Journal du n° 5 de la rue du lac

Récit imaginé par Laure Colin, Baptiste Pemptroit, Anne Trevisan et facilité par Christine Sausse dans le cadre de l’atelier futurs proches réalisé le 26 juin 2024

Thème de l’atelier : Et si la France était neutre en carbone en 2050 dans le scénario 2 ?


J’aime tant ça la fête, c’est le moment où moi, la pièce commune, je me sens le plus utile à la douce vie de la communauté qui m’habite. Elles sont 6 familles à se retrouver réguliérement chez moi . Il est presque minuit quand la fête de départ de Monique et Serge commence à toucher à sa fin. 20 ans qu’ils vivaient dans l’habitat partagé et qu’ils venaient aider aux repas hebdomadaires ressemblant tous les volontaires autour de ma grande table. Tout le monde s’amuse et se remémore les bons souvenirs, même Gilbert, le papi revêche du 3eme est resté jusqu’à la fin. Il est d’ailleurs inquiet et en resservant un verre de vin à la locataire du 1er, Adéma, il essaye de savoir  qui va occuper l’appartement du 2ème avec la vue sur le jardin partagé et au loin le lac d’Annecy. Je l’entends même qu’il lui chuchote « tu vas nous aider à trouver les bonnes personnes, hein? » 

Adéma est une pétillante jeune femme métisse que la profession de médiatrice amène parfois à être sollicitée dans un cadre amical, et qui n’aime pas particulièrement tenir ce rôle. Elle tente de rassurer le sexagénaire sur le mode de gouvernance de l’habitat qui a toujours permis de respecter les règles éthiques.  « Je vous assure Gilbert, rien n’a été décidé encore et la liste des candidats sera présentée ici même, dans 2 jours.  »   

Lors de l’énumération de la liste des candidats, je remarque tout d’un coup, Aline qui est prise de remords, car elle ne tenait pas sa promesse faite deux semaines plus tôt auprès de la famille qui campait juste à côté de la résidence. Je la revoie lancer au dépourvu « Et si nous accueillions plutôt la famille Baratier ». C’est alors la stupéfaction parmi les résidents, contraints de se réinterroger non seulement sur quelle famille intégrer au sein de l’immeuble mais également sur les adaptations nécessaires à y effectuer, ce qui avait été source de conflits il y a trois ans ans lors du départ à la retraite de Mme Jeannot, rentrée dans sa Bretagne natale. 

A cet instant , tout le monde se retourne vers Adéma, car elle est habituée à gérer ce genre de situations.  Adéma, accueille l’idée mais insiste pour que le choix soit collectif et corresponde aux valeurs qui constituent le socle du « Vivre ENSEMBLE à Annecy ». C’est ainsi que la contribution aux travaux collectifs, l’entretien des parties communes, la solidarité, … ressortent comme critères de sélection. Après une demi-heure d’échanges, la décision est prise à l’unanimité d’accueillir la famille Baratier et de moduler la résidence en conséquence. 

Eh bien, j’ai l’impression qu’ils ont réussi à s’entendre, je me sens soulagé. 

Cette famille Baratier, j’ai hate de la rencontrer.

On va pousser mes murs, et redistribuer les familles dans les appartements pour que chacun ait l’espace le plus cohérent par rapport à ses besoins. 

L’ado … qui revient désormais peu à la maison, va aller en colocation avec papi Gilbert. Papi Gilbert n’a pas l’air super emballé à l’idée d’être en coloc avec lui pour le moment. Mais c’est le jeux de l’habitat collectif et il se dit prêt à essayer. Moi, j’y crois, je les observe et je sais qu’ils ont des habitudes compatibles, ça va le faire.

La chambre de l’ado, elle est en train d’être reconnectée à la l’appartement de la famille Baratier pour leur faire plus d’espace.

Et Adema ! Elle peut vraiment être fière de ce qu’elle a réussi à apporter, elle a prit les choses en main, a réussi à être la plus neutre possible et à permettre une résolution collective. Chapeau, elle a pris confiance en elle et va pouvoir s’attaquer à des médiations encore plus difficiles et critiques.

Au final, je trouve que cette arrivée a finalement permit de me réaffirmer en tant qu’ambition collective et solidaire qui avait été un peu mise de côté pendant  quelques années !