Slow Marseille

Récit imaginé par Marie-Léa, Hugo, Marie-Laure et Flo et facilité par Christophe, Julie et Kristalna dans le cadre l’atelier futurs proches réalisé le 29/01/2022 en partenariat avec La Base Marseille et Festicités.

Thème de l’atelier:  « Poly-activité intermittente » : Nous sommes au début des années 2050. Chaque personne consacre son temps alternativement à l’entretien du vivant et d’autres activités productives ou de services. Et si nous imaginons le quotidien de citoyen.ne.s dans ce futur proche ? 


Après une nuit tout à fait normale, je me réveille avec le chant des oiseaux. Ma chambre baigne dans la lueur du soleil levant du 14eme arrondissement. C’est le premier jour du printemps. Je m’apprêtais à débuter ma séance de bien-être matinal lorsque mon téléphone se mit à sonner. C’était Thibaut, le belge venu chercher le soleil à Marseille. Il m’annonce que je suis sa marraine d’intégration. Je lui propose que nous passions la journée ensemble car j’ai le TEMPS. 

Sur la végéroute qui relie le massif de l’Etoile aux Calanques, je salue chaleureusement à la rastafari mon voisin Lucas et l’ainée Mamie Lucette avec laquelle il est en train de prendre le thé. Ici, les aînés sont intégrés et prennent part active à la vie de communauté. S’ils présentent des difficultés, ils ne sont pas laissés de côté : les jeunes leur rendent visite régulièrement pour maintenir le lien affectif. La journée s’annonce chaude mais la végétation luxuriante dont chacun prend le plus grand soin nous rafraichit. Je traverse la piste cyclable plurivoies et j’aperçois Thibaud, déjà en pleine discussion avec Gilbert, l’ornithologue pédagogue et charpentier. Après une visite du quartier, il est déjà l’heure de manger ! Dans notre quartier, chacun prend part à l’organisation des repas, de la production alimentaire à la préparation. 

Lors du repas dans la Cuisine Partagée, Gilbert me fait un commentaire : « Isa ! C’est pas possible ! La cuisine était dégueulasse ! Quand c’est ton jour de préparation de repas, il faut prendre en compte les suivants et nettoyer ! C’est chaque fois ! J’en ai ras le bol !!  » Je me sens stressée, humiliée, je ne sais pas quoi répondre et je pars donner mon cours sans un mot. 

J’arrive au nouveau pôle de pédagogie bien-être de Luminy où mes élèves m’attendent. Aujourd’hui j’ai prévu de travailler sur les expériences sensorielles et leurs influences sur nos émotions. J’invite mon filleul à participer au cours et je vois qu’il s’intègre de manière naturelle au groupe.  

Le cours terminé, nous enfourchons nos vélos et reprenons la végéroute en direction du 14ème plein nord. Nous croisons sur le chemin quelques marcassins chamailleurs et.un renard curieux de notre passage.

Nous nous donnons rendez-vous le soir-même pour l’agora mensuelle de présentation des nouveaux arrivants. Nous nous installons et dès le commencement des débats, l’incident qui a lieu avec Gilbert ce midi figure à l’ordre du jour. Je m’étonne de la manière dont il s’est adressé à moi durant les échanges dans la cuisine collective. Selon moi, cette communauté ne fonctionne pas ainsi. Gilbert réplique qu’il en a marre de ma désorganisation, que ce n’est plus possible et que ça ne correspond pas aux valeurs du collectif. Le filleul prend alors la parole après avoir été témoin de la scène. En tant qu’observateur et neutre dans la communauté, il indique que Gilbert a fait preuve d’agressivité et qu’il serait bon de promouvoir une communication non violente dans les conflits. De son côté, Isa promet de faire des efforts sur son organisation, elle connaît bien cette facette de sa personnalité. 

La communication est la clé d’une société saine et harmonieuse.