Prune et le Pont Brisé : la Solidarité d’une communauté

Récit imaginé par par Julie DELAHAYE, Fabien HAMELIN, Marianne KERBRAT, Anaïs LAVENAIRE et facilité par Lauriane Pouliquen-Lardy dans le cadre de l’atelier futurs proches réalisé le 7 décembre 2023 en partenariat avec l’ADEME.

Thème de l’atelier : Et si la France était neutre en carbone en 2050, dans le scénario 1 ?


Nous sommes à Saint-Goustan, dans un quartier animé en bordure d’une ville côtière bretonne. Une perruche du nom de Prune habite ce quartier depuis maintenant quelques années. Elle avait migré il y a 10 ans en Bretagne, en suivant les nouveaux courants chauds.
Prune est loin d’être une perruche ordinaire, elle est dotée d’une intelligence exceptionnelle. Son point de vue omniscient sur le monde qui l’entoure la rend particulièrement curieuse et espiègle. Elle vole de maison en maison, embêtant les habitants avec ses commentaires insolites, tantôt survolant le marché du livre et de la carte postale, d’autres jours au festival de l’huître, elle est toujours en vadrouille et aime tout particulièrement faire le récit de ses journées pittoresques à ses compères, en apportant des objets.

A 10h, Prune décide de se dégourdir les ailes. Dehors, il fait chaud. Le port de pêche est plein activité, l’odeur de la mer est amplifiée par celle des algues qui sèchent au soleil. Le quai est vivant. Prune survole le marché selon son itinéraire favori, du fromager vers le fleuriste. Elle observe les vendeurs de légumes et de poissons, les bateaux électriques qui partent exporter du seigle, de l’avoine, de la toile et du beurre aux communes voisines. Dans ce sens la vue sur le fleuve est incroyable. Elle se pose alors quelques instants sur la promenade pour profiter du soleil et aperçoit le club des 5 nouvellement reformé. Prune va pour remonter dans les terres, comme à son habitude mais elle sent dans l’air que quelque chose de différent se produit. Une augmentation de la pression de l’air, l’eau se retire, loin, encore les effets climatiques qui s’intensifient.

Elle met alors le cap vers l’Ouest. En s’approchant du fleuve, elle remarque le courant particulièrement puissant et entend un éboulement. Le pont du quartier s’effondre dans le fleuve. Prune est aux premières loges de la destruction du pont. Bien que celui-ci soit fermé en prévision des travaux de réfection, sa chute n’avait pas été anticipée par la communauté. Très vite Prune aperçois des habitants se diriger vers la rive afin d’appréhender les dégats. Elle remarque que Léo, un jeune homme de 23 ans qui travaille dans la réhabilitation des carcasses de véhicules et qui est très impliqué dans le quartier auprès des adolescents, prend déjà les choses en main. La destruction du pont sème la confusion parmi les habitants. Heureusement, personne n’était sur le pont lors de l’éboulement. Les gens se retrouvent bloqués de part et d’autre du fleuve, incapables de se rendre à leur lieu de travail ou de rentrer chez eux. L’inquiétude grandit également en raison des débris du pont dérivant avec le courant, menaçant de causer des dommages en aval du fleuve.

Prune se rapproche du petit groupe et apprend que la priorité est de sécuriser la rive et de prévenir les villes en amont. Pour cela, des groupes de bénévoles se forment pour assurer la sécurité tandis que d’autres sont déployés pour prévenir et mettre en place des solutions provisoires. Léo et d’autres personnes mettent à disposition leur bateau pour faire passer les gens d’une rive à l’autre. Les abords du pont respirent l’entraide mise en place par les habitants et touristes présents sur place. Rapidement, ceux-ci se voient offrir des propositions d’hébergement ou d’itinéraires alternatifs. En suivant Léo, Prune apprend que le quartier est très autonome et que la perte de cet axe de passage est fâcheux, mais pas problématique sur le court terme. En effet, la ville est en grande partie auto-suffisante et a des ressources pour vivre normalement un temps.
Voyant chacun repartir, Prune décide de rentrer chez elle et a hâte de raconter cet évènement à ses ami.es. Elle ramène avec elle un bout de brique du pont brisé à l’occasion, comme témoin de son histoire. Prune et ses ami.es restent admiratifs de l’effet social que provoque la mise en commun des ressources et la localité : les gens sont plus soucieux des autres et solidaires. Cette mésaventure a permis de créer de belles initiatives et de tirer des enseignements durables pour plus tard. Le travail de groupe devient inné.