une (re)connexion à la vie

Récit imaginé par Karine Le Flanchec, Kevin Gouey, Pierre Louis Vernhes et facilité par Lucien Schiltz  dans le cadre l’atelier futurs proches réalisé le 14 octobre 2021 en partenariat avec Génération Ecologie)

Thème de l’atelier:  Nous sommes le 3 novembre 2026. Depuis bientôt 5 ans, la France mène une politique décroissante planifiée, volontaire et salutaire. Et si nous imaginons le quotidien de citoyen.ne.s dans ce futur proche ? 


3 novembre 2026, 

Lara, permacultrice est bien installée depuis quelques années dans un petit village du sud de la France de près de 500 habitants, à une cinquantaine de kilomètres d’une grande métropole. Elle avait toujours aimé vivre en ville, c’est là qu’elle y avait grandit avec ses parents mais à dire vrai, elle ne connaissait pas grand chose d’autres en dehors de cet environnement urbain. Lara s’est toujours sentie différente des autres et si ce décalage a pu être une source d’incompréhensions et de conflits durant son enfance et son adolescence, elle a compris que la nature, ou l’univers comme elle aime à le dire, lui avait offert tout ce dont elle avait besoin pour être en harmonie avec elle-même et ce « nouveau monde en décroissance ». Décroissance,. C’est moche et mal compris. Elle préfère dire « La terre et le vivant ». Elle s’est immédiatement sentie raccordée à ce changement de paradigme impulsé par la France. Une évidence à partir du moment où elle s’est installée dans cette campagne, au centre de cette nature éblouissante. Vous me direz, elle n’est pas allée très loin ! Non, mais c’est là qu’est sa place, elle y a trouvé ses marques : elle aide et facilite l’installation d’autres personnes arrivant d’autres lieux, d’autres contrées, d’autres horizons qui ont des difficultés à appréhender ce nouveau monde. Lara a un don, elle sait accompagner les gens, les toucher au cœur. Mettre les mains dans la terre par la permaculture, c’est sa façon à elle de les aider à se reconnecter à eux-mêmes, simplement. 

Depuis dix jours, elle a accueilli un père, Paul et son ado de 12 ans, Louis. Leur déménagement n’a pas été pleinement choisi mais a résulté de la disparition de  l’emploi de Paul dans l’industrie pétrolière. Ils ont choisi de se faire accompagner par Lara, ayant entendu parler d’elle par d’anciens collègues qui ont réussis à s’adapter aux changements grâce à son accompagnement.

L’affaire est compliquée pour Paul qui a du mal à s’habituer à cette nouvelle situation et à adapter son mode de vie. Il se rend compte qu’ils ne vont plus pouvoir avoir les mêmes distractions et les mêmes consommations que ce qu’ils pouvaient avoir grâce à sa précédente activité. Alors que leur vie d’avant était rythmée par son emploi, très prenant, il se rend compte petit à petit, au contact de Lara, qu’il était en situation de dépendance à son activité professionnelle. Son inquiétude est aussi liée à Louis pour lequel il se demande quel va être son futur dans cet environnement avec une diversité des choix moindres. Sera t-il heureux ? 

Lara leur fait découvrir les valeurs de la décroissance – Franchement n’aurait-on pas pu choisir un autre terme plus plus stimulant et inspirant ??! Elle sait ce qu’elle doit faire, elle déconstruit les mythes et les croyances limitantes du modèle de croissance en douceur, prend le temps de l’écoute, des échanges, d’accueillir aussi les colères et les incompréhensions, incite Paul et Louis à observer leur environnement, se centrer sur l’instant présent, jardiner, cultiver, humer profondément cette terre. Cet accompagnement constitue l’une des valeurs clés de la permaculture. En même temps qu’ils défrichent le terrain, plantent fruits et légumes, ils s’adaptent à leur nouvel environnement, défrichent leur être intérieur et se reconnectent à eux-mêmes, à la vie.

Les semaines suivantes, alors qu’il travaillent à l’auto construction de leur habitation, les tensions s’apaisent. Louis a été beaucoup plus rapide à s’intégrer dans cette nouvelle vie sociale, avec en particulier sa socialisation avec les autres jeunes du village par les soirées, des jeux de rôle et la musique, surtout la musique qui leur offre de grandes sensations de plaisir, des moments de danses enjoués et de partage. Louis a très rapidement considéré que se déplacer en utilisant un vélo datant de 1975 était en réalité un must au delà de la réduction de la consommation – et de l’empreinte carbone – , un lien avec le passé, une transmission par les utilisateurs précédents de ce vélo. Oui parce que si la décroissance est une forme de sobriété, elle n’enlève pas la joie, le partage, l’humour, bien au contraire, elle y contribue. 
Louis a rapidement compris et assimilé les valeurs que Lara leur a permis de découvrir. Ils s’entendent à merveille, les voilà complétement alignés l’un à l’autre, on les est entend rire à longueur de journée ! 

En douceur, jour après jour, le mentoring et le coaching de Lara portent ses fruits, ils sont prêts à être récoltés, le temps que Louis passe avec son père lui permet d’établir une connexion avec lui qu’il n’avait jamais eu dans leur vie d’avant. Par cette relation, cet engagement si naturel et ce travail, Paul trouve progressivement sa place et un certain bien-être dans cette nouvelle vie. Il envisage plus sereinement de nouvelles voies et son futur de permaculteur, dans un village où la solidarité et le partage sont au cœur des valeurs de chacun. 

Pour Lara, cette adaptation de Paul et Louis sonne comme un succès.  Une consécration qui fait écho à sa mission  comme si cette vision du monde avait toujours été une évidence pour elle. Demain ou après demain, elle sait qu’elle accueillera de nouveaux visages, qu’ils seront certainement un peu fermés et que petit à petit, elle saura ouvrir leur cœur et les guider vers le renouveau.