George et la colporteuse d’histoires

Récit imaginé par Anouck Dargent, Chloé Cheulin et Alain Dumas et facilité par Angélique Zettor dans le cadre l’atelier futurs proches réalisé le 06 juillet 2022 en partenariat avec Plastic Odyssey.

Thème de l’atelier:  Et si en 2038, la France apprenait à vivre sans plastique ? 


Georges avala son petit déjeuner, s’empressa de mettre son tee-shirt, et cria à sa maman « maman, je descends, elle va arriver ! »  Elle lui répondit « D’accord, à tout à l’heure !  » George dévala les escaliers et ouvrit la porte qui donnait sur la rue. II prit à gauche et marcha. C’était un beau matin de printemps, mais à Marseille, en Mai, il faisait déjà très chaud. Les violettes étaient parsemées de ci de là sur l’herbe qui avait remplacé le bitume. Georges salua une dame qui jouait de la harpe sur l’herbe. II arriva au kiosque des colporteurs, marcha à droite, à gauche, regarda au loin si elle arrivait. Tout en faisant les 100 pas, il se demandait « Alors à quoi ça pouvait servir ce drôle de tissu en plastique ? peut-être que ça servait de drap ! ou bien de serviette ! de mouchoirs ? noooonn ! quand même….. »‘Au bout d’un moment il aperçut la silhouette d’Aurélia, il cria « Aurélia ! Aurélia ! » Elle lui fit signe puis accéléra son pas et ils s’enlacèrent.. ……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….

« Enfin, tu es de retour !! Ça fait 3 mois que je t’attends, mais ça y est tu es revenue, pile à l’heure !  

« Raconte-moi tout, raconte-moi ton voyage, et surtout, raconte-moi : qu’est-ce que c’était que ce morceau de tissu transparent et mystérieux ».
Aurélia emmena George aux pieds de la mini-forêt à côté de la fontaine. Ils s’assirent dans l’herbe, et Aurélia commença à raconter son voyage. 

Elle raconta le long périple, à pied et à cheval, le départ de Marseille, les rencontres, le passage de villes en villes qui la menèrent jusqu’en Espagne. 

« Vois-tu, je suis partie avec ce tissu, sans savoir où aller. Arrivée à Perpignan, les habitants m’ont donné le nom de ce mystérieux tissu : c’est une bâche. Ils ne savaient pas me donner plus d’informations sur son utilisation mais me conseillèrent de partir pour l’Espagne, ce que je fis. C’est en Andalousie, dans le sud de l’Espagne, que j’ai trouvé les réponses. Là, j’ai rencontré des hommes et des femmes qui avaient autrefois cultivé la terre et travaillé dans l’agriculture pour nourrir l’Europe entière. Ils m’expliquèrent qu’à l’époque, on envoyait les fruits et légumes dans le monde entier au lieu de les cultiver dans le quartier, comme nous le faisons maintenant/. Ils me racontèrent aussi que ces bâches servaient à faire pousser des tomates en hiver, que les gens qui faisaient pousser ces légumes étaient exploités, qu’ils ne gagnaient pas assez d’argent pour vivre dignement, et qu’ils étaient globalement tous malheureu.se.s.  Alors voilà ! mon petit Georges tu sais à quoi servait cette drôle de chose. ».

Ainsi, après trois mois d’absence, Aurélia venait de tout expliquer à Georges. Elle venait de lui conter l’histoire de cet objet qu’il avait trouvé, dans quel but il avait été fabriqué, pour quelle utilisation. George restait muet un moment. Cette histoire ce n’était pas celle qu’il s’était imaginé, ce n’était pas ce à quoi il avait pensé pour cet objet si mystérieux à ses yeux. Cette bâche plastique. Même le nom ne sonnait plus si mystérieux, si mystique, si brillant maintenant. Au contraire, cette bâche plastique résonnait désormais de façon agressive, étouffante, obstruant son esprit. Une expression de dégoût s’afficha sur son visage en imaginant tout ce qui s’était passé lorsque l’on fabriquait encore cette matière : le plastique.  Alors doucement, en sortant de ses pensées, il leva son regard vers celui d’Aurélia, la regarda de nouveau, et lui dit : « C’était nul avant, on est quand même bien plus heureu.se.s maintenant sans tout ce plastique ».