler. 400 mm de pluie en 24 heures, c’était du jamais vu. Les routes ont été arrachées, les villages inondés et les communications coupées. Tart’O’Pom était dans sa pleine période de récolte avec ses fournisseurs locaux et ils n’ont pas pu faire rentrer tous les fruits avant la tempête. De l’intérieur, j’ai assisté à un spectacle d’une force dévastatrice. Une grande partie des fournisseurs étaient bloqués et ne pouvaient pas livrer leurs pommes.
Je m’attendais à assister à une réunion de crise mais j’ai découvert comment était organisé Tart’O’Pom. Ils ont tous décidé d’arrêter leurs tâches pour aller sauver leurs pommes en mobilisant tous les moyens de l’entreprise.
L’un des premiers défis était de rétablir les communications avec les fournisseurs isolés par les dégâts. Des équipes de volontaires se sont naturellement formées, mêlant des employés et des habitants de Maymac, équipées de téléphones satellites. Elles avaient pour mission de parcourir les zones les plus touchées pour établir un contact avec les agriculteurs. En parallèle, Tart’O’Pom a lancé un appel à l’aide sur le réseau de communication Quantum Global. La réponse a été immédiate et sans précédent. Des entreprises alentours ont mis a disposition leurs ressources, humaines et matérielles, comme des drones pour survoler et évaluer les dégâts dans les vergers plus inaccessibles.
Ce qui a fait la différence, c’était l’union de toute une communauté autour d’un but commun : la tarte aux pommes ! Un vrai retour à l’essentiel.