06 Oct La fuite, contre la fuite du temps
Récit imaginé par Eva Hintermann, Arnaud Vbb, Laure Gomita, Céline Bligle et facilité par Géraldine Huet. dans le cadre de l’atelier futurs proches réalisé le 6 octobre 2022 en partenariat avec le One Planet Lab, l’EPER, Objectif Terre et le Réseau transition suisse.
Thème de l’atelier : Et si nous redéfinissions la richesse ?
Je suis l’excuse favorite. Celle qui permet de justifier que jamais elle n’a fini son dessin, ou son livre, celle qu’elle adore utiliser pour rester chez elle, pour ne pas aller à la rencontre des autres.. Après il est vrai qu’elle court, toute la journée elle court, et elle court tellement qu’elle n’arrive plus à reprendre son souffle. Et pourtant elle aurait tellement besoin de le reprendre ce souffle. A force de courir, et ils et elles courent tous et toutes d’ailleurs, ils se divisent, ils se réfugient dans des leurres, consommation, accumulation, destruction. Et pourtant je n’existe pas. Moi, le temps, je ne suis qu’une illusion qu’ils et elles ont créé.
Comme ils et elles n’avaient le temps de rien, ils ont cherché à faire des calculs, à résoudre un problème dont , moi le temps, j’étais la variable principale. Ils ont rempli des tableaux excels, ils ont beaucoup modélisé, et ont proposé de développer un logiciel qui les aideraient à s’organiser. C’est comme ça qu’elle est née, Chronos, destinée à être leur coordinatrice, à l’origine pour leur dire quoi, quand et comment faire. Et puis, il y a eu le choc, l’énergie qui devient rare, le résultat de toutes ces années de courses effrénées après moi. Et il a fallu repenser Chronos.
Et Chronos est devenue l’intelligence artificielle qui permet de mettre en lien les personnes, elle est au service de l’humain; elle lui permet de s’instruire et de s’enrichir mutuellement. Et, moi le temps, je suis devenu la richesse de cette époque, pas celui de la production. Chacune et chacun a le loisir de s’adonner à des activités créatives et artistiques, à se cultiver, à s’entraider, à s’aimer.
Désormais je suis revenu à ma place, à celle d’élément de structure, rien de plus. Ils et elles ont repris possession de moi, moi qu’ils ont inventé. Alors bien sûr ils et elles se divisent toujours, aiment toujours autant les leurres. Mais maintenant, ils et elles ont la possibilité de partager, d’échanger, de passer des moments dans la nature. Et en me remettant à ma juste place, ils et elles commencent à se dire que finalement l’essentiel c’est que je reste à leur service.