Commémoration

Récit imaginé par Marie Polla, Estelle Dauchy, Benedicte Nadau et Marine Sanvélian lors de la soirée futurs proches consacrée à l’après-coronavirus, le 16 avril 2020.


Nous sommes en avril 2080, c’est le week-end férié de la commémoration du Grand Confinement de 2020.

Gabriel profite de la fin de journée pour s’isoler du reste de la famille avec ses 2 petits fils, Christophe et Thierry, rentrés de mission.

Gabriel raconte l’évènement tragique qui fit basculer sa jeunesse et son insouciance : en mars 2020, la France découvre un nouveau virus, le Covid 19. Au début, comme la plupart des français à l’époque, il pense que ce n’est qu’une forme de grippe, qui emporter avec elle les plus vulnérables. Ce qui n’était pas prévu, c’est que son propre père soit touché. Il découvrit alors la gravité de ce virus. A 45 ans, son père finit par succomber au bout de 10 jours à la maladie. Gabriel avait toujours eu une relation conflictuelle avec son père, et là il était parti seul, sans que Gabriel puisse lui dire pardon et au-revoir. Il prit alors conscience du rôle important de la famille et de ses responsabilités.

Gabriel prit la décision de partir travailler dans les cultures maraîchères de Normandie. A ce moment là, les vergers étaient lourds de fruits mais tous les ouvriers étrangers sensés participer aux récoltes avaient été refoulés aux frontières. Les gens arrivaient de tout les coins de France pour chercher du travail. C’était, encore 2 mois plus tôt des métiers peu valorisés et sur lesquels tout le monde se ruait après la crise. La France avait faim.

Photo by Michael Weidner on Unsplash

– Ça fait quoi de se sentir utile à 20 ans pour la première fois? C’est dingue.

– Tu sais on n’avait pas le service civil obligatoire de 2 mois par an comme vous

Le service était obligatoire depuis 2022, 2 mois par an pour tous les jeunes de 15 à 25 ans, forces vives non atteintes par le virus; devaient assurer des missions d’intérêt général auprès de la population.
– Et alors à quel moment as-tu décidé d’en faire ton métier définitivement ?

– Au bout de 6 mois dans les vergers, j’ai compris le message des arbres et j ai compris que je pouvais communiquer avec eux. La nature nous était alors complètement étrangère.

– Les arbres m’ont transmis leur souffrance, et celle de la terre. Ils avaient les réponses à tous nos maux. J’ai alors su quoi faire pour eux en retour. Dans mon verger la production dépassait celle des autres mais personne ne voulait croire aux recettes de mon succès.

– Ce n’est que plus tard bien après le 4eme. confinement que des gens ont voulu comprendre et ont commencé à m’écouter.

– J’ai tout noté dans des cahiers de l’époque, mais je n’ai jamais eut le courage de demander une
publication. Voilà je vous les donne, c’est mon héritage.

Sur le chemin du retour , Christophe et Thierry décidèrent de partager au plus grand nombre le témoignage de leur grand-père et consacrèrent le reste de leur vie à l’enseignement de cette science nouvelle « Chlorologie », désormais intégrée aux programmes des écoles dès le plus jeune âge.

Capsule réalisée par Antonio Meza lors da la soirée du 16 avril, 2020. www.antoons.net