Un nouveau vélo

Récit imaginé par Léonie Argoul, Clément Ortega et Melchior Mathé et facilité par Hélène Chesnel dans le cadre de l’atelier futurs proches réalisé le 4 octobre 2023 en partenariat avec l’ADEME

Thème de l’atelier : Et si la France était neutre en carbone en 2050 grâce aux coopérations territoriales (scénario 2) ? 


Bonjour à tous, je m’appelle Alin et je suis devant vous aujourd’hui pour raconter ce qui m’a amené à devenir conducteur de tramway.

Je vais dans un premier temps vous poser le contexte, en vous racontant ma vie en 2050. J’avais 9 ans, je vivais dans une habitation commune, dans Bordeaux, que ma famille partageait avec deux autres. Je passais la majorité de mon temps avec mon frère, mes deux sœurs et les enfants avec qui nous partagions les espaces communs. Nous faisions quasiment tout ensemble : du sport, des jeux, les devoirs… Mes parents rentraient souvent très tard le soir, car ils étaient très impliqués dans le comité de décisions du quartier. Je suis donc rapidement devenu autonome et, comme j’étais un enfant très sportif et hyperactif, j’avais constamment besoin de bouger. J’allais donc en vélo à l’école tous les jours, ce qui me permettait de me dépenser et d’avoir une certaine autonomie.

Un matin habituel, je pris mon vélo pour me rendre à l’école. Une fois arrivé là-bas, je ne l’attachai pas. J’aurais dû regarder la météo de ce jour… Durant la journée, le vent se levait petit à petit, jusque-là rien d’étonnant avec les récents changements climatiques. Il n’était pas possible d’y échapper, une tempête allait se déclencher. Ce qui devait arriver, arriva. L’école était adaptée à ce genre d’événement, donc je n’eus pas de problème dans la journée. Cependant, dès la fin d’après-midi, les complications arrivèrent. Mon vélo s’était envolé et cassé en morceaux avec la tempête. Heureusement, on était plusieurs enfants de l’école à habiter ensemble (en tout cas très proche). Ils m’aidèrent à récupérer les bouts de mon vélo pour pouvoir le réparer comme on nous l’avait appris à l’école. Comme on avait choisi le logement en fonction de la proximité avec l’école, je pus rentrer à pied même si c’était long. Une fois arrivé, il y avait beaucoup de monde à la cuisine commune, ce qui amplifia ma fatigue. Je décidai de ne pas réparer mon vélo ce jour-là, d’autant plus que les outils avaient été empruntés par mon voisin.

Les jours suivants la tempête furent fatigants. N’ayant plus mon vélo, je me suis retrouvé à prendre le tram, tous les matins, afin d’aller à l’école. J’aimais bien l’ambiance qui régnait dans les trams, les personnes étaient très bienveillantes avec moi, mais mon cœur n’y était pas. En effet, tous les soirs, en rentrant de l’école, je cherchais à assembler les pièces de vélo qui restaient avec celles trouvées dans les centre de recyclage. Heureusement, nos voisins m’aidaient beaucoup à tout assembler lorsque nous nous retrouvions tous dans les salles communes le soir, alors que mes parents, tous deux membres du comité de décision du quartier, qui s’occupaient de débattre et décider du futur de notre arrondissement, travaillaient. Ce travail acharné de réparation me fatiguait tellement que j’eus des mauvaises notes à l’école. Mais bon, c’était la règle : tant que ce n’est pas détruit, c’est réparable.

Au bout d’une semaine, le vélo était réparé. Comme personne ne jetait ses pièces de vélo, je pus facilement trouver ce dont j’avais besoin dans les commerces dédiés au recyclage avec le peu d’argent de poche que j’avais. Avec mes connaissances en mécanique et l’aide de mes voisins, mon vélo était comme neuf. Cependant, ma nouvelle routine matinale était restée : dorénavant, j’alternais entre aller à l’école en tram et en vélo. J’étais fasciné par ce long véhicule qui menait tellement de mes voisins, de mes amis jusqu’à leur travail ou leur école, en toute sécurité. Je m’étais fait plusieurs camarades de trajet, de tous âges, et commençais même à être cordial avec les chauffeurs, qui me reconnaissaient. Et puis, un jour, une chauffeuse m’a fait visiter sa cabine. C’est ce jour-là où je me suis décidé à devenir chauffeur de tram.