L’école de la Conforesterie

Récit imaginé par Claire Zarnitsky, Aleksandra Cheuvreux et Bilal Jamai et facilité par Mathilde Guyard dans le cadre l’atelier futurs proches réalisé le 22 septembre à Paris lors du festival Anticipation.

Thème de l’atelier : «Et si en 2050, les forêts étaient un des piliers de la régénération du vivant ? »


Salut mon pote, 

J’ai trop de trucs à te raconter donc je te fais un vocal. Mon collège a fermé ! Je ne sais pas si tu t’en souviens mais le bahut avait été privatisé il y a 10 ans et comme on n’est plus assez nombreux, ils n’arrivent plus à trouver de financements. Léa, une ancienne prof qui a monté une Conforesterie il y a quelques années a proposé de faire l’école dehors ! Du coup c’est génial, on n’étudie plus du tout les mêmes choses et je ne peux plus m’endormir sur ma chaise ! Qu’il pleuve ou qu’il vente, je passe mes journées en forêt avec tous les élèves de l’école. Peu importe notre âge, on collabore et participe à la vie de la forêt.

Salut Yeli,

Ici bientôt mon école fermera comme toi. Je suis laissé sans solution, en cela ce qui se passe chez toi est pour moi un exemple. Tu vis, comme un rêve. Tu fais ce que peut provoquer l’imagination concrètement.      

Nous les élèves, on ne va pas abandonner. Non loin du village il y a une forêt et je crois que c’est notre chance pour refaire école comme toi et pour ça je vais me battre !

À la forêt souvent le vent balaie, il me touche je le sens, c’est comme si il me traverse, il me traverse oui avec un message dans une langue familière que je ne saurais plus parler comme si un jour j’avais su. Je suis avec elle la forêt avant d’aller à l’école et après l’école.

La forêt a chaque jour un nouveau visage, l’école à la forêt n’est chaque jour jamais la même. Les jours d’école sont si loin du commun des écoles en ville, l’ennui sans goût lui n’y est pas connu. La forêt est une institutrice, je la fais femme, c’est le propre de ma subjectivité.  A l’école de la conforesterie ce n’est pas tous les jours les mêmes horaires, la météo joue sur ce qu’on fera et quand on le fera, on décide de ce qu’on veut apprendre, les élèves et notre Léa.  Les élèves et elle sont comme des amis, on se tutoient, le vous existe aussi, c’est comme chacun est à l’aise. On se promène dans les forêts en classe, on fait très souvent cours en marchant. Lorsque la conforesterie à repris la forêt, elle l’a enrichie de plusieurs essences. La forêt est féérique, les arbres ont des fleurs de plusieurs couleurs je pense à des fleurs d’un bleu de lys qui à chaque fois que je les vois m’hypnotisent, sans que je ne les vois seulement à les imaginer je ressens la même sensation hypnotique. À l’école on n’a pas de devoirs mais des actions, on préfère dire, faire, que apprendre, on allie par exemple un geste à une réflexion, c’est pour ça aussi qu’on marche beaucoup. La forêt est un spectacle sonore, la faune est un grand orchestre, les mots dits dans des langues impénétrables sont les sons d’instruments, nous aussi on fait des sons ou des bruits, c’est aussi ça nous.