Sacré lac !

Récit imaginé par Dagmara Zurek, Derek Salmon, Florian Lucas et facilité par Laetitia Vitaux et Cédric Liardet dans le cadre l’atelier futurs proches réalisé le 30 juillet 2023 lors du festival Décroissance.

Thème de l’atelier :  Et si, en 2033, on avait pris à bras le corps la question de l’eau ? 


J’ai cinquante ans mais je suis encore tout jeune ; mes copains vivent des milliers d’années. C’est vrai que moi je suis un lac artificiel on m’a créé pour gaver pour tout un village en électricité. C’était la belle vie. Les enfants du coin venaient jouer autour de moi. Y’avait des jets skis, des bateaux à moteur. C’était grisant toute cette activité. Ce bruit, ces cris. Bon, il y avait aussi l’essence et les déchets mais bon sang c’était la vie. Et puis tout a changé.

Réveil tôt, toujours la tête dans le brouillard mais c’est une habitude. Ce matin, je reprends conscience de mon corps. Ce n’est pas la forme, au moins on ne me prélève plus d’eau. Un peu de repos ne fait pas de mal. Les journées commencent à être longues, j’ai le temps de penser à mes douleurs. La fête et les lumières au loin me manquent. Je me fais bien chier en fait.

Sacrés décroissants.

Ah ben tiens, ils m’ont tellement sacralisé qu’ils n’osent même plus me toucher.

Bon, il faut dire que mon eau est un peu verte. Et que tous les poissons ont disparu. J’ai pas tout compris, mais il paraît que je suis tombé malade à cause d’une bactérie, et qu’il y a un traitement à faire, la phytoépuration.
Les seuls qui s’approchent plus près sont ceux qui viennent planter des roseaux tout autour.

Enfin, on décide de s’occuper de moi en venant à mon chevet. Sans eau de qualité le territoire se meurt.

Ce matin, un conseil des Sages se réunit sur mes rivages. J’ai retrouvé des nouvelles têtes, les familles du nouvel éco-quartier et tous ceux que j’avais connus autrefois. Ils ont pris un sacré coup de vieux ! L’ancien pêcheur, le maire, les conservateurs de la nature, les cultivateurs de chanvre…
Enfin ils m’ont compris. J’ai entendu parler de nouvelles missions pour moi. Réhydrater les sols, redonner vie à mes berges.

Ah, puis ils m’ont donné une personnalité juridique.

Mais ils ont pas pu s’empêcher de me laisser mon nom de merde.

Green lac.