J’ai perdu mon aire – La nouvelle aire de Calvin

Récit imaginé par Agathe Loret, Gustavo Andres Hymon, Marie-Hélène Pillot, Isabelle et facilité par Elodie dans le cadre l’atelier futurs proches réalisé le 23/04/2021 en collaboration avec le Social Up, la plateforme d’innovation de l’Hospice Général

Thème de l’atelier: Et si nous imaginions ensemble, un espace créateur de communs pour un mieux vivre ensemble sur nos territoires ? 


Je retourne de ma bien maigre chasse quotidienne. Du Salève au Jura en passant par cette vaste étendue d’eau truffée de ces sales mouettes bruyantes, je connais le chemin par cœur après 15 ans ! J’arrive sur Cologny et cherche un chêne, mon chêne. Mais….Où est mon aire ? elle a disparu ! Mon arbre-maison ! L’unique rescapé de la bétonisation n’est plus là ! Maudits humains ! Je l’avais pressenti il y a un moment en voyant arriver des engins bruyants et effrayants. Ils appellent ça des « bulldozers » et des « grues ». Sérieusement une grue ça ne ressemble pas à ça ! C’est majestueux – comme moi, mais en un peu plus fragile. Ces engins annonçaient l’apparition future d’une immense villa avec piscine. Du haut d’une de leur « grue », je scrute les environs en quête d’une nouvelle aire : rien qui ressemble à un nid douillet! Je décide de survoler la ville, de longer le lac pour retrouver les platanes du champ de béton qu’ils appellent Plainpalais. Mais les platanes ont disparus ! Je reprends de l’altitude. Mon œil est attiré par un gros objet orange …. et des arbres ! De la végétation partout ! Quel est ce lieu ? Je plonge pour y voir de plus prêt !

Au fur et à mesure de mes battements d’ailes je découvre un tout nouveau lieu complètement différent, atypique par rapport à mon nid douillet de Cologny. Le Pâquis, qui d’après mes « ex-amis » habitants huppés est un quartier peu fréquentable rempli de personnes de tous horizons, qui parlent beaucoup et fort et avec beaucoup trop de nature qui rend les espaces boueux dès qu’il pleut. Bref la campagne !! Mais là en survolant cet espace je suis bluffé, c’est magnifique, je n’avais pas vu un espace aussi luxuriant de beauté de verdure. Les bâtiments sont totalement différents, beaucoup moins haut, lumineux, très vitrés et laissent passer la lumière. Il paraitrait que ce serait la célèbre et investie architecte Olga qui a dessiné ce lieu. Un espace co-working avec pour intention de regrouper différentes populations exerçant des corps de métiers divers : des menuisiers, des maraichers, des dessinateurs industriels, des urbanistes, un espace traiteur cuisine du monde, etc. et elle l’a relié à l’école primaire via un espace partagé, une sorte de grand parc qui sert de passerelle. Cet espace est également connecté à la maison des anciens qui partagent leurs savoir, savoir-faire, savoir être et l’histoire du quartiers et de leurs origines diverses (culturelle et professionnelle). Ce parc central est également ouvert sur l’extérieur qui contribuent au développement et gestion du lieux. En bref, tout le monde se mélange et y met la main à la pâte ! Complètement l’inverse de Cologny ou les mélanges, faut pas exagérer, c’est pas possible, on préfère le chacun chez soi. Les mélanges, quelle drôle d’idée !!

Bon, je commence à fatiguer, il faut que je me trouve un coin pour me poser quelques minutes. Mais où, tous les bâtiments sont bas… moi j’ai besoin de voir loin !! Enfin, un grand arbre en vue, entouré de verdure. Je me pose et suis de suite interpellé par un groupe de personnes en train de discuter juste en dessous et assis en cercle, avec des enfants et des personnes plus âgées. Qu’est ce que cette nouvelle pratique ? une secte ? Ils se transmettent une sorte de bâton et quand l’un d’eux l’a en main, il parle. Celui qui à l’air d’animer cet échange semble s’appeler Roberto. J’ai déjà entendu parler de lui car il débarque régulièrement à la mairie, en jogging pour taper du point sur la table et demander plus de soutien, d’aide pour la jeunesse. Il est éducateur de rue, et passe son temps avec les jeunes pour les sortir de la violence, de la drogue, du décrochage scolaire… des problématiques que les habitants de Coligny ne connaissent, leurs enfants sont bien éduqués ! Et oui, à Coligny, les enfants ne passent pas leur temps dans les rues, ils sont soit à l’école, soit au conservatoire de musique, soit au tennis, soit sur les pistes !!

Revenons à ce qu’ils se disent. Un petit garçon prend la parole et explique ses questionnements sur son avenir. Il partage ses réflexions, interrogations sur son hésitation pour son stage de CM2. Il souhaite devenir architecte comme Olga et continuer d’œuvrer à créer des lieux comme celui-ci, mais ne sait pas où faire son stage et surtout, il a peur que ses notes l’en empêchent. Après plusieurs prises de parole, il semblerait qu’une voie se dessine pour lui. Jeanne, habitante de la maison des anciens lui propose de l’aider pour ses devoirs et Omar le menuisier lui propose de venir découvrir le dessin et le travail du bois. Roberto est très satisfait de ses échanges inter-populations car cela permet vraiment d’ouvrir les possibles pour ces jeunes en détresse. Ici, ils l’appellent le tisseur de liens.

Maintenant que j’ai repris des forces, tout cela me donne envie d’aller faire une petite rétrospective sur les changements que j’ai vécu à Genève pendant mes dernières 29 années. Je survole la ville et échange avec les passants, je pose pas mal de questions…. comment la ville a évolué ? pourquoi les enfants n’ont plus de places de jeu en plein air mais dans des petit igloos? Pourquoi le transport a lieu seulement sur le lac et plus sur terre?, pourquoi la fameuse Grande Genève est désormais sans frontières? . Je suis persuadé que tous ses changements ont une partie positive et une partie négative, je trouve que les gens se donnent plus de temps pour se rencontrer (n’oublions pas que la pandémie COVID 43) a confiné les personnes pendant 3 ans et actuellement il faut absolument profiter de la pleine nature… Je m »interroge aussi sur ses nouveaux points itinérants un peu partout dans la ville, ou les gens se réunissent, et discutent sereinement pendant plusieurs heures autour d’une idée, J’adore la partie intergénérationnelle de ces espaces, car enfants, adultes et retraités échangent autour de sujets tels que l’habitat sur le lac Léman, les ballades dans des prototypes de voitures volantes ou bien le tri de voitures électriques proposé par la ville. Par contre je m’interpelle sur l’avenir de Genève, maintenant que les partis politiques sont tous réunis sur un même slogan « Genève ville aux vertus vertes », je suis rassuré et je commence gentiment à comprendre que les enjeux liées à l’écologie font finalement du sens pour les habitants de Genève .

Je me sens l’aise avec cette population ! Finalement je décide de m’installer dans le quartier de Pâquis, la mixité, le bruit et l’odeur me font vraiment du bien!


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