Le Off des JO

Récit imaginé par Fanny AUGUSTIN, Clara ESCOFFIER, Marie-Laure BUSNEL et Adrien FABRE et facilité par Marie-Luce STORME dans le cadre de l’atelier futurs proches réalisé le 29 avril 2022, en partenariat avec Printemps écologique et Ouishare, dans le cadre des Rencontres de l’écologie et du travail, et portant sur le thème « produire », dans le contexte du scénario 1 de l’ADEME, « société frugale ».

Thème de l’atelier:  Et si demain, on organisait le travail pour faire face à la crise écologique et sociale ?  


« – Je vais vous raconter mon histoire, qui est liée à celle de cet arbre sous lequel nous sommes assis.

Regardez autour de vous comme cette forêt est pleine de vie, comme elle est si bien intégrée à la ville de Pantin… Figurez-vous que cela n’a pas toujours été le cas. Il y a trente ans, ce lieu était un parking ! Le temple du béton ! Jusqu’au jour où tout a basculé…

En 2022, l’ambiance était particulièrement tendue : les rapports alarmants sur un futur indésirable se multipliaient. Nous avions subi une pandémie mondiale, suivie d’une guerre qui avait laissé entrevoir de potentielles et multiples pénuries alimentaires, sans oublier les nombreuses menaces climatiques. Ce contexte faisait monter chez beaucoup de gens un sentiment d’urgence individuel et collectif.

Moi-même à ce moment-là, jeune maman, je me demandais comment créer un futur désirable pour mon enfant. J’étais également de plus en plus mal à l’aise dans mon travail. Depuis toute petite, j’étais fascinée par les arbres, et je sentais qu’ils jouaient un rôle important dans notre écosystème. J’avais donc naturellement décidé de devenir sylvicultrice. Or l’entreprise pour laquelle je travaillais avait pour objectif de produire le plus de bois possible, car à cette époque voyez vous, l’argent passait avant tout ! J’étais de plus en plus écœurée de voir ces arbres que j’avais plantés et aidés à grandir être tous abattus au nom du sacro-saint profit. Je m’étais alors renseignée sur les notions d’agroécologie, en développant petit à petit un réseau de professionnels intéressés par le sujet. Mais mon employeur n’était pas le moins du monde disposé à changer ses manières de travailler, ce qui me frustrait au plus haut point.

Et puis un beau jour, alors qu’on nous présentait encore les Jeux Olympiques de Paris 2024 comme une formidable opportunité économique, un groupe de citoyens franciliens décida de créer le Off des JO, qu’ils appelèrent les « Jeux du Bien Commun ». Ces jeux ne devaient pas être compétitifs, mais collaboratifs, avec pour double objectif de mener des actions en faveur de l’écologie du territoire, et de faire monter en compétence les participants grâce au partage de connaissances. Une association pantinoise convainquit le propriétaire d’un parking de céder le lieu afin qu’il soit transformé en un nouveau puits de carbone : une forêt urbaine. Le collectif fit appel à des experts pour participer au projet… et je sautais sur l’occasion ! Je devins la sylvicultrice responsable du projet, et mobilisait mon réseau pour former une équipe motivée et bien préparée à la création de cette forêt.

– Et alors Grand-mère, comment tout ça s’est fini ?

– Eh bien mes chers petits-enfants, figurez-vous que cela a été un succès, plus grand que nous l’avions rêvé ! Tout d’abord parce que nous avons réussi à créer cette forêt urbaine, et qu’elle est aujourd’hui en excellente santé. De plus nous avons réussi à faire en sorte que la population locale s’investisse dans la plantation des arbres et dans l’entretien de la forêt. Tous les voisins et les enfants des écoles du quartier ont participé ! 

Nous avons fait appel aux médias indépendants pour suivre avec nous cette grande aventure en parallèle des JO qui eux, évidemment, étaient sous le feu des projecteurs des médias traditionnels. Dans toute la France, hexagone, Corse et outre-mer, des Françaises et des Français nous ont suivis à travers ces médias, en ont retiré des idées et les ont répliquées sur leur territoire.

Mais là où c’était encore plus fort… C’est que les sportifs de tous les pays qui étaient venus pour les JO ont été témoins de ce que nous avions fait : notre forêt urbaine mais également tous les autres projets qui avaient émergé un peu partout en Ile-de-France. Ils emportèrent avec eux, dans leurs pays cette idée d’un autre futur possible, et c’est ainsi que le mouvement est devenu international…

Levez les yeux mes enfants ! Cet arbre qui nous écoute, c’est le premier que j’ai planté lors de ces jeux. Le premier d’un monde nouveau…

Et vous, ça vous tente de participer aux Jeux du Bien Commun ? »