Tempête de printemps en forêt

Récit imaginé par • Jean CHEVAL, Michel DEVILLERS et Laura PIRES TRAUB et facilité par Mathilde Guyard dans le cadre l’atelier futurs proches réalisé le 19 septembre à Châteauroux lors de la quatrième journée de la COP Centre Val de Loire.

Thème de l’atelier :  Et si en 2035 la voiture individuelle était devenue obsolète ?


Arthur est parti aux aurores en vélo, il voulait arriver tôt au magasin de Châteauroux pour préparer les nouvelles carrioles et vélos-carrosses qu’il a reçus dernièrement dans sa boutique. Comme tous les matins, je presse les enfants au petit-déjeuner. Depuis que l’école du hameau a été fermée en 2033, faire les 5km jusqu’à l’école prend toujours du temps : les enfants sont en trottinette, avec leurs gilets jaunes, je suis à vélo et on croise toutes les autres familles qui sortent, on discute sur le chemin, on récupère les enfants dont les parents sont déjà partis, etc. Un moment toujours joyeux mais « bordélique ». Heureusement que la mairie de Luant bloque les voies aux piétons et cyclistes entre 7h30 et 9h.

Une fois les enfants déposés, je me dépêche de rejoindre la place du marché, j’ai réservé une place dans une voiture partagée pour 8h30, direction Châteauroux. Je retrouve les habitués, Michel, Jean et Laura qui descendent aussi vers l’hôpital de Châteauroux pour aller travailler. La voiture est autonome, elle roule seule, évite les embouteillages et arrive sans problème en 20 minutes. Cela fait un mois qu’on attend l’eau, les arbres de la forêt du Poinçonnet sont bien secs déjà pour ce mois de Mai ! La journée file, consultation après consultation, mais j’ai quand même eu le temps de prendre le bus gratuit entre midi et deux pour aller déposer des vêtements au dépôt vente rue de la République ; et j’ai même pu laisser mon téléphone charger au soleil dans les nouveaux box installés par l’hôpital : ouf !

Le dernier patient, un petit asthmatique, est un passionné de la nature et du climat. On discute pendant que je lui fais les soins et je perds la notion du temps… Ça ne m’arrive jamais, mais avec tout ça j’ai oublié de réserver ma place dans une voiture pour le retour ! J’en trouve une in extremis : une place s’est libérée dans une voiture de personnes qui viennent de l’autre bout de la ville et passent devant l’hôpital. Coïncidence, j’y retrouve mon amie Marie. Je monte en vitesse, ça va être juste pour récupérer les enfants !

Sur le chemin du retour et malgré un ciel clément, je vois au loin un bel « Arcus », qui ne présage rien de bon. Je suis dans une belle voiture partagée, plus propre que celle de ce matin. Soudain, la route est barrée en raison d’un violent orage accompagné de gros grêlons. Nous devons nous dérouter en direction de Velles, qui n’est pas notre direction finale. A 3km de Velles, le véhicule s’immobilise. Plus d’énergie… J’appelle en catastrophe Arthur lui demandant d’aller chercher nos enfants à l’école. Malheureusement, il est lui-même bloqué au travail. Ils devront donc rester à l’école… Nous arrivons enfin à pied à Velles.

Mais, c’est la poisse, déjà 18h25 et la garderie ferme à 19h ! Je regarde sur mon appli, à travers la forêt, le GPS m’indique que le plus court trajet est à pied… 45 minutes. Avec cet orage, je demande à mon amie Marie ce qu’elle en pense… J’appelle Lucie, peut-être qu’elle peut venir nous chercher en voiture ? « Allô Lucie, coucou, c’est moi. Je suppose que tu as subi l’orage de grêle toi aussi – Nous, c’est la cata, on est tombés en panne en pleine forêt avant Velles. Tu peux me rappeler ? Pourrais-tu récupérer les enfants à la garderie et venir nous chercher ? Je suis avec Marie, on avance à pied. »

On regarde devant nous avec Marie, impressionnées par ces branches au milieu de la route ! Je me demande si la route n’est pas coupée… et je regrette de ne pas m’être habillée autrement. Avec mes tennis qui prennent l’eau, et cette robe légère… Vraiment il n’y a plus de saisons ! Un orage si intense après tant de semaines sans eau…

Et là, on voit un énorme torrent de boue venant du pré. Si seulement ce paysan avait décidé de remettre des haies le long de son champ ! Finalement, je décide de retirer mes chaussures blanches, un bain de boue pour les pieds, ça ne peut que me faire du bien… Voyons le côté positif !

En fin de compte, on est rentrés à pied… nus… Heureusement que j’ai toujours un habit de pluie dans le sac à dos. Maintenant, il faudra peut-être que j’amène des bottes pour la prochaine fois… mais je vais être chargée comme une mule !