Un changement de vie inattendu

Récit imaginé par Léna, Romain et Zoé et facilité par Lauriane Pouliquen-Lardy dans le cadre l’atelier futurs proches réalisé le 4 octobre 2023 en partenariat avec l’ADEME

Thème de l’atelier :  Et si la France était neutre en carbone en 2050 dans le scénario 1, génération frugale ? 


Vous trouverez ici quelques extraits du journal intime de Solange Riviera, jeune Bordelaise d’une trentaine d’années travaillant dans les énergies renouvelables. Ses parents sont originaires du Jura, et elle ne les voit plus depuis longtemps.

Vendredi 09/09/2050, 8h00 : 

    Le réveil sonne, je me réveille doucement. Malgré la canicule inattendue qui sévit depuis hier matin, j’ai réussi à bien dormir. Heureusement que nos logements sont adaptés à ce type de climat. Je ne peux même pas imaginer comment les gens faisaient pour supporter cette chaleur sans les rénovations qui ont eu lieu peu avant ma naissance. Cela devait être insupportable.

    Après une matinée de télétravail, je me permets une petite pause en allant cueillir des tomates dans le jardin partagé du toit de l’immeuble afin de préparer mon repas. C’est vraiment très agréable d’avoir accès à des fruits et légumes frais même en plein centre-ville. Cela permet une autonomie alimentaire très localisée. Depuis la mise en place de ces jardins fin 2040 je n’ai jamais manqué de rien.

15h00 :

    Ça y est, j’ai enfin fini ma journée de travail, les 25h de travail par semaine sont un vrai plaisir, cela me permet de prendre du temps pour moi mais aussi pour la communauté : comme le jardin est partagé par tout l’immeuble, chaque famille doit à tour de rôle l’entretenir, et aujourd’hui c’est mon tour. Tout est fait à la main et sans pesticide bien sûr, cela fait plus de 20 ans qu’ils sont interdits. 

Après mon heure de jardinage, je rejoins une collègue qui habite près de chez moi afin de faire une petite balade en vélo. Malheureusement nous avons choisi le mauvais horaire : il est 18h00 et les employés qui sont de l’après-midi rentrent du travail. C’est la cacophonie : il y a des vélos partout ! Après avoir manqué de se faire écraser plusieurs fois, nous décidons de rentrer chez nous.

En arrivant dans l’entrée, je vois que ma mère à essayer de m’appeler de nombreuses fois sur mon portable.

21h00: 

    J’ai rappelé maman et on a passé un long moment au téléphone. Elle m’a annoncé que papa est parti, victime de la chaleur étouffante de ce début d’automne. J’ai beaucoup pleuré, et il m’a fallu beaucoup de temps et de courage pour écrire ces quelques mots. J’ai d’ores et déjà pris des billets de train pour la rejoindre demain, pour qu’on traverse cette épreuve ensemble. Heureusement qu’Antonin est chez son père.

        Certes, je ne les voyais plus souvent à cause de la distance et du peu de moyens de transport longue distance, mais ils ne m’avaient jamais paru affaiblis lors de nos traditionnels appels de Noël.

10/09/2050, 11H34:

    Je suis partie tôt ce matin d’abord avec un TGV jusqu’à Paris, puis un second TGV jusqu’à Dijon et enfin un TER jusqu’à Dole. Je revois pour la première fois depuis longtemps la nature du Jura et je ne peux m’empêcher de remarquer les différences avec le paysage urbain de Bordeaux.  Ici, tout est plus vert, plus grand, plus lumineux. Bordeaux a beau profiter de nombreuses innovations simples pour améliorer les conditions de vie, je ne peux m’empêcher de me demander si la vie n’aurait pas été plus agréable et plus simple en restant ici, mais la ville était si attrayante à l’époque !

    Lorsque je vois les gens travailler dans les immenses champs ici, à la force de leurs bras, je ne peux m’empêcher d’esquisser un petit sourire narquois en pensant à nos jardins collectifs sur le toit des immeubles.

    Je suis bientôt à la gare, maman devrait être sur le quai en train de m’attendre.

19H23:

    Papa sera enterré demain après-midi. J’ai beau être triste de son départ, je ne peux m’empêcher de remarquer qu’il a eu une vie plutôt agréable, les quotas paraissent plus doux à la campagne. Ici, ils profitent de l’auto-suffisance, de leurs champs et de leurs poulaillers pour se nourrir eux-même, se permettant quelques plaisirs empêchés par les limites de consommation imposées par le gouvernement.