Journal d’Antonin

Récit imaginé par Delphine Jamet, Eve Demange, Laurent Guillemin, et animé par Hermeline Sangouard, lors de l’atelier futurs proches pour la liste écologique Bordeaux Respire ! le 18 juin 2020.


14 mars 2032 – Demain on vote !

Mon petit-fils vient de sortir de la maison, comme c’est agréable! Oscar travaille à côté, dans l’entreprise de refit des bateaux à voiles et hydrogène. L’usine a ouvert, il y a 10 maintenant. Il a pu l’intégrer grâce à la politique d’insertion de la Ville. Un médiateur l’a sorti de ses problèmes et lui a proposé une formation sur ce chantier naval qui venait juste d’ouvrir. Depuis, il est heureux, s’est posé et a même décidé de se marier !

Cette usine a tout changé dans le quartier. Aujourd’hui, je vois de ma fenêtre les bateaux de pêche se construire. Ils travaillent directement avec les pêcheries qui se sont installées tout le long du fleuve. Du coup, il a fallu installer une glacière, juste derrière la cité du vin, pour conserver le poisson. Un peu plus loin, ils construisent aussi des voiliers équipés pour faire de longs trajets pour le transports des passagers et des marchandises. Du coup, l’alose et la lamproie bordelaises sont devenues des produits courants pour la région. Il y a même de nouveau des esturgeons et des crevettes grises pour l’apéro! C’est magnifique en plus ces engins qui avancent sans un bruit grâce au vent et au soleil ! Et puis ça fait travailler du monde ! Du coup, il y a de nouveaux pleins de petits restos et de guinguettes. Le quartier revit, de jour comme de nuit. Quel bonheur, cela me permet de voir Oscar tous les jours, il vient prendre son café quotidien. Je lui prépare les petits gâteaux de son enfance. Il est toujours aussi gourmand. Hier, il m’a dit : Mémé Inès, « je ne raterais ce moment pour rien au monde. Mes collègues se régalent et m’envient d’avoir mémé à côté et qui me fait des gâteaux bios et locaux ». Et, oui non seulement, il bosse mais en plus il fait attention à sa façon de manger. Il y a 10 ans c’était du n’importe quoi, aujourd’hui il prend soin de lui, il fait donc attention à ces détails. Il s’est même inscrit pour avoir une parcelle dans les jardins familiaux d’à côté le long du Fleuve. Des pontons flottants ont été rajoutés pour agrandir les parcelles. Le Parc aux Angéliques est devenu très touristique. Tout le monde vient voir ces parcelles et les angéliques de l’Estuaire, ces merveilleuses fleurs sont partout au printemps. Comme quoi on a bien fait de les protéger. C’est un peu agaçant, ces touristes. Parfois, on ne se sent plus chez soi, mais quand je pense à autrefois et la réputation du quartier, je me dis que c’est une bonne chose. D’ailleurs, Isabelle ma petite fille a créé une guinguette au milieu du parc comestible et elle gagne bien sa vie, la bougresse ! ça lui permet de n’ouvrir que d’Avril à Novembre. L’hiver, elle travaille sur ses œuvres d’art. Elle s’est associée au garage moderne, qui a été rénové. C’est devenu un LAC comme ils disent, un Lieu des Arts et des Cultures. C’était déjà formidable avant, mais là c’est devenu un lieu incontournable du quartier, les plus grands artistes bordelais sont exposés, les concerts et les bals musettes font salle comble. Même moi, j’y vais pour regarder tout ce petit monde.

A plus de 80 ans, je n’aurais jamais pensé écrire ça un jour, mais ces écologistes, ils nous ont quand même changé la vie ! Quand ils ont commencé à nous parler de ce marché flottant à Bacalan, personne n’y croyait. A l’époque en 2020, on avait plutôt l’habitude de voir d’immenses paquebots déverser leurs flots de touristes sur la rive gauche. Les épiceries locales occupent maintenant tout l’espace le long du quai Lawton. Je me rappelle la première fois que j’y suis allée avec ma dernière petite-fille Julie. Elle n’avait que 7 ans à l’époque et mes oreilles fonctionnaient encore assez pour me permettre d’entendre le bruit des conversations d’un bateau à l’autre, la joie des retrouvailles, les conducteurs qui haranguaient les passants en montrant le contenu de leurs paniers gorgés de victuailles. J’ai tout de suite eu le coup de foudre pour ces marchés flottants ! Finalement, j’ai trouvé ça très moderne. Maintenant, je ne sais pas comment on pourrait revenir à ces vieux supermarchés tristes remplis de néons des années 2000. C’est tellement mieux ! Chaque matin, les bateaux arrivent de toute la région, à voiles pour la plupart et ou plus rarement solaires. Ils viennent vendre la production des maraîchers bio installés le long du fleuve, des bouteilles de vin, des poissons. Avec le réchauffement climatique, on trouve maintenant des espèces qui remontent depuis les mers du sud et que les pêcheurs ramènent d’Arcachon. Les habitants du quartier viennent chaque matin le long des quais pour acheter les fruits de la saison, des légumes et des plats préparés directement à bord par les petits producteurs qui arrivent de toute la région. Ça embaume dans tout le quartier, c’est irrésistible ! On a envie de tout goûter, Il est devenu rare de trouver de la viande. Mais moi qui avait l’habitude d’en manger tant petite, ça ne me manque pas du tout car les jeunes de maintenant, ils ont des idées de plats incroyables avec les champignons et les épices qui poussent dans les grands potagers partagés de la Benauge et sur les toits du marché des capucins. Le dimanche après-midi; j’aime regarder la jeune génération s’entrainer aux sports nautiques. Régates et avirons tournoient sur ma belle Garonne. Et maintenant que je ne peux plus me déplacer comme avant, faire du vélo est devenu difficile, c’est avec plaisir que je me balade sur le fleuve. Je sors de chez moi et je monte dans une navette qui m’emmène n’importe où en ville. Je vais au théâtre, chez le médecin ou boire un café aux Capucins. C’est drôlement pratique quand même! Et tellement beau de se déplacer sur l’eau, par tous les temps… La nuit, l’énergie des hydroliennes éclaire les façades du port de la Lune et le pont de pierre.

Demain, on vote. Encore. Cela doit bien faire ma dixième élection pour le maire de Bordeaux. Au fil du temps, les femmes ont remplacé les hommes en tant qu’élues, mais les idées restent tout de même souvent les mêmes. L’ancien maire Pierre Hurmic soutient fortement Lucile Robert aujourd’hui tête de liste. Oscar me tance pour arrêter de voter au centre depuis des années. « Voter au centre, c’est comme voter pour personne, tu te prononces pas et tu feras jamais changer les choses ». Il a peut-être raison. Après tout, ces douze dernières années ont apporté leur lot de changement. Rien que pour le fleuve. Allez, on n’est jamais trop vieux pour changer et ma voix compte tout autant que les plus jeunes. Cette fois, je vote pour les écologistes!… Je vais aller motiver Henry (Inès) qui roupille.

Le journal d'Antonin, 14 Mars 2032. Une lecture dessinée home made avec le fleuve, les marchés flottants, Sybille, Pablo, Didier Arnaud, Eve Gabrielle Demange, Delphine Jamet, Pascale Roux et Team #BordeauxRespire 💚🍉

Gepostet von Mam Mauger am Freitag, 26. Juni 2020
Tags: