Nous ne défendons pas la nature, nous sommes la nature qui se défend

Récit imaginé par Jeanne Durussel, Marc Grandgirard, Xavier, Marc Belloteau et Luisa Lacaille, lors de la soirée futurs proches consacrée à l’après-coronavirus, le 16 avril 2020.




« Nous ne défendons pas la nature, nous sommes la nature qui se défend »  (film documentaire historique réalisé en 2120)

Le film débute avec l’image d’une ville en pleine nature, une personne se réveille, se lève, sort cueillir une pomme sur l’arbre centenaire dans le verger qui borde son quartier et se rend au four collectif pour chercher des pains cuits au feu de bois par son voisin. Il va ensuite les distribuer à deux autres voisins. Les habitants se saluent. On entend des chants d’oiseaux, des enfants, des poules… Ces quatre amis réunis seront les narrateurs du film.

En 2120, une image telle que celle-ci vous paraît certainement normale et banale. Pourtant, la ville n’a pas toujours eu cette allure. Nous allons vous raconter l’histoire de l’arbre centenaire qui a vu le siècle passé se dérouler.

Mars 2020, le monde se confine. La moitié de la population mondiale est appelée à rester chez elle. Du jamais vu qui sera le point de départ d’un grand bouleversement…

A cette époque, les humains ont perdu tout contact avec la nature. Plusieurs siècles d’industrialisation ont laissé derrière eux un environnement ravagé mais aussi des âmes déchirées ! L’urbanisation grandissante a peu à peu coupé les liens entre les individus et leur écosystème.

Des mois de confinement, d’arrêt quasi total de l’économie, viennent bouleverser ce déséquilibre. L’industrie tourne au ralenti, les commerces sont fermés et toute activité jugée non essentielle est stoppée. Voilà 2 siècles de fuite en avant consumériste qui s’arrête brutalement ! Il n’y a rien à faire, rien à acheter, nulle part où aller… L’humain est voué à l’inactivité et confronté à son impuissance.

Dès lors, de nouvelles sonorités apparaissent au sein des villes. Des sonorités que nous ne connaissions plus. C’est ainsi que certains entendent pour la première fois le langage de ce qu’ils appelaient alors « la nature » et l’écoutent parler ! Ce langage, si longtemps tu par le brouhaha assourdissant de la vie d’alors, renait de ses cendres. Certains humains se déplacent même à pied et on les voit alors observer arbres, plantes ou insectes comme une mère regarde son enfant pour la première fois.

Photo by Fumiaki Hayashi on Unsplash

Mésanges, hirondelles, criquets, vent dans les arbres résonnent gaiement. Une première depuis bien longtemps !

Malheureusement, ses chants presque divins se transforment rapidement en cris d’alarmes. L’été qui suit est celui de la grande sécheresse et, dans le sillage des humains, beaucoup de végétaux et d’animaux meurent à leur tour.

Malgré cela, certains survivent, dont ce pommier planté par un petit groupe d’idéalistes du collectif « Futurs Proches ».

Les humains sont si fortement ébranlés par la crise du Covid-19 qu’ils décident de redéfinir en profondeur leur rapport au monde et particulièrement au monde non-humain. A l’image de cet arbre, des centaines, puis des milliers d’arbres sont plantés dans les villes et les campagnes par des collectifs citoyens, puis par les gouvernements de nombreux pays, à la suite de l’adoption de la Déclaration des Droits et Devoirs de tous les Etres Vivants, adoptée de manière universelle en 2042.

En 2080, les routes font place à la nature. Notre pommier, autrefois si proche du centre urbain et des grands immeubles de la ville, assiste peu à peu à l’arrivée de nouveaux voisins ! Chênes, fougères, sangliers, se sont réapproprient les lieux autour de lui. La nouvelle politique d’urbanisation porte ses fruits. La ville n’est plus construite autour des routes mais autour de la nature. Fini les grands axes routiers, les trottoirs bétonnés et les lignes droites d’asphaltes interminables.

Alors qu’aujourd’hui il nous parait normal de saluer et de tutoyer nos frères et sœurs les arbres, les oiseaux ou encore les coccinelles… Il y a encore quelques dizaine d’années, c’était loin d’être acquis. Comprenez que les êtres humains se voyaient comme « séparés » de notre nature et donc de leur nature. Certains écrits ont même révélé qu’ils appelaient cela « La nature » !

Le film se termine sur l’image de l’arbre centenaire planté après la réunion de Futurs proches du 16 avril 2020.Les narrateurs remercient leurs grands-parents et plantent un nouvel arbre pour l’avenir. Sur la pancarte située au pied de l’arbre centenaire, on voit que les noms inscrits sont ceux de leurs ancêtres présents à la réunion virtuelle Zoom de Futurs Proches (Jeanne et Xavier, Luisa, Marc et Marco)Les quatre narrateurs ne sont autres que les descendants directs de Jeanne et Xavier, Luisa, Marc et Marco, qui se sont retrouvés, habitants le même quartier en raison de la diminution des déplacements suite au confinement de 2020, et ont décidé de raconter l’histoire de leurs ancêtres, autour de l’arbre qui les a réunis

Capsule réalisée par Antonio Meza lors da la soirée du 16 avril, 2020. www.antoons.net