08 Août Ti ar Buhez, la maison du vivant
Récit imaginé par Stéphane, Philippe, Emmanuelle et facilité par Alexandra Lutt dans le cadre l’atelier futurs proches réalisé le 08 août 2023 en partenariat avec l’assemblée des imaginaires. photo alexey Demidov
Thème de l’atelier : A quoi rêvons -nous pour demain,?
Gran’Pierre
Il fait encore chaud au hameau de Ti ar Buez, à côté du bourg de Scaër. Cette année-là il a plu beaucoup. Trop. Mais au moins les citernes sont pleines et le terrain de l’ouest est assez humide pour cultiver du fragile. Salades, herbes à tisanes. 5 ans qu’on s’en passait. On est tous au boulot depuis l’aube, à éclaircir, désherber, mais surtout à récolter les graines pour la prochaine saison verte. Tout le hameau est là, les voisins, les amis. Madeline se charge de réunir les légumes pour la cantine de Léna. C’est là qu’on mange, tous ensemble. Si quelqu’un n’est pas là, c’est qu’il est malade. Et alors, on va lui apporter de quoi manger, à tour de rôle. Léna est un personnage important pour le hameau. C’est elle qui gère nos stocks de nourriture et qui s’assure que tout le monde aura à manger à l’heure. Pan sautille entre les personnes qui s’affairent autour de la mare. J’espère qu’il ne va pas… Et si, ça y est, il a sauté dans l’eau pour se livrer à son jeu favori, attraper un poisson et le manger en flottant sur le dos. Tous ceux qui plantaient de la menthe sont éclaboussés. Pan, c’est notre Lynx-Loutre, l’ami de Madeline, ma petite fille. Ils font la paire ces deux-la, joyeux trublions, toujours en mouvement. J’essaie de garder la tête froide au milieu de toute cette agitation… un truc me tracasse. Un petit vent frais qui m’inquiète… C’est tôt pour la saison pourtant …
Léna
Il est tôt le matin, les premiers rayons de soleil transpercent la conopée au dessus de la cantine.
Je me mets en cuisine pour concocter les repas pour les premiers arrivants.
Les oiseaux chantent, les feuilles aussi. Quelques animaux sauvages habitués de mon rituel viennent se servir dans le fruits cueillis la veille et nettoyer les restent de légume. Léna les laisse faire, elle les connait bien et au final ils lui rendent bien service.
Soudain le soleil disparait et un vent violent se lève. Il ne faut que 5 minutes pour que les arbres passent de tremblements subtils à balanciers violents. Je suis habituée à ses coups de vent, je range rapidement toutes les tables avec l’aide de Feuille, ma compagne charpentière. Je prends mon élan pour courir me mettre à l’abri, je jette un regard en arrière pour m’assurer que ma compagne me suit. Mais au lieu de me suivre, je vois qu’elle fait demi-tour. Elle va sauver un singe-perroquet coincé sous une branche. C’est alors qu’une nouvelle bourrasque emporte le toit, brise une grosse branche qui tombe directement sur la cantine, détruit la terrasse et écrase la compagne de Léna.
Je reste figée devant ce spectacle. Après quelques minutes le ciel s’éclaircit. Les voyageurs se rapprochent de la cantine, de moi. Ils me parlent, constatent les dégâts de cette tempête venue des années 2000.
Des voix s’élèvent, « cet hameau de Ti ar Buez est dangereux entends-je ». D’autres voyageurs proposent déjà de le fermer définitivement.
Je vois la jeune Madeline arriver sur ce que fut la terrasse. Elle a vécu ici avec son Grand-Pierre, pour elle, impossible de voir disparaitre ce lieu. On lui oppose que la charpentière est morte, qu’il n’y a personne pour reconstruire. Je vois Madeline se mettre en colère, « non, nous trouverons un charpentier » dit-elle. Elle ramasse ses quelques affaires, appelle Pan et se met en route à la recherche d’un charpentier. Grand-Pierre ne peut laisser sa petite fille dont il prend soin, il se met en marche avec elle. Déjà ils traversent le pont de figuier étrangleur à la sortie du village.
Madeline
Gran’Pierre courbe le dos, son visage est sombre, cet écolieu il l’a construit avec tant d’amour, y sont inscrits tant de souvenir. moi qui encore hier envisageait d’entamer sa migration de vie ne supporte pas l’idée que l’œuvre de la vie de son grand père n’existe plus.
Gran’Pierre , dès demain nous partirons à la recherche d’un charpentier, Pan, vient se blottir contre eux, pour sûr tu feras du voyage aussi parti du voyage.!
Avant le lever du soleil, besaces chargées de graines, de savoirs, d’histoires, bâtons de transmission autant de choses à partager lors de ses voyages; ils partirent en vélovolauvent.
Mais …l’histoire se répétait, de lieu en lieu, la réponse était la même point de charpentier prêt à voyager, ils étaient tous indispensables… Jusqu’à qu’ils arrivent à Scaër, à l’orée d’une forêt, fatigués par leur long voyage ils s’installèrent à la table d’hôte pour le diner.
L’aubergiste restaurateur leur indiqua qu’au fond de la salle dinait à l’écart Maple, un charpentier itinérant. Timide, bourru, il n’était pas d’un abord facile.
Comme tous les soirs quelque soit le lieu, Gran’Pierre s’installait au centre d’un cercle de curieux et contait les histoires d’avant, les erreurs et bonheurs des années 2000. Maple était comme tous hypnotisé par les talents de conteur et fut ému par le récit de Gran Pierre tout autant charmé par la jeune Madeline déterminée. Il parla alors d’une voix claire que personne n’avait jamais entendu. « Je repars avec vous, je vais vous aider à rebâtir votre hameau ».
Pan et Madeline sautèrent de joie .
Quelques semaines plus tard, Mapple :
Elle est mignonne, cette Madeline, sûr. Et c’était bien agréable de lui montrer les rudiments du métier. Elle a du talent. Mais elle est attachée à ce bout de pays breton, ça se voit. Et puis le chariot a besoin de travaux. Les chevaux, reposés, reprennent la route avec un plaisir évident. Je les laisse faire, après les avoir mis sur la route de Carhaix. La rencontre des charpentiers, c’est dans 2 semaines. J’aurai le temps de ressasser tout ça.