11 Mai Plus belle la pluie !
Récit imaginé par Agnes Graf , Pierre Lefèvre, Antonia Ruffin, et facilité par Lauriane Pouliquen-Lardy dans le cadre de l’atelier futurs proches réalisé le 11/05/2022.
Thème de l’atelier : Et si demain, une véritable résistance écologique renversait les pouvoirs en place pour sauver la planète ?
10h du mat. La chaleur est déjà très forte. Cela fait déjà 3 semaines qu’il n’a pas plu une goutte. Heureusement, les citernes ont bien été remplies lors de la dernière pluie. L’assemblé citoyenne est une étuve, sous une tente trop chauffée. Evidemment tout le monde n’est pas encore arrivé. Et on attend. on attend. Une demi heure déjà. Camille s’impatiente. Ca chuchote. « Qui anime la réunion déjà ? », « je sais pas », « depuis l’annulation des élections c’est le bordel de toute façon ». Mais personne ne se lance.
Camille se racle la gorge. Du haut de ses 12 ans elle peut affronter l’assemblée sans ciller. Même pas peur. Après tout le tirage au sort l’a désignée « Bon, on va pas attendre mille ans non. Commençons, les retardataires prendrons en cours de route, un volontaire pour scriber ? lance-t-elle agacée. « On a un gros sujet, le manque d’eau, allons-y ».
Des objections ? Personne ne bronche. Sophie se lève , je peux faire le compte rendu, j’étais secrétaire dans ma jeunesse. Camille invite les participant.es à un rapide tour d’entrée ou chacun.e donne son nom et dit en quelques mots comment il se sent. Elle entre ensuite dans le vif du sujet: « La sécheresse s’est installée. Nos réserves sont suffisantes mais si ça ne dure pas. Pas de quoi s’inquiéter pour le moment. Nos voisins n’ont aucune réserve. Il faut les aider sinon ils vont très vite être en souffrance.
Naïima, ancienne cadre d’une grande société du CAC 40. réagit du tac au tac. « Mais comment ça aider les quartiers voisins ? qu’ils se débrouillent ! J’ai suffisamment de problème. Naïma déverse sa colère, ses angoisses. Elle n’y voit plus clair. Les évènements ont été une vraie tornade dans sa vie. Elle avait une vie bien claire, bien rangée qu’elle avait érigée pas à pas. Son avenir était tracé jusqu’à l’assurance obsèques qu’elle avait prise.
D’autres personnes qui n’osaient pas aller à l’encontre de l’assemblée commencent à élever la voix et associent leur colère à celle de Naïma. Une révolte sourde commence. « Merde, c’est vrai. elle a raison « , « oh, qu’ils se démerdent, nous on s’est organisé, à eux de le faire »
« Mais on s’en fout de l’eau, ya plus de boulot, ya plus d’état »
« quand la destitution des pouvoirs a commencé on a tout de suite mis en place les citernes, tout le monde se foutait de nous, ben maintenant qui a eu raison ? »
« enfin on aurait pas à se poser ces questions si le président n’avait pas été destitué »
Camille se tait un moment. Et puis s’écrit d’une voix forte « mais enfin c’est pas le sujet ! Mes copains, mon demi frère… ont plus d’eau. Et même les arbres quand ils manquent d’eau se partagent le peu de ressources qu’ils ont. Et non fait quoi ? On se barricade pour que personne viennent nous voler notre eau ? Ou on se bouge pour que chacun en ait. Il est temps d’apprendre la sobriété et le partage »
Le rappel aux essentiels de Camille résonne dans les esprits comme un coup de tonnerre. Naima se dit « Mince, je viens de me faire remettre à ma place par une enfant de 12 ans ». D’autres adultes semblent penser la même chose. Ils sont sous le choc. Incapable de parler. Oui, des enfants, dans la ville d’a coté n’ont pas d’eau. Des enfants qui pourraient être les leurs. Des enfants amis des leurs d’ailleurs. Silence.
Une petite voix résonne alors de l’autre coté de la pièce. Celle d’un petit garçon. Et si on leur montrait comment fabriquer les citernes ? « bonne idée « lance un autre , mais ça ne résoudra pas leur problème d’eau. C’est maintenant qu’il leur faut de l’eau pas dans 10 ans ! s’exaspère-t-il. Les adultes se regardent en silence évitant les regards de leurs voisins. Bien sûr il faut se montrer solidaires et c’est vraiment pas chouette ces gamins d’â côté qu’on laisse se débrouiller. Mais si la sécheresse dure. comment ferons-nous ?
Le ciel s’assombrit et des gouttes d’eau commencent à tomber La chaleur s’apaise. L’assemblée est a nouveau silencieuse et des sourires se dessinent sur les visages.
Les citernes vont se remplir. Et pas besoin de s »écharper pour décider. Le ciel aura eu raison pour l’assemblée finalement. Pas besoin de décider. Pas besoin de s’engueuler. Pas besoin de s’assoiffer. On pourra partager de l’eau au quartier voisin. Et leur montrer comment construire des citernes.
Camille s’approche de Naima et lui prend la main. « et si on dansait » Naima sourit à son tour. Sa colère s’apaise. Elle rit sous la pluie avec l’enfant. frappant le sol de leur pieds.unies dans le souffle et le mouvement Elle semble exprimer une joie profonde. A moins que son rire ne trahisse une folie, une vie qui part à la dérive. Appartient-elle encore à ce monde qu’elle ne reconnait plus? .,… .et si la priorité était à présent le faire ensemble