Simple et facile !

Récit imaginé par Bapteste Isabelle, Nguyen Thuy-An, Lenoble-Guillaume, Pourchet Anaïs et facilité par Vanessa Weck dans le cadre l’atelier futurs proches réalisé le 01 février 2023 en partenariat avec BELUGAMES. Photo de Jonathan Borda unsplash

Thème de l’atelier: Et si en 2050, on imaginait une société libérée des préjugés?

Je m’appelle Gummy et je suis un iel de 13 ans, au collège. Je suis quelqu’un d’assez détente, un ado à la cool comme on dit… Aujourd’hui, en 2050, la vie est libre. A l’instar de l’école libre, on choisit chaque mois les activités qui nous intéressent, nous interpellent.  Et aujourd’hui, 1er février, j’ai envie d’apprendre un nouveau truc… Après 5 modules consécutifs de créations de nouveaux types d’instruments de musique, j’ai décidé de m’initier à la cuisine pour ce mois ! Pourquoi ? Je ne saurai pas trop vous répondre. Une sorte de motivation profonde, d’envie soudaine, celle d’apprendre, de découvrir… Je suis au taquet. Tellement envie de partager un bon repas ce soir avec le plat que j’aurais préparé. Alors je suis allé.e chercher des couteaux bien aiguisés, j’ai choisi avec soin mon matos dans une boutique de cuisine spécialisée… Alors je me dirige vers ce lieu d’apprentissage. En plus, une aubaine, c’est à 2 pas de chez moi. J’adore le lieu qui est proposé, c’est dans un vieux moulin à eau à coté d’une forêt. Ces lieux divers et variés proposent chaque mois une thématique et accueillent des personnes de tout horizon. Seul point commun : leur intérêt pour le sujet du moment ! 

Ce module cuisine est tellement demandé que j’ai attendu 3 tirages au sort pour pouvoir être accueilli. La créativité, ça me connait et ça va être facile d’inventer des nouvelles recettes. J’adore les défis et j’ai l’ambition de créer une recette dès le premier jour. A mon arrivée, je ne suis pas déçu, je suis entouré d’une enfant de 6 ans, prodige des tiramisus, d’un papy né avant l’an 2000 qui ne jure que par les crêpes, une personne en combinaison fluo qui ressemble plus à un super-héroîne qu’à une chef. Mes cheveux violets sont tout à fait acceptés, certains ne les remarquent même pas, d’autres les valorisent. Je me sens bien, respecté dans ma singularité. 

Après une journée hyper investie à apprendre de nouvelles techniques que je n’avais pas imaginées, frustré de ne pas avoir réussi le tour de main nécessaire pour faire lever la pâte de son soufflé, je tombe sur ma chaise de dépit. Tous mes amies m’attendent chez moi pour déguster mon plat et je vais rentrer les mains vides, ses couteaux aiguisés qui n’auront servi à rien. sur le chemin de retour, je rencontre une blouse rouge, le le lobby du « simple & facile ». J’en croise souvent ces derniers temps, toujours affairés à la sortie des espaces d’apprentissage, toujours prêtes à vous filer un coup de main aux cheminants qui n’ont pas atteint les objectifs qu’iels s’étaient fixés. Jusqu’ici, je les avais toujours considérées avec indifférence. Toutes mes expériences et rencontres d’apprentissages avaient toujours été si riches, ressourçantes et apprenantes. Mais ce soir, je me surprends à m’arrêter et engager la conversation. La blouse rouge a du mal à cacher sa satisfaction et aussitôt me propose de boire un petit jus qui me requinquera. J’avale la boisson. En 5 minutes, le monde que j’ai toujours  à priori considéré dans toute sa complexité, son champs infini de possibles, se réduit à quelques idées simples. Je ne ressent plus du tout l’envie d’apprendre. Je n’aspire qu’à une chose, m’asseoir et faire ce qu’on me dit. Je regarde autour de moi et chaque regard que je croise ne reflète qu’une couleur, qu’une dimension : où sont passées les multiples facettes que je percevais jusque là chez chacun ? Étrange et en même temps si simple !!!! Si facile et immédiat ! C’est reposant.

Et en même temps, une sensation étrange et désagréable me tord le ventre.

Je vais aller voir Sojo, il est toujours là pour moi et de bon conseil.

En effet, Sojo est là, il est toujours là puisque sa maladie l’empêche de sortir de chez lui et en plus il ne voit pas.

-« Sojo, j’ai fait mon atelier cuisine et rien ne s’est passé comme prévu… toi qui es sage grâce à ton grand âge, peut-être pourrais-je voir à travers les yeux que tu n’as pas pour m’éclairer sur ce qui se passe en moi ? »

Je lui raconte à quel point je suis frustré de n’avoir pu prendre du plaisir à son atelier cuisine, alors que j’ avais préparé tous mes ustensiles…Et petit à petit, la requinquera commence à faire effet.. Alors Sojo me demande en quoi c’était si important pour moi que d’apprendre à cuisiner.  Je lui partage alors ce que j’ai sur le cœur : depuis tout petit, ce ce que j’aime dans la cuisine, c’est le fait que maman invite toujours tous les voisins, à faire les menus de la semaine. Et c’est en cuisinant que j’ai fait la connaissance de Sojo ; qu’elle a appris à découvrir le talent de chanteuse de Sojo qui faisait que les préparations se faisaient toujours en chantant. C’est ce chant partagé que j’aimais plus que tout.