15 Mar Le voyage d’Armelle
Récit imaginé par Jean-Baptiste, Fourré, Pauline Francou, Clara Guillemin, Louise Bourgeois-Tanghe, Morgane Pomé et facilité par Lucien Schiltz Yannis Braleret dans le cadre l’atelier futurs proches réalisé le 15 mars 2021 en collaboration avec la Formation Climat.
Thème de l’atelier: La poly-activité intermittente.
Armelle se délecte de sa tisane de sapin en regardant le soleil se lever.
A la veille de ses soixante-dix ans, elle va réaliser son souhait : animer une formation pour transmettre sa passion et son savoir aux membres de sa communauté. Cela fait plus de trente ans qu’elle est passionnée par la menuiserie. Elle connaît les forêts des Alpes par cœur et les essences de bois du monde entier n’ont aucun secret pour elle. Chaque jour elle fait des allers-retours entre son chalet dans la montagne et son atelier dans la vallée, en chevauchant son vélo-cargo électrique. Désormais, elle veut perpétuer des connaissances précieuses et mieux partager son temps entre ses diverses activités. Elle passera plus de temps pour la communauté locale en participant à la décontamination des rivières et en cultivant les jardins communautaires. Elle qui adore le voyage elle aura du temps pour apprendre le swahili avec les nouvelles familles du village. Réciproquement, les jeunes et les moins jeunes du village, qu’ils soient infirmière ou infirmier, enseignante ou enseignant, électricienne ou électricien ou artisan textile, sauront désormais construire et réparer des meubles et maison en bois !
Un mardi pluvieux, Armelle a commencé sa passation et donne un cours de menuiserie dans son atelier. Alors qu’elle scie du bois à l’aide de la scie héritée de son père, la même scie qu’elle avait utilisée pour apprendre les maniements de la menuiserie, un imprévu la saisit. La scie se met d’un coup à crisser, à s’enrayer et déraille malencontreusement. Armelle perdue, ne comprend pas ce qui s’est passé. Effrayée, cette dernière essaye de retrouver son calme. Lors de l’accident, il semble qu’une des pièces métalliques se soit cassée. Armelle se demande encore sous le choc qui pourra venir l’aider. Qui aura les compétences nécessaires pour l’aider à réparer son précieux outil. L’idée de transmettre son savoir lui tient énormément à coeur.
Déçus, des apprenants présents s’en retournent au village dans la vallée et racontent la mésaventure d’Armelle. La nouvelle se propage, depuis leur village jusqu’aux villages voisins, et même plus lointains. Tous sont désolés pour Armelle, chacun aimerait pourtant l’aider. C’est ainsi que cette histoire arrive aux oreilles d’un couple de trentenaires, qui connait Armelle, l’ayant vu un jour lors d’un marché inter-villages. Le couple se dit alors qu’ils ont une vieille machine dans leur jardin. Une machine qui ne fonctionne plus. Ils décident de prendre les pièces qui sont encore bonnes sur cette vieille machine car ils ont à cœur de faire revivre les vieux objets.

Ils réussissent grâce au même bouche-à-oreille (Internet n’existe plus…), à faire savoir à Armelle qu’ils peuvent sans doute l’aider. Armelle met alors la pièce dans son vélo-cargo et se rend chez eux. Ce n’est pas si loin, 150 km, mais dans la montagne et à la seule force de ses jambes, c’est déjà beaucoup ! Elle réussit néanmoins grâce à l’aide des gens qu’elle rencontre sur son chemin, à les rejoindre chez eux. Ici aussi, elle se sent bien. Leur communauté n’a pas suivi exactement les mêmes principes que la sienne, mais cela fonctionne bien aussi. Parce qu’il y a cette bienveillance, cette envie de bien faire et de partager. Finalement, cette panne lui aura permis de sortir de ses nombreuses habitudes. Cela faisait trop longtemps qu’elle n’avait plus pris le temps d’échanger avec d’autres communautés.
Arrivée à la fin de quelques jours d’aventure, de voyage en vélo cargo, de belles connaissances et d’un long moment à réparer la machine, il est temps pour Armelle de penser à transmettre sa passion, ses connaissances et son atelier. Alors que personne dans les bois des Contamines ne souhaite s’aventurer à exercer un pareil métier, Armelle commence à se dire qu’enfin de compte, tout cela ne laissera pas forcément place à un futur pour son atelier de menuiserie. C’est alors que deux têtes plus ou moins connues apparaissent. Il s’agit du couple de trentenaires qui avaient offert les pièces quelques jours avant. Une grande discussion s’en suit sur le fait qu’après avoir entendu son histoire, ils se sont dit qu’ils pourraient être cette relève. Ils ont alors légué la maison où ils habitaient pour se rendre dans les bois. Après quelques temps de passation, de longues heures à manipuler les machines et le bois, il est temps pour elle de passer à autre chose.