07 Mai Paris – Brest – Paris
Récit imaginé par Paula, Vincent et David et facilité par Elen dans le cadre de l’atelier futurs proches réalisé le 29 avril 2025 en partenariat avec l’ADEME
Photo de Eugene Chystiakov sur Unsplash
Thème de l’atelier : Et si la France était neutre en carbone en 2050 ? Récit ancré dans le scénario 2 de l’ADEME
– Salut tout le monde, alors je vous raconte le truc de fou qui se passe en ce moment dans ma vie! Cette nuit on a du quitter Paris avec mes parents et mon petit frère parce que comme vous le savez il fait 45°C depuis 10 jours et que mon père est malade et notre appart n’a pas encore été isolé, donc c’était trop dangereux pour lui. Bref. On a fait le sac et on a pris le train jusqu’à Brest avec un groupe de parisien·nes, où on nous a dit qu’on nous accueillerait. Je suis trop trop triste d’avoir quitté Paris, surtout qu’ici il pleut de ouf depuis qu’on est arrivé, on était en sandales et shorts, toutes nos affaires sont trempées.
– Donc pour vous expliquer, en arrivant à la gare c’est Camille qui est venu·e nous chercher à la gare, avec un vélo-cargo collectif. C’est la personne qui gère la rue dans laquelle on va habiter maintenant. Camille c’est notre « concierge de rue ». C’est ça son métier en fait! Iel est trop sympa! En arrivant il y a un petit groupe d’habitant·es de la rue qui étaient en train de discuter, qui nous ont accueillis dans un grand salon qui a l’air d’appartenir à tout le monde. Iels nous ont offert une boisson chaude du coin, trop bizarre, et quelques biscuits trop bons fabriqués par le boulanger de la rue, c’est celui qui fait le pain pour tout le monde tous les matins. On l’a pas vu encore parce qu’il parait qu’il se lève hyper tôt, il fait le pain et les viennoiseries, il met tout ça dans la salle commune et il se recouche, c’est ça son métier en fait!
– Camille a organisé une petite réunion avec toustes les personnes des différents représentants des maisons de la rue. Et comme dans chaque maison, il y a 4 ou 5 apparts, ben ça fait plein de monde! On s’est présenté, et Camille a fait un point avec les gens de l’atelier de réparation pour savoir ce qu’il leur restait comme affaires de pluie et comme meuble pour qu’on puisse s’installer ce soir. Apparemment demain, Camille nous emmènera dans la grande recyclerie, l’ancien Ikea, pour acheter quelques trucs qui nous manquent pour vivre, c’est à dire tout en fait!
– Ha oui au fait, pour l’instant on a pas vu notre logement, Camille dit qu’iel doit encore trouvé une solution mais bon si on est là c’est qu’il y a forcément un appart qui nous attend pour nous 4!
– Salut, cela fait maintenant 2 heures que nous sommes là, j’en ai marre de suivre Camille dans tous ces bâtiments. Iel est sympa Camille, mais bon on ne s’est toujours pas posé et puis, plus ça va, plus j’ai l’impression qu’il n’a rien à proposer en fait, style il nous ballade alors que nous on est en galère depuis 2 jours. Moi j’ai juste envie de me poser là, je comprends pas trop pourquoi il nous saoule à nous expliquer toutes ces règles, et à nous montrer tous ces endroits: les panneaux d’explication dans la cuisine, dans la buanderie. Non mais quoi ? il va falloir que j’étende son linge? Bref, j’en ai marre
– Et ben voilà, vous n’allez pas me croire, et ben en fait Camille iel n’a rien trouvé et du coup en fait on vient de nous dire que moi j’allais dormir avec Sabrina, une fille de 14 ans, dans sa chambre ! Et pendant ce temps là mon frère Paul lui il sera chez des voisins et mes parents seront en face. Et franchement c’est l’angoisse mais Camille cela n’a pas du tout l’air de le gêner de nous proposer cette solution merdique. Cela fait maintenant 3 heures qu’on est là et devines quoi on n’a toujours rien mangé
Salut, bon ben voilà ma « nouvelle » chambre. pas de trace de cette Sabrina… Et on n’a toujours pas mangé. Et puis l’appartement trop chelou, il y a un mini salon, même pas vu de cuisine, et encore moins de salle de projection holographique. En plus Paul ne répond même plus sur Snap et mes parents ne répondent pas non plus. Je suis toute seule, l’angoisse
– Délivraaaaaaaaaaaaaaaaance les amis, on a enfin à manger et truc de dingue on ne mange même pas dans l’appartement des parents de Sabrina car j’avais trop raison il n’y en a même pas, de cuisine. Sabrina et ses parents m’ont amenée dans une grande salle plutôt stylée, ok, avec une grande cuisine comme dans un restaurant, il y avait Paul et mes parents et pleins d’autres gens qui sont déjà en train de faire les larbins et la cuisine pour les autres ?!?! Bon ok Camille était là pour nous aider aussi avec la recette. D’ailleurs c’était plutôt bon la bouffe. Mais je m’ennuie. Paul ne me parle plus, il est tout le temps en train de discuter avec les autres, là ses nouveaux hôtes. Je ne comprends pas je l’ai quitté en pleurs et là il a l’air content. Ca me saoule…
– Help, une fois le repas fini Paul est reparti chez le voisin et on m’a renvoyé avec cette Sabrina de 14 ans et vous ne devinerez même pas…. Mes parents sont tranquillou restés à discuter dans la grande salle avec leurs nouveaux amis. Ils en ont rien à faire de moi. J’en ai trop maaaaarrre j’ai retrouvé ma chambre. Aidez moi je m’en fou trop si il fait chaud à Paris en fait. Perso je n’en peux plus de cet endroit et puis en plus il pleut non stop depuis qu’on est arrivé. Limite j’ai froid alors franchement la canicule je me demande si ce n’est pas mieux.
– Non mais je rêve Sabrina m’a proposé que je l’accompagne à un cours de que donne Camille pour apprendre l’espagnol. Moi je lui ai dit asta la ouais go. Elle croit quoi ? que je n’ai que ça à faire, moi, de traîner avec une gamine de 14 ans (alors que j’en ai 16) et apprendre l’espagnol ??? Nan mais porqué? Elle ne connaît même pas ChatGTranslate, la gamine. Venez me chercher !
– Whaaat ? Accrochez-vous, Camille me PRÊTE des vêtements parce qu’ici en fait tu n’as pas tes vêtements, on te les prête ! Et c’est clair qu’ils n’ont pas de DA. Regardez moi, je ne ressemble à rien maintenant ! C’est moche leur truc local : un imperméable made in Brest. Et tu sais ce que m’a dit Camille quand je lui ai fait remarquer que c’était trop moche : participer aux prochains ateliers de couture !!!! Non mais je ne suis pas Cosette. C’est fou Camille est toujours serein.e, iel répond à tout dans le calme, iel m’énerve un peu et pourtant cela me rassure qu’iel ait réponse à tout. Bref je sais pas.
– Bon, ben, ça nous avait bien stressés cette histoire de « y a plus de place ». Mais voilà, Camille a été super cool. C’est vraiment un super concierge de rue, il dégage une énorme sérénité ! En vrai, ça me plairait bien d’avoir un métier dans la médiation, comme lui.
– Je me souviens, quand on nous avait annoncé qu’il n’y avait plus de place pour qu’on puisse loger en famille et qu’on a compris qu’on allait être séparés, mon petit frère s’était mis à sangloter en s’accrochant à ma mère. Aujourd’hui, Camille nous a annoncé qu’on allait peut-être pouvoir être relogés en famille et j’ai bien senti que mon petit frère était pas si chaud: il a l’air de bien s’éclater dans la famille où il dort.
– Et puis, faut dire qu’on arrête pas de se voir au final : plein de repas sont pris en commun, il y a des chantiers collectifs plusieurs fois par semaine et puis les espaces partagés sont toujours accessibles. Je vous fais une petite visite avec la caméra : ici, c’est l’atelier vélo et au fond, dans la cour, vous avez l’espace de travail partagé. Et là c’est mon nouvel endroit, car Camille m’a demandé d’être la DA de l’atelier couture. Et regardez, voilà le nouveau modèle d’imper made in Brest design par moi ! On va en produire juste 15 #collectioncapsule.
– Salut tout le monde ! Aujourd’hui, la mairie de Paris a officiellement déclaré que la situation dans la capitale s’était rétablie, il y a même plein de logements qui ont déjà été isolés. Du coup, beaucoup de gens sont en train de se rediriger vers la capitale.
De notre côté, on a eu un petit « conseil en famille ». Mes parents hésitent pas mal entre rentrer et rester. Faut dire que ça fait déjà trois mois qu’on vit ici. On s’est bien acclimaté à Brest et à son climat pluvieux mais, surtout, à la chouette ambiance qui y règne. En vrai, on s’est beaucoup impliqué et attaché à la rue qui nous a accueillis. Bref, personne n’a vraiment envie de rentrer sur Paris. Y a plus qu’à croiser les doigts pour qu’un logement puisse se libérer au plus vite! Continuez à me suivre…