L’urgence de ralentir

Texte écrit par Loïc Marcé, humain, engagé dans l’Anthropocène, en quête d’impact et de sens, membre animateur de futurs proches, co-fondateur de l’Arbre des imaginaires, membre de la Freque du climat et Alternatiba.

Ralentir pour ne pas devenir fou

Toujours plus : de travail, de projets, de missions, d’objets, de relations, de réseau, de like, de tweets, de pub, de services, de simplicité d’utilisation, de raisons d’être, de promotions, d’opportunités, de voyages insolites au bout du monde, un pays de plus « fait », quelques jours 

Toujours plus : de bide, de cholestérol et de gras, de stress et de paillettes, d’angoisses et névroses, de psys et de psychoses, d’alcool et de couperoses, de pintes en pression et de nerfs en dépression, de bruits, de cris, de pollutions.

Toujours plus grands : le compte en banque, la voiture, la solitude, la perte de sens

Toujours plus hauts : la croissance, les flammes des incendies, les pollutions

Toujours plus loin : la technologie sans boussole, le progrès, l’empreinte de l’homme

Toujours plus…

Toujours moins : de liens, d’esprit critique, de curiosité réelle, d’attention soutenue, d’animaux sauvages, de papillons, d’insectes, de forêts, de glaces et de banquises…

Toujours plus fous

Hamster dans ma roue, si je m’arrête je tombe ? Si je ralentis, je perds la course ? Si je sors, la Terre s’arrête de tourner ? Si j’abandonne, on prend ma place ?

Sauter du train en marche, décider de sortir du jeu

Choisir, résister, agir

Ralentir pour devenir meilleur

M’ennuyer

regarder

contempler

Ne rien faire

Ne

Rien

Faire

« perdre » mon temps comme un pied de nez au système, comme un acte de résistance.

Ralentir ma consommation, requestionner mes besoins, comprendre qu’ils sont très peu matériels et infiniment plus émotionnels, sensibles, intimes. Moins de biens, plus de liens, quelle perspective enthousiasmante !

Retrouver le plaisir de prendre le temps de faire et de bien faire, mettre mon temps, mon énergie, mon amour dans ce qui me nourrit.

Gagner du temps, pour quoi faire ? Le temps c’est de l’argent, ah bon ? Gagner ma vie, quelle horrible expression ! Perdre sa vie à la gagner, pas question !

Chaque instant découvrir en moi ou hors de moi quelque chose d’inattendu, noter avec gourmandise mes déclics, mes prises de conscience, m’émerveiller d’une fleur, de la rosée du matin, d’un oiseau qui me fixe, d’une branche remuée par le vent, d’un coucher de soleil sublime… 

Chaque jour apprendre et remercier la vie de ce cadeau.

Être toujours à la bonne heure pour le bonheur.

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