La caravane

Récit imaginé par Pablo Bedek, Benoît Dandine, Françoise Gauthier et facilité par Morgane  Personnic dans le cadre de l’atelier futurs proches réalisé le 2 mars 2023 en partenariat avec l’ADEME

Thème : Et si la France était neutre en carbone en 2050 dans le scénario 1, génération frugale ?

Enfin j’aperçois la longue caravane de camping-cars qui se dirige vers les Volcans d’Auvergne. Quelques semaines après l’ouragan qui a terrassé la côte basque, les réfugiés se dirigent vers une terre d’accueil épargnée des terribles rafales et pluies violentes qui ont rasés leurs villages. Je n’ai pas eu de mal à me faire accepter parmi eux pour mener mon reportage. J’étais assise à côté de Jean qui m’a raconté son histoire et le projet que sa communauté a choisi de suivre. Ils espèrent être accueillis dans le village de Saint-Bonnet-près-Orcival qui compte près d’un millier d’habitants permanents et sa communauté de réfugiés en dénombre près de deux mille. « Cela fait plusieurs semaines que nous menons une vie de nomades, nous aimerions pouvoir nous installer quelque part pour retrouver nos vies d’avant. J’ai bon espoir cette fois ci ». On aperçoit au loin le clocher de l’église qui se distingue des prairies verdoyantes surplombées par la chaîne des Volcans d’Auvergne.

A notre arrivée, je constate que les villageois sont heureux de nous rencontrer et accueillent à bras ouverts cette caravane nomade. Une entraide bien rodée se met en place, les villageois ouvrent les salles communales munies de grandes tables et bancs en bois de la région et préparent avec leurs visiteurs.es un repas à base de légumes provenant du jardin partagé communal, accompagné d’un vin des coteaux de Saint-Bonnet.

Toutefois, le groupe de gestion communale s’inquiète du manque d’eau et des quotas hebdomadaires presque dépassés. Depuis  2023 et la sécheresse terrible qui toucha l’Europe ;  les régions ont mis en place des quotas par municipalité et pour accueillir les réfugiés climatiques. Un certain stress se lit sur les visages de ces hommes et femmes sous leurs sourires sincères.. 

Plus tard dans la soirée, je m’approche d’un groupe de campeurs, installés dans un jardin, je sors mon trépied et mon micro pour pouvoir enregistrer une partie de leur vie : leur récit commence. Dans la nuit je vais me coucher dans mon hamac, j’ajoute ma peau de mouton sous mes draps afin de conserver la chaleur et m’endors entourée de cette communauté.

Les jours suivants, nous réfléchissons à comment capter plus d’eau. Je constate encore une fois que l’application mobile WelcomeYou qui été développée par l’Etat il y a cinq ans est un outil particulièrement apprécié. Cette carte d’identité des compétences et des savoirs-faire de chaque français.est l’ outil grâce auquel le groupe de gestion communale a détecté des compétences particulières  dans la captation d’eau de la brume collineuse. Des filets de récupération low-tech  ont ainsi été mis en place et une grande quantité d’eau potable a été récupérée.

Les enfants et les personnes âgées que j’ai rencontré peuvent elles aussi contribuer officiellement au bonheur et au développement harmonieux de la société et être reconnues pour ça. J’ai pu ainsi interviewer Laela et Myriam sur le sujet!

Mais même avec les systèmes de récupération complémentaires, les pénuries  sont trop fortes et les stocks ne remontent pas . Il n’a pas plu depuis 32 jours quand la communauté mobile doit reprendre sa route. 

Pour ma part, je reste quelques jours de plus afin de partager une nuit de contes avec les habitants, où se mêle les histoires d’ici et du Nigéria. Cette soirée me donne les larmes aux yeux et je m’endors difficilement en repensant à mon premier chez moi au Nigéria.