Je ne vois plus vos pieds

Récit imaginé par Anna, Matthieu, Guillermo MONTANO, Zachary SAÏDI et facilité par Marie-Luce STORME dans le cadre de l’atelier d’écriture collective futurs proches, organisé en partenariat avec le Département du Territoire de l’État de Genève, au 3DD, Genève, le 07/07/2022.

Thème de l’atelier :  Et si demain, la participation citoyenne bousculait le territoire du Grand Genève ?  


Au quartier du Lac, en 2050, la convivialité et la collégialité font partie du quotidien. Composé de bâtiments à cheval entre le lac et la terre ferme, l’architecture biophilique de ce quartier offre un cadre idéal à la qualité de vie de Raymond, Fanny, Georges et Yvette. Tous les quatre sont membres actifs dans la cellule participative qui veille au bien-être et à la qualité de vie des habitants.

Raymond est à la retraite. Il est bourru mais a un grand cœur. Georges, son fils, vit encore avec lui et il est parfois assujetti à des crises de colère violentes. Il est passionné de mathématiques. Fanny, quant à elle, a trois enfants. Elle les amène chaque matin à l’école avant de rejoindre le foyer éducatif dans lequel elle travaille. Tous les jours, elle croise Yvette, une voisine qui l’a longtemps dépanné en gardant ses enfants. Cette dernière, ancienne institutrice, est toujours très active, et ce malgré ses 90 ans.

Au milieu du printemps, après une journée paisible et chaude, le ciel se couvre soudainement en début de soirée. Des nuages menaçants assombrissent l’horizon. Puis, une tempête éclate violemment. Pluie, vent, le sol commence à bouger, les volets claquent. Les immeubles se mettent à trembler.  Le lac s’agite et devient hostile. Sous l’eau, des explosions dégageant de la lumière augmentent l’effet des vagues énormes qui déferlent et viennent se fracasser sur le quartier et endommagent les fondations des immeubles.

À force, une partie du quartier se détache et part à la dérive. Aucune infrastructure ne fonctionne et viennent se rajouter au désastre des montées de détritus toxiques d’origine industrielle. La tension monte et la panique est générale.

Dans tout ce qui reste du quartier, l’alarme participative d’urgence retentit. C’est bien la seule chose qui fonctionne encore. Au début, c’est le chacun pour soi qui règne. Mais rapidement, le sens de la solidarité, ébranlée par cette catastrophe, reprend le dessus. Nos protagonistes réussissent à se rassembler et à contribuer au succès des mesures d’inter-sécurité nécessaires à la protection de l’ensemble de la population. Ouf, les rescapés, aînés et enfants sont maintenant à l’abri.

La nuit finit par passer, le jour se lève et le lac s’est calmé. Il ne reste que les déchets industriels qui flottent à la surface de l’eau. Tous les habitants prennent alors conscience de la raison de la catastrophe. Bien plus que la tempête, ce sont les déchets du passé qui ont causé leurs malheurs.

La collectivité prend alors conscience qu’elle ne doit pas uniquement participer à la création de l’avenir et du présent mais également à la réparation du passé.