04 Sep Où vont les baleines ?
Récit imaginé par Lenka Svitek, Edouard Won Fat, Pascal Ravel et Jeremy Taute et facilité par Françoise Casta dans le cadre l’atelier futurs proches réalisé le 04 septembre 2024, Parcours CEC Pacifique.
Thème de l’atelier : « Et si en 2050, nous avions créé de nouvelles alliances avec le vivant ? »
Jeune Aito de 18 ans, Heimata vient d’être élu le plus jeune Tavana de Polynésie. Il est à la tête d’une communauté de 6 îles des Tuamotu.
Nous sommes en 2050, et les atolls sont toujours là, la montée du niveau des océans a cessé. C’est ce que se dit Heimata depuis la terrasse de son fare, au bord du lagon. Il observe le mouvement de deux baleines, qui plongent et s’amusent. Elles sont de retour depuis peu, et avec elles toute une biodiversité régénérée.
Il se sent tellement bien, connecté à cet écosystème composé des îles, de l’océan qui l’entourent. Le travail et l’engagement total des habitants mais aussi des experts venus d’au-delà des mers ont permis de transformer ces motus dispersés en un réseau équilibré permettant une approche systémique, donnant à la nature la possibilité de fournir par exemple de nouvelles essences de bois pour la fabrication de fare traditionnels ou ces nouvelles pirogues à voile en bourre de coco qui assure la connexion du réseau, mais aussi les fare pote qui assurent une alimentation locale et équilibrée à la communauté.
Il ne manquait de rien, la culture était bien ancrée, son avenir était tout tracé et les voies ne manquaient pas. C’était le cas pour tous les jeunes des îles. Ce modèle de société, basé sur l’écosystème naturel nécessité une diversité d’expertises et de talents qui permettaient à chacun de s’exprimer.
Et pourtant, pour inverser la courbe du changement climatique, il a fallu se recentrer localement, créer des communautés régionales, et petit à petit l’utilisation de l’avion a été bannie. Et Heimata regarde ces baleines, voyageuses sans frontières, et ce dit que lui aussi aimerait parcourir le monde.
Il sait aussi que depuis la fin des énergies fossiles, leurs moyens de déplacement ne permettent pas de couvrir facilement de grandes distances. Ses ancêtres étaient des explorateurs et ils n’avaient pas les connaissances d’aujourd’hui.
Parce qu’aujourd’hui c’était le jour du conseil des îles, et il allait mettre à l’ordre du jour ce projet fou de travailler sur de nouveaux moyens de déplacement. Il en avait déjà parlé avec les biomimétistes, ces sorciers des temps modernes, qui peuvent tirer de la nature des inspirations semblables à la magie. Les graines de certains arbres des îles qui se jouent de l’apesanteur pour repeupler à des milliers de kilomètres, les déplacements des poissons, la texture des peaux de requins parata, la capacité de jouer avec le vent des sternes grises, toutes ces techniques seront bientôt apprivoisées, et utilisées en harmonie avec la nature.
Pour faire comme ces baleines, devenir des citoyens régénératifs de ce monde.