13 Fév Ronde pour un Chêne
Récit imaginé par Fanny Bronès , Lucie Delemotte, Carole Babin-Chevaye, Stéphanie De Suzanne et facilité par Jeanne Varaldi dans le cadre l’atelier futurs proches réalisé le 01 février 2023 en partenariat avec la Fresque de la diversité , BELUGAMES. Photo de la forêt de Huelgoat (Finistère)
Thème de l’atelier: Et si en 2050, on imaginait une société libérée des préjugés?
Le soleil commença tout juste à poindre derrière les montagnes, baignant de ses rayons dorés les tuiles des maisons.
Le village encore endormi ne tarderait pas à se réveiller. L’odeur alléchante du pain au levain, tout juste cuit dans le fournil collectif, viendrait bientôt lécher les narines des dormeurs, les tirant du lit plus efficacement que n’importe quel réveil de l’ancien temps.
Les rues pavées reprirent peu à peu leurs couleurs pastelles, les façades chamarrées appelant les villageois à venir remplir les rues de vie et de joie. Une autre journée se profilait, douce et paisible, remplie d’éclats de rire, d’enfants bondissant dans leurs jeux dès leur petit déjeuner avalé; puis ce serait aux heures chaudes de ramener la tranquillité paresseuse à l’ombre des branches de Chêne.
Chêne, immuable, témoin de sagesse et de longévité, protégeant le village sous ses ramures. Dispensant fraîcheur et apaisement au fil des années.
Tous les habitants ne manquaient pas de venir le saluer chaque matin sur leur passage, venant s’assurer qu’il tenait toujours bon en ces temps incertains.
C’est alors que…
En ce matin bleu, quand Youna arriva sur la scène, s’afficha dans son champ de vision une scène que jamais, dans sa jeune histoire, il n’aurait eu l’idée de pouvoir vivre.
Chêne ?
Chêne !!
Seul au milieu de la place, le vénérable avait déposé les armes et baissé ses branches.
Celui qui accompagnait toutes les générations s’étant succédé dans le village ; qui animait ; rayonnait, abritait, consolait, semblait à terre.
Victime de cette grande sécheresse dont tous parlaient depuis longtemps mais dont les effets n’étaient finalement pas si visibles.
Incrédule, Youna regarda tout autour de lui.
Que faisaient les autres ? Etaient-ils tous, comme lui, en proie à un mélange d’incompréhension, de tristesse mais aussi, et déjà, de colère…
Comment en a-t-on pu en arriver là ?
Qu’avaient-ils fait ? Tous. Lui, les copains, les parents. Tous quoi !
Il lui fallait les retrouver. Tous les autres.
Grands, vieux ou jeunes,
de toutes les couleurs, croyances ou obédiences,
pour échanger.
Tenter de réparer.
Réanimer Chêne…
L’ensemble du village se réunit. Chacun prit sa place en formant un cercle autour de Chêne.
Vhan, le poète, arriva en s’appuyant sur Gaïa et Taliesin pour compenser sa jambe manquante.
Ysée, 10 ans fit circuler le caillou de parole, et s’assura que tous puissent s’exprimer – ce caillou permettait en effet à chacun d’écouter pleinement celui ou celle qui l’avait entre les mains. Elisabeth, qui avait choisit de vivre ses dernières années en dormant auprès de Chêne avec juste un matelas, partagea son idée que chacun apporte une jarre d’eau par jour au vieil arbre, le temps que passe la sécheresse. Quant à Théo, du haut de ses 4 ans, il proposa de venir lui chanter des chansons pour qu’il retrouve sa joie.
Le soir tombait… Les échanges, s’ils n’avaient pas trouvé miracle pour s’assurer que Chêne guérirait, avaient permis à chacun de poser. Déposer. Partager.
Ses idées.
Ses envies.
Ses besoins.
Mélange d’inclusion et de co-construction,
en diversité.
Ils allaient y arriver… c’est sûr.
Et Chêne serait bientôt de nouveau avec eux… Il le fallait.