En sécurité

Récit imaginé par Aurore, Reine, Charles et facilité par Morgane Personnic dans le cadre de l’atelier futurs proches réalisé le 26 juin 2024 

Thème de l’atelier : Et si la France était neutre en carbone en 2050 dans le scénario 1 ?


L’alarme d’ Amal sonne 15h « atelier jardinage voisins ». Il enchaine les allers retours entre sa fenêtre et la porte d’entrée espérant que la pluie cesse.

« Eh bah dit donc, ça ressemble à ça avoir 50 ans en 2050? Vivre dans la banlieue de Dijon n’a jamais était aussi difficile que cet après midi là.

Et dire que la voisine avait organisé du jardinage collectif, nos plans tombent tous à l’eau avec ces pluies torrentielles »… pense-t-il.

Son esprit s’attarde sur les gouttes de la vitre, qu’ il regarde en transparence et s’évade de son logement de 40m2. Avec ces heures de travail réduites, et les habitations devenues communes : on vit le partage comme religion. Il pense à sa fille scolarisée à une dizaine de kilomètres de là. Justine s’habitue déjà à ce type d évènements climatiques extrêmes, Dans leur collège, ils apprennent comment on en est arrivés là, les conséquences du dérèglement climatique, les conséquences sur nos vies et sur la biodiversité. 

« Elle devrait déjà être revenue », réfléchit-il ; « depuis qu’elle sait qu’elle est ma fille adoptive, son envie de passer du temps avec moi à augmenter, et cela me surprend…Elle a une telle envie de changer le monde, de l’améliorer » se murmure-t-il en souriant .

Le temps défile, la pluie continue à frapper la vitre de la chambre sans discontinue. Des rigoles se forment près des fossés et l’eau déborde maintenant.

« Elle n’est pas revenue. Elle ne répond pas au téléphone » s’inquiète-t-il.

Amal lève les yeux vers l’antenne relai. Elle ne clignote plus.

« Je comprends mieux, il n’y a plus d’électricité du tout. Il faut que j’aille chercher Justine avec la voiture commune » énonce-t-il à voix basse.

Une fois arrivé à la borne commune, il se rend compte que la voiture n’est pas disponible. Déjà empruntée par un voisin, celui-ci n’est pas encore revenu. « Il est certainement bloqué sur la route, avec cette pluie qui n’en finit pas, à moins qu’il ne soit tombé en panne », pense-t-il.

La jauge indique un niveau d’énergie très limite.

« Merci les copains, le partage c’est bien, avec les bonne manières c’est encore mieux ». Il ira secourir le conducteur plus tard, mais il doit d’abord retrouver sa fille pour ôter le poids dans sa poitrine.

« Eh bien, il ne me reste plus que le pigeon voyageur », se dit-il en jetant un coup d’œil au pigeonnier. A une autre époque, il était certainement rempli, mais aujourd’hui les pigeons ne vont pas l’aider : il est vide. Reste les autres parents, et les camarades de Justine . Ils sont certainement rentrés avant l’orage , eux. Ils sauront peut-être où elle est. 

Amal se dirige vers le château, cherchant des informations auprès des autres parents. En panique, courant ici et là, il finit par retrouver sa fille, au milieu d’un groupe d’amies. Tout d’abord soulagé, il réalise qu’elle a séché l’école toute la journée ! Son inquiétude passée se transforme alors en reproches. Lui demandant des explications, il réalise sa méprise. Sa fille lui avoue préparer une action collective contre les mesures législatives de limitation de temps de streaming

– « J’aurais tellement voulu vivre à ton époque ! Au moins vous aviez des divertissements fun ! On en a marre de l’agroforesterie et de la permaculture ! »

Amal réalise alors devoir faire un « retour dans le passé » avec sa fille, lui expliquant les raisons qui ont alors conduit la collectivité à définir un certain nombre de mesures, qui ont permis d’éviter un effondrement plus difficile, du fait du dérèglement climatique et des ressources fossiles quasi épuisées. Justine réalise alors que sans doute fantasme-t-elle un passé irresponsable et range ses affiches en carton recyclé pour une autre occasion; peut être une pièce de théâtre sur la descente matérielle des années 35 …