La ruche

Récit imaginé par Simon, Alice, Pauline, les 2 Sophie et facilité par Isabelle Guerry Buisine et Axelle Kiers dans le cadre de l’atelier futurs proches réalisé le 6 septembre 2024.

Thème de l’atelier:   Et si en 2050 le leadership régénératif était la norme dans les organisations ?


Moi c’est Maya, J’adore ma vie !

Ça y est, je viens d’obtenir mon Bac avec mention très bien et j’intègre la faculté de mon 1er choix à la rentrée !

Je vais pouvoir prendre le temps de profiter de mes amis et de l’endroit superbe où je vis à Boulogne sur Mer, aller me baigner, courir, me balader en vélo au grand air.

J’en profiterai pour participer au ramassage des déchets organisé par l’association de mes parents quand la marée sera basse. 

Des séances de longe côte sont prévues chaque matin pendant les grandes vacances où j’ai bien l’intention de me défouler.

Raz de marée.

Oh mon dieu ! 

C’est effroyable. J’avais entendu parlé du réchauffement climatique, la montée du niveau de la mer était une préoccupation de nos élus, mais là… inimaginable ! Une gigantesque vague a envahi la totalité de la ville. Plus rien ne persiste. Tout est démoli par la puissance de la mer : la mairie, le Vieux Boulogne, les écoles… Je n’ai plus de logement, plus de fac, il ne me reste que mon vélo, qui m’a permis de m’échapper de justesse. 

Dire que je m’étais inscrite à Sciences Po. Je me sens complètement démunie ! 

Je veux agir, je ne veux pas vivre dans une société aussi dévastée. Je veux apporter mes bras, mes capacités au collectif pour continuer à vivre dignement. Je ne peux pas rester à Boulogne SOUS mer, même si mes parents n’ont pas voulu quitter leurs racines.

Mes amis ont quitté la ville pour se rendre à Lille. Cette ville, bien qu’envahie par les eaux est devenue une île. Il paraît que la vie est meilleure là-bas. Je vais donc choisir ce chemin. J’enfourche mon vélo, c’est parti.

A l’arrivée sur L’île de Lille, le contraste est saisissant avec l’ambiance que j’ai quittée il y a quelques heures à peine.

Il y a du vert, beaucoup de vert. Des bosquets de fleurs sauvages distillent ça et là des touches de couleurs, et ça bourdonne de partout. 

Je prends une grande inspiration. Je pose mon sac, à la recherche d’un endroit pour m’asseoir, quand j’aperçois une silhouette sous les lampions. Immobile, elle semble m’attendre.

A la fois hésitante et curieuse, je m’approche. Je distingue une femme d’une cinquantaine d’années, qui me sourit. Il se dégage de sa personne une sérénité que je n’avais encore jamais rencontrée auparavant.

– « Bonjour, jeune dame » me dit-elle.

– « Bonjour ».

-« Je m’appelle Serena. Je suis l’Accueilleuse du jour. Si tu le veux bien, je me propose de te faire visiter notre Ile. »

Serena me fait ainsi parcourir les différents quartiers tout en m’expliquant le fonctionnement et les rôles de chacun. Ici, on est libre de contribuer aux projets de notre choix : du maraîchage qui permet de nourrir la communauté, des ateliers de réparations, des médecins qui prennent soin du corps et de l’esprit… Il y en a pour tous les savoir-être et savoir-faire, à l’image d’une ruche. Et nos rôles peuvent évoluer, au fil de nos envies et des saisons.

La permaculture semble avoir débordé des frontières des jardins ! 

Ça bourdonne ….

Serena m’explique que Lille a été choisie pour un POC sur une gestion sociétale d’un nouveau genre, dans le cadre des accords de la Terre.

Je suis surprise par tant de différence, d’harmonie et de vie. Le temps ne semble pas être un problème, les gens ne sont ni pressés, ni fatigués. Chacun semble être à sa place. 

Hier en arrivant à mon poste, mon voisin « Gilles » me disait qu’il allait voler vers un autre département pour former de nouvelles recrues en « permaculture ». « Mais attention, on ne parle pas ici de jardin mais de l’homme, de son cycle de vie, ses affinités, ses besoins et leurs complémentarités…. ». Ses yeux pétillaient comme un enfant de 3 ans qui avait devant lui un seau, une pelle et un tas de sable. 

Boulogne sur mer c’était ma ville, ma vie. Après le ras de marée, l’île m’a accueillie moi et mon vélo, montré une nouvelle voie, en dehors de Science Po.

Je sais maintenant ! Je dois partager ce modèle de vie le plus largement possible, c’est ça que je veux faire ! 

Ce modèle de collaboration, sans hiérarchie, pour prendre soin des gens et de notre environnement, c’est la Ruche.