Oh la vache!

Récit imaginé par Ombeline Le Bret, Romain Marten, Olivia Gloux, Bertrand Séné et facilité par Valdie Legrand lors de la soirée futurs proches consacrée au compte carbone, le 15 septembre 2020.


Bonjour Mesdames, Messieurs, Bienvenue à cette conférence de presse.Nous sommes le 15 octobre 2030 réunis au Parlement Européen à Bruxelles. 

Je vous présente les intervenants de la table ronde : M. Kévin Mulliez, PDG du groupe agroalimentaire Carrefour-Auchan, et M. Xavier Niel, journaliste, et la représentante de la permaculture, Mme Kar Otte. Nous nous retrouvons aujourd’hui pour échanger sur le référendum concernant la prise en compte de la viande dans le compte carbone.

Facilitatrice : M. Mulliez, pouvez-vous nous expliquer pourquoi vous avez convoqué cette conférence de presse ?
Kévin Mulliez : Nos rayons viande sont pris d’assaut. Les gens sont en manque de viande et de produits laitiers. La santé des enfants est mise en danger, notamment par manque de calcium et de protéines animales. Ce compte carbone est une catastrophe car pour réduire leurs émissions, les gens sont contraints de réduire fortement leur consommation de viande, qui émet énormément de méthane, qui est survalorisé dans le compte carbone par rapport au CO2. Il faut au minimum revoir le système de comptabilisation du carbone, voire l’abandonner.

Facilitatrice : Et vous, Mme Ott, quel est votre point de vue ?

Kar Otte: Monsieur Mulliez, vous vous mentez à vous même ! Vous savez très bien qu’on n’a pas besoin des produits issus des bovins. D’ailleurs, nous savons, Mr Mulliez, que votre famille a largement investi dans la production d’insectes. Les citoyens consommateurs vous ont incité, par leurs comportements, à vous transformer, et ce depuis les années 2020 : vente de produits en vrac, vente de vêtements d’occasion. C’est le moment de réagir ! Les ventes de produits d’origine animale, et en particulier le boeuf, ont drastiquement diminué grâce au comptage carbone. A quand l’exemplarité, les décisions fortes ?

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Facilitatrice : Comment résoudre cette contradiction ? M. Niel, vous avez réalisé une enquête de plusieurs mois sur les spécificités de la comptabilité carbone de la viande, quelles sont vos conclusions ?

Xavier Niel : Il s’agit d’un véritable système où tous les acteurs ont leurs intérêts à défendre. D’un côté, les agriculteurs veulent retrancher de leurs émissions la part liée à la méthanisation, d’autre part le Collectif des Parents Protecteurs souhaitent pouvoir acheter un lait à bas prix pour leurs enfants, et les syndicats de médecins soulignent l’intérêt crucial de l’apport en fer pour la bonne santé de toutes et tous. Mais les experts restent intangibles sur leur méthode de calcul ! L’ensemble des citoyens doit avoir accès à la santé de manière égale.

Faciltatrice : Oui, une citoyenne dans le public voudrait intervenir. On vous écoute madame

Citoyenne : Monsieur, vous parlez de retour à un comptage carbone arbitraire par des outils qui ne prennent pas en compte la plus-value que peut apporter un artisan sur son terrain. Pensez aux agriculteurs qui réutilisent la bouse de vache en engrais naturel et utilisent le méthane des rots pour créer de l’énergie. Nos déchets sont des ressources non négligeables qui se valorisent. Etes-vous réellement à même de prendre toutes les décisions à la place de ceux qui consomment ?

Facilitateur: Donc M. Mulliez, Mme Ott : que penseriez-vous de créer une plateforme participative pour que les citoyens eux-mêmes décident des nouvelles règles du compte carbone ?


A la tombée de la nuit, les représentants respectifs des différents secteurs d’activité se décident finalement à satisfaire les demandes des citoyens et créer la plateforme participative pour un compte carbone équitable « Oh la vache ».