25 Déc Daniel, l’esprit de Noël
Imaginez…
Nous sommes en 2027. La France est définitivement entrée dans une longue et radieuse période de sobriété, faire mieux avec moins, seule à même de répondre aux enjeux écologiques et sociaux de notre siècle. Au contraire des positions dogmatiques du début du 21eme siècle, elle a déconstruit les récits alors dominants et s’est inventé de nouvelles célébrations.
Et si nous imaginions la sobriété dans la joie des célébrations de fin d’année ? À quoi ressembleraient les contes populaires de Noël dans une société sobre ? Que nous offrerions-nous ? Comment célébrerions-nous ensemble, en famille, entre amis ? Quels enchantements racontés pour petits et grands seraient fédérateurs et porteurs de sobriété ? Répondre de manière profonde et durable aux défis écologiques et sociaux passe aussi par l’émergence d’imaginaires porteurs d’avenir. En partenariat avec La Fabrique des récits, c’est ce que nous avons proposé aux participants de cet atelier d’écriture collaborative en les invitant à co-créer des récits de futurs désirables sur le thème de la sobriété durant les fêtes de fin d’année.
Récit imaginé par Matthieu Cheminal, Sendo et Laure Blanchard et facilité par Lucas von Thümen dans le cadre l’atelier Futurs Proches réalisé le 8 novembre 2022 en partenariat avec La fabrique des récits.
Daniel rentrait une fois de plus dans ce supermarché. La pluie tambourinait la taule encore enneigée au rythme des battements de son cœur. Chaque année c’était pareil. C’était reparti pour un tour de cadeaux ratés, une nouvelle fois à côté de la plaque. Esseulé dans les rayons, Daniel s’éteignait à petit feu face à l’ampleur de la tâche. Il se voyait déjà rater ses cadeaux et dépensait un temps inutile. Translucide, Daniel se voyait sa flamme s’éteindre comme la vulgaire enseigne de ce supermarché. Il déambulait, désespéré, à la recherche du cadeau idéal. Vite dans 4h le magasin fermait, il lui fallait une idée. Moi qui s’était toujours trompé, cette année il s’était juré de trouver le cadeau parfait. Au détour du rayon bricolage, une petite fille au sourire lumineux, s’aperçut de sa présence et l’interpella : ”mhhhh que tu sens bon la cannelle, comment tu t’appelles ? » ”Moi je suis Daniel, l’esprit de Noël, je suis à la recherche du cadeau parfait » . ”Moi aussi Daniel, je souhaite faire un cadeau à ma maman. Je veux le fabriquer de mes mains, peux-tu m’aider ? Je n’ai pas d’idée, aucune inspiration ».
L’esprit de noël répondit à la petite fille : ”écoute ton cœur et tu sauras quoi faire, pense à l’amour que tu ressens, il te guidera, écoutes toi, toujours, les solutions sont en toi ». Une lueur se mit à briller dans les yeux de la petite fille, elle remercia Daniel pour ses conseils et partit pleine d’entrain vers la forêt la plus proche, trouver les éléments qui lui permettraient de fabriquer son cadeau pour sa maman. L’esprit de Noël lui aussi était tellement heureux d’avoir pu conseiller et inspirer la petite-fille que désormais, il scintillait, il était moins translucide, plus solide, plus brillant. Daniel avait repris du poil de l’esprit et repartait gaiement dans sa quête du cadeau idéal. Soudain, Daniel, maladroit, glissa sur un poisson tout juste devant l’étal de Mireille la poissonnière. Tout penaud, l’esprit de noël, qui sentait alors une odeur pestilentielle de poisson, se fondit en excuse : ”pardonnez-moi, je suis bien trop préoccupée par la recherche d’un cadeau parfait, je me trompe chaque année et achète les mauvaises choses ». Mireille lui répondit alors : ”vous savez mon plus beau cadeau restera à jamais les souvenirs de mes noëls en famille et tiens je t’offre la recette favorite de ma grand-mère, tu pourras à ton tour l’offrir ». L’esprit de noël fut irradié de lumière, Daniel se mit à briller, briller, briller, il concurrençait les néons blafard du supermarché. Soudain il comprit que le véritable résidait dans le partage et l’échange, la volonté de faire plaisir à son prochain.