22 Nov Le journal intime d’Utopia, 12 ans
Récit imaginé par Céline Zatorsky, Maryan Maupy, Sylvain Riffard et facilité par Delphine Bondran dans le cadre l’atelier futurs proches réalisé le 22 novembre 2024 dans le cadre du Mois de l’Innovation Publique en Bourgogne Franche-Comté
Thème de l’atelier : Et si en 2050, les restrictions énergétiques rythmaient nos vies et notre travail ?
21 juin 2050
Je m’appelle Utopia, j’ai douze ans, j’habite Dijon et ceci est mon journal intime.
J’en ai MARRE ! Mes papas ne me laissent jamais faire ce que je veux ! … Mais en fait je ne sais pas ce que j’veux, j’en ai trop marre !
Heureusement que j’ai mon chien adoré, Clé-de-douze.
Dans notre appart, il est sage, mais je le sors souvent nous promener dehors à vélo ou à pied. C’est chouette, y a de l’herbe partout. Il adore sentir par terre ou courir.
Mes papas cultivent du chanvre sur le toit du Palais des Congrès.
Je ne les vois pas assez, et quand je les vois, on se prend la tête à cause de mon orientation, j’sais pas quoi faire.
En bas de chez nous, y a un foyer d’accueil pour des enfants placés et des vieux.
Il y a dans l’immeuble une grand-mère que j’adore. Elle me comprend, elle !
Papa veut tout le temps que ce soit moi qui descende la cassette des chiottes pour la voiture, sinon, SOI-DISANT, il ne démarre pas pour aller au boulot le matin. Mais moi, je dis : c’est pas VRAI !
Heureusement, avec la grand-mère Jeannette d’en-bas, j’peux parler.
Dans l’immeuble, on partage toutes les tâches, mais c’est quand même moi qui dois tout le temps m’occuper de cette foutue cassette.
Bon, je vais aller promener Clé-de-douze, j’ai besoin d’air. J’en ai marre !
Même si papa dit tout le temps « On doit jouer collectif ». Des fois, moi j’en ai marre, je vois pas à quoi ça sert. Même au collège, ils sont à fond sur « le collectif, le collectif ».
On apprend à partager le matériel, les idées, tout ça. Ca j’aime bien, on discute, on dessine ensemble, tout ça. Mais à la maison, pour la cassette, c’est juste Papa qui décide.
A la rentrée il y a une journée de participation citoyenne, je ne sais pas ce que je vais faire… j’ai pas d’idées…
30 juin 2050
Ce matin je me suis levée tôt pour sortir Clé-de-douze, mon chien que j’aime trop.
Je l’ai emmené comme d’habitude dans l’espace collectif naturel et potager du quartier pour qu’il retrouve ses potes.
Mais après l’avoir d’abord emmené dans le réservoir des cassettes à caca qui permet d’alimenter la voiture de mes papas, il s’est détaché de sa laisse et il s’est échappé !
Alors j’ai couru derrière parce que j’ai vu dans la rue une vieille voiture thermique – BERK ! – qui pouvait l’écraser.
Et c’est là que j’ai vu un garçon – trop mignon – qui a réussi à le rattraper et le retenir. Je l’ai remercié et on a commencé à parler.
Il s’appelle Mathias et, en fait, il habite juste en bas de chez moi, dans le foyer !
En fait, il m’a expliqué qu’il est migrant climatique. Il vient de Bretagne et sa maison a été engloutie par la mer car elle était sur le trait de côte. Il m’avait l’air un peu triste et choqué et je me suis dit que je pouvais l’aider à bien vivre sa vie dans ma ville Nature et Puits de Carbone trop belle ! Ca peut être utile pour lui et je peux lui transmettre ce que je sais de cet environnement nouveau pour lui.
Et je suis sûre qu’il a aussi des choses à m’apprendre et à me faire connaître de sa vie d’avant, proche de la nature. Il me donne envie de découvrir la mer dont il parle souvent. Je sens qu’il est très attaché à elle, qu’il a un truc avec.
1er août 2050
C’est génial ! Avec Mathias, on s’est vus tous les jours !
Il a fait la connaissance de Jeannette, la voisine. Elle nous prépare des gâteaux avec le four solaire.
Hier, nous sommes allés faire ses courses, car elle s’est fait mal au dos.
Le vélo de Mathias était crevé et c’est Guillaume, un garçon de 3ème du collège, qui lui a montré comment le réparer.
Moi, je suis trop contente qu’il soit arrivé dans le quartier.
J’me sens utile et puis… hier il m’a dit qu’il était content de m’avoir rencontrée !
J’ai pas osé le regarder. J’ai rougi. La HONTE !
Et aussi, on a eu une idée. On va proposer un truc à toutes les classes du collège à la prochaine journée de participation citoyenne : c’est que chaque élève parraine un enfant migrant climatique.
Je suis sûre que tout le monde va être partant !
Et du coup, je crois que j’ai trouvé mon orientation !
Et fin août, Mathias et moi, on va aller en Bretagne à vélo avec ses parents découvrir la nature, la mer et rencontrer un druide. TROP BIEN !!!