Le carrefour des âmes

Récit imaginé par Sabine, Laura, Christelle, Laurent et facilité par Isabelle Guerry Buisine et Axelle Kiers dans le cadre de l’atelier futurs proches réalisé le 6 septembre 2024.

Thème de l’atelier:   Et si en 2050 le leadership régénératif était la norme dans les organisations ?


Je m’appelle Côme. Pas un Côme de glace mais Côme comme le lac où se sont rencontrés mes parents. J’ai 10 ans et nous sommes mercredi. Comme chaque mercredi je vais rejoindre mon Papa qui travaille pour une entreprise ouverte sur mon quartier. Pour le rejoindre, j’emprunte un barque en libre accès dans les canaux de Marcq-en-Baroeul. C ‘est chouette ces barques gratuites mises à disposition depuis que la ville a été envahie par les eaux en 2023. Depuis ces inondations, la ville a été entièrement reconstruite en replantant des milliers d’arbres et en recréant des liens entre les habitants .

Je rame vers l’entreprise de mon Papa.

Soudain, alors que je me laisse porter tranquillement par le courant, je me vois bloqué. Un arbre entrave le chemin. En travers du cours d’eau, il m’empêche complètement de passer et de poursuivre ma route. Il s’agit d’un vieux chêne probablement déraciné par la tempête qui a sévi la veille. Papa m’avait dit l’avant veille lors du dîner qu’il n’avait pas intégré les vents et la météo dans les réflexions stratégiques de leur projet. Or, la nature est désormais représentée systématiquement dans les réunions pour prendre la parole et arbitrer les débats, les soutenir aussi. Elle avait donc agi en réaction et déclenché une tempête. Je me rappelle alors de ce que j’ai appris lors d’une classe du vivant : il faut faire appel à l’intelligence collective et rester relié et connecté, à l’image de la nature, pour solutionner une problématique.

ELSA apparaît devant moi ;

ELSA, c’est ma toile connectée aux éléments ; une véritable mémoire vivante ; une matrice conscience reliée à mon écosystème, à la nature et aux humains. 

J’appose un signal et instantanément la communauté me répond. Trois adultes viennent m’aider à dégager l’arbre. C’est pas évident mais on s’encourage et on y parvient ensemble. Un des adultes est biologiste, il analyse la qualité de la terre pour repositionner l’arbre à l’endroit le plus approprié. On creuse un trou pour le replanter. Quand l’arbre est de nouveau relié, on prend un temps d’écoute, pour ressentir sa présence et sa place retrouvée dans la toile du vivant. C’est fou comme tout est relié. La nature m’apprend tant. S’enraciner pour pouvoir se déployer et grandir, prendre sa place.

En rentrant chez moi, je suis très heureux d’avoir contribué à réparer un petit bout de mon monde. Les liens tissés entre les habitants de la ville, mon père et la nature, représentés sur la toile par ELSA, m’ont permis de continuer mon chemin sur le canal, en pleine responsabilité et en confiance. Le carrefour de nos vies est omniprésent. Il nous permet de vivre dans l’écoute de la nature et des uns des autres.