Sous l’ombre de l’équité : un lettre ouverte sur les ravages de la technologie

Récit imaginé par Emmanuelle, Chayness, Virginie, Mirca, Sofiene et Naomi et facilité par Elodie Dantard dans le cadre de l’atelier futurs proches réalisé le 23 novembre 2023 en partenariat avec l’ADEME.

Thème de l’atelier :  Et si la France était neutre en carbone en 2050 dans le scénario 4 ? 


Chère société de l’avenir,

Je m’adresse à vous aujourd’hui avec un mélange d’émotions difficiles à exprimer. Mon nom est Sofiene, et je suis l’un des nombreux citoyens qui ont été touchés par les conséquences de la ségrégation technologique. Je me suis impliqué et engagé longtemps dans le bon fonctionnement de la société, notamment dans le cadre de mon alternance en gestion des systèmes informatiques, mais aujourd’hui, je me retrouve à devoir faire face à la réalité qui me semble tout à fait injuste.

J’ai été licencié il y a une semaine. La raison invoquée pour mettre fin à mon contrat est mon manque de ponctualité récurrent dû aux transports en commun. Je ne peux m’empêcher de ressentir une profonde ironie en écrivant ces mots. J’ai été engagé en toute connaissance de cause, en sachant que je dépendais de ces modes de mobilités imposés, qui, au fil des années, ont été négligés au profit d’une technologie qui favorise les privilégiés.

Les riches profitent de voitures autonomes qui les transportent rapidement et efficacement d’un point à un autre. Ils ne sont pas confrontés aux retards, aux annulations, aux pannes mécaniques, ni aux aléas climatiques qui perturbent notre quotidien. C’est un luxe auquel beaucoup d’entre nous n’ont jamais eu accès.

Je ne peux m’empêcher de constater à quel point la technologie a pris le dessus sur la vie des gens. Les machines automatisées, les intelligences artificielles et les innovations ont incontestablement amélioré certains aspects de notre existence, mais elles ont aussi creusé un fossé entre les plus favorisés et les plus démunis. La déshumanisation de la société semble être devenue la norme, et ceux qui ne peuvent suivre ce rythme effréné sont laissés pour compte.

Je ne suis pas en train de vous accuser de tous les maux de la société, mais je veux vous rappeler que derrière chaque employé, il y a un être humain avec des préoccupations, des difficultés et des aspirations. Mon licenciement ne représente pas seulement la fin d’un emploi, mais aussi la manifestation de l’écart croissant entre les différentes classes sociales, exacerbé par une technologie qui devrait être au service de tous.

Je lance un appel à la réflexion et à l’empathie. Il est temps de réévaluer nos priorités et de travailler vers une société où la technologie ne divise pas, mais unit. Une société où chacun a la possibilité de prospérer, indépendamment de la richesse de son portefeuille ou de la sophistication de sa voiture. Mon licenciement est peut-être une perte personnelle, mais c’est aussi un signal d’alarme qui résonne pour tous ceux qui ont été exclus de l’accès aux technologies, et donc de la société. 

Mon nom est Sofiene et je suis une victime de la ségrégation technologique.

« Que la technologie soit le pont vers l’égalité, non le fossé entre les privilégiés et les oubliés, car notre avenir ne peux être brillant que s’il éclaire tous les chemins. »