Des vacances connectées

Récit imaginé par Elisabeth Daurenjou Douls, Jeanne Saintilan, Simon Reckford, Marvin Dupuis et facilité par Vanessa Weck dans le cadre de l’atelier futurs proches réalisé le 18 novembre 2021 en partenariat avec Génération Ecologie.

Thème de l’atelier : Nous sommes le 3 novembre 2026. Depuis bientôt 5 ans, la France mène une politique décroissante planifiée, volontaire et salutaire. Et si nous imaginions le quotidien de citoyen·ne·s dans ce futur proche ? 

Photo by Jessica Rockowitz on Unsplash


Nos vacances étaient planifiées et puis est arrivée la nouvelle : Maman a perdu son travail. Elle travaillait dans le secteur des énergies fossiles. Son salaire était nécessaire pour ramener l’argent dans la famille. Ça a été un choc. Nous avons décidé de faire nos vacances de Toussaint quand même. Avec un petit changement de plan : nous avons sauté dans le TER en partance de Paris le moins cher et le plus pourri. Heureusement que les trains sont nombreux depuis quelques années. 

Jour 1
On débarque dans une petite gare de la Sologne autour de 12h, le départ du chemin est juste à côté. Il pleut, c’est le début du périple à pied. J’ai récupéré les chaussures de ma cousine qui datent d’il y a 5 ans, de la qualité mais… pas au top de la mode, j’espère au moins ne croiser personne dans cet endroit…
Très vite, je me sens finalement dans mon élément sur ce chemin. C’est pas si ringard ce qu’on apprend à l’école en fait ! C’est donc à ça que servent les cours d’écologie ! Je reconnais les végétaux, les oiseaux… Bon au moins, je ne m’ennuie pas.
Faut dire que les smartphones sont devenus hors de prix et que les parents ont décidé de ne pas prendre le leur pour le voyage… faut s’occuper sans internet !

Jour 2
On croise d’autres marcheurs, ils ont jeté leurs déchets plastiques sur le bord du sentier, des réfractaires ! Ca ne les empêche pas d’être sympas, on ramasse les déchets et discute des impacts avec eux, on finit par faire un bout de chemin ensemble. Plus tard, on rencontre des riverains qui nous proposent de nous héberger. C’est chaud de dormir dehors en ce moment avec la réintroduction du loup… Parfois je ne comprends pas ces décisions. Les riverains vivent dans un éco-village. Ils ont une vie sobre (moins d’électricité, faut aller vite sous la douche si on veut pas finir à l’eau froide !) et sont solidaires entre eux. Ils vivent au plus proche de la nature mais les règles des zones rurales ne sont pas les mêmes qu’en ville. Je découvre de petites automobiles, alors que cela a été proscrit chez nous.

Jour 7
Les éco-villageois nous ont chaleureusement partagé leur quotidien. Après le diner bio pris tous ensemble, s’est déroulé sous nos yeux curieux un conseil hebdomadaire pour trancher les litiges et délibérer sur les sujets du moment : accueil de stagiaires agricoles, événements culturels et garde des enfants. Ces vacances étaient décidément atypiques au regard de ce que j’ai connu, et pourtant j’ai le sentiment qu’elles pourraient bien devenir notre nouvelle routine. Avant de partir, je prendrai le contact d’Arthur, le maraîcher. Car j’aimerais en être, moi, de ses stagiaires, au printemps prochain. Après tout, l’année de 3eme est importante pour l’orientation, et « crise » et « opportunité » ont la même traduction en chinois, m’a dit un jour un prof.