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Récit imaginé par Corentin Biteau, Marie-Eve Cardinal, Lætitia Denans et facilité par Arnaud Rivet dans le cadre l’atelier futurs proches réalisé le 18 mars 2021. 

Thème de l’atelier: Et si nous imaginions une planète forestière ? Ou une forêt planétaire ? Et si des milliards d’arbres remplaçaient les espaces vides de nos villes, villages et campagnes ?: 



Altitude 1800 m
Je quitte enfin le confort de ma forêt de résineux. Fini les pins et mélèze, adieu sapins et épicéas, plus d’if ou de cyprès, ciao les cèdres et les thuyas. Ma décision est prise, je pars. Je le dois. Désir de connaître toujours davantage ou manque de défis du moment, urgence de savoir, recherche de nouveauté, je ne sais ce qui pèse le plus dans mon choix. Je suis interprète arboricole. Je sais trouver pour chaque humain son individu arbre. J’évalue tout : essence, variété, âge, santé, habitants secondaires et voisinage forestier à proximité, accès et distance de l’humain jumelé. Mais aujourd’hui, j’y vais, besoin et nécessité.

Photo by Zhenya on Unsplash

Altitude 1200 m
Mon « Manuel de biophilie moderne » en main, je cherche. Je souhaite trouver l’arbre idéal parmi les feuillus. Mais ce n’est pas facile. Ils sont si différents des conifères !  

Altitude – 800m
Cela fait plusieurs jours que je ne reconnais plus rien. En 12 ans, la forêt a eu le temps de changer du tout au tout. En plus, le type d’arbre diffère également de ceux auxquels je suis habituée. A cette période et altitude, les feuillus étincellent d’une couleur rouge. Je ne suis pas encore perdue, si j’en crois ma carte. Il y a trente ans, cette zone était couverte de champs de maïs, qui servaient à nourrir le bétail comme la moitié des champs de France. Il a été décidé de restaurer ces zones en forêts ou en prairies pour lutter contre le réchauffement climatique, et permettre à la biodiversité de se régénérer. C’était un gros problème à l’époque, parait-il. Mais ils ont écouté les scientifiques qui leurs disaient qu’il pouvaient gagner l’équivalent de plusieurs décennies d’émissions carbone en mangeant moins de viande et en transformant les terres en forêts. Enfin, aujourd’hui cela semble réglé, un souci de moins. Et c’est pour ça que nous avons tant d’arbres. Quelle beauté cette nature !

Altitude – 400m
Aujourd’hui, il pleut. J’ai du mal à me repérer. Mon arbre doit être dans cette direction, mais des fois, je doute. De temps en temps, je croise une route. Elles sont toujours désertées suite à la baisse des pétrole, qui a mis à l’arrêt les voitures. De toute façon, ça ne m’aiderait pas à trouver mon arbre. Y être transporté directement n’aurait aucune valeur sans effort de ma part. Je continue mes recherches. 

Absence de relief
L’eau coule lentement, comme si la gravité n’avait plus de prise. Tout est plus immobile. Même le vent semble s’écouler plus lentement. Un dernier saule, qui semble danser, peuple la plaine. C’est mon arbre.