Pauline et Thelma sont sur un bateau

Récit imaginé par Dina, Gissel, Louis, Maéva et Solenn, et facilité par Marie-Luce Storme, dans le cadre de l’atelier futurs proches réalisé le 13 octobre 2023, en partenariat avec Alternatiba à l’occasion du hackathon Lyon 2050.

Thème de l’atelier :  Et si demain il n’y avait plus de voiture à Lyon ?


Coucou maman,


Avec Pauline nous habitons toujours dans la Presqu’ïle où les transports fluviaux nous sont utiles pour les déplacements (transports) mais aussi pour la proximité des ressources (au vu des arrivages quotidiens). Pauline travaille toujours dans le conseil pour les voies fluviales et les trajets fluviaux. Moi, je suis toujours intéressée et impliquée dans le domaine de la biodiversité (t’inquiète, je revise pour le brevet à la fin de l’année ;)).
Nous sommes toujours bien à Lyon, d’autant plus que la ville est maintenant totalement libérée des contraintes liées au trafic routier (bruits, danger, pollution, …). Certes la ville est sobre, cependant, c’est compliqué pour nous de nous déplacer en dehors de la ville où les transports en commun ne sont pas assez développés.
D’ailleurs, nous avons eu une superbe discussion avec Pauline car elle a dû remplacer la capitaine et on a partagé cette expérience à deux, j’étais sa stagiaire :


Pauline – Pour tout te dire, quand la capitaine Martine de cette belle péniche, La Lionnerie, m’a appelée pour me demander de la remplacer pendant son congé maladie, je lui ai dit non. J’ai toujours travaillé dans des bureaux et l’idée de renoncer à ce confort ne m’avait jamais traversé l’esprit… Puis j’ai accepté. Une intuition peut-être, que ça me changerait.
Moi – Qu’est-ce que ça a changé ?
Pauline – Mon rapport à Lyon, à l’alimentation, au fleuve, à l’agriculture ! ça fait maintenant deux semaines qu’on se lève à 4h pour aller chercher en bateau les récoltes des producteurs en amont du fleuve, qu’on vit au rythme de l’eau, cadencé par nos étapes à chaque ville, jusqu’au débarcadère de Lyon. Merci d’avoir été ma super stagiaire 😉 C’était fort de partager ensemble l’envol du héron, la brume levante sur le Rhône, et aussi plus facile de gérer la distribution des produits frais aux marchands de Lyon, j’avoue.
Moi – Quant à moi, j’ai l’impression de connaître mieux ce qu’on mange, de mieux savoir d’où ça vient ! Et dire qu’à l’époque on acheminait notre nourriture depuis les 4 coins du monde grâce aux engins motorisés… Le monde a bien changé.


Au final, c’était une expérience assez unique pour nous deux. J’ai enfin pu voir de mes yeux tout ce système, ces bateaux qui tous les jours nourrissent notre ville. Depuis qu’on a abandonné les voitures, on a dû remettre en question tout ce qui nous paraissait évident. Ce qu’on mange ne tombe plus tout cuit dans nos assiettes, et finalement je pense que c’est tant mieux. Tout est plus lent. Le sac de grain produit en amont du fleuve peut mettre des semaines pour arriver en ville ! Mais ce rythme me semble bien plus naturel, plus humain. Loin d’être une contrainte, son lent voyage permet d’accorder une attention plus juste à notre nourriture.

Finalement, il suffisait de regarder vraiment le fleuve et de s’ancrer dans l’environnement pour s’apercevoir qu’on était bien mieux sans bagnole.