14 Mar Au cours de la Vilaine
Récit imaginé par Oumeima El Isbihani, Emeline Lebigot, Erwan Blavec et Arthur Masson et facilité par Morgane Personnic et Mathilde Guyard dans le cadre l’atelier futurs proches réalisé le 21 février 2025 à Rennes en partenariat avec Alternatiba Rennes.
Thème de l’atelier : Et si en 2050 le béton n’était plus ?
Article #1
Le collectif de Bourg-L’Evêque désosse la tour des Horizons afin que ce matériel serve au collectif de Guichen. Dans l’autre sens, Guichen fournit de la nourriture à ce quartier rennais. Les échanges se font par la Vilaine, sur des bateaux (halés par des animaux sur le chemin ou à voile).
Il y a bien sûr plus de jardins en ville qu’autrefois, de la végétation sur les toits, les murs ; mais pas assez pour nourrir tout le monde (d’où l’idée de l’échange). Pour pouvoir produire plus, ce collectif du sud vilaine a proposé de pouvoir récupérer du matériel pour de nouvelles serres. Aussi, une partie d’entre eux participe à ce chantier. Cela leur permet de dire ce qui leur serait le plus utile.
Les gens apprennent à se connaître en travaillant et parlant ensemble.
Article #2
Rien ne va plus à Bourg-L’Evêque – Guichen ! Rats des champs, contre rats des villes le moral n’est plus au beau fixe depuis le terrible chantier de la fin du démantèlement de la tour des Horizons. Guichen questionne de plus en plus les échanges de matériaux avec Bourg-des-comptes étant arrivé au terme de la construction de la Grande Serre communale. Ce dernier chantier, où l’ambiance était exécrable sera peut-être le dernier avant longtemps, au regard des conditions climatiques peu favorables à une production excédentaire d’aliments à destination du collectif citadin. Affaire à suivre! En espérant que la dynamique qui a permis de belles réalisations comme les halles centrales (issues de la réutilisation des super U urbains), l’extension de l’école élémentaire du monde vivant (anciennement l’hôtel de police).
Article#3
– Les conseils citoyens des deux collectifs anciennement grands amis en rajoutent une couche ! Le divorce est officiellement déclaré au sud de Rennes ! Plus aucun vivre ne sera donné à Bourg l’évèque tant que l’échange ne sera pas considéré comme équitable aux yeux de Guichen. Mais comment en sommes-nous arrivés là ? La situation peut-elle encore dégénérer ? Bourg-des-comptes va-t-elle jouer l’apaisement en réfléchissant sincèrement à un nouveau modèle de valorisation ou bien va-t-elle se tourner vers d’autres horizons pour se fournir ?
Article #4
– Eureka, la lumière est au bout du tunnel ! Une réunion en grande pompe est prévue dans 12 jours avec un médiateur extérieur pour permettre une réflexion d’ampleur et apaisée. En espérant que les citoyen.nes y mettent de l’énergie et du cœur pour réussir enfin à penser un modèle de fonctionnement entre ville et campagne où chacun.e peut y trouver son compte.
Article #5 : Jour du cercle “Eureka”
Dans le bar associatif, les personnes des deux collectifs se rejoignent. Les enfants d’une dizaine d’années sont présents et participent aux échanges.
Les regards se croisent et l’ambiance est à l’écoute et à la bienveillance. Chacun prend le temps d’exprimer les faits, ses ressentis et les solutions qu’il propose. Les intentions individualistes sont rapidement écartées par la dynamique du groupe.
Une personne extérieure aux deux collectifs est présente pour assurer un cadre d’écoute et animer les échanges. La posture de ce médiateur est importante et permet qu’aucune des parties ne soit lésée ou monopolise la parole.
1h30 après le début de ce cercle le même constat est formalisé par un diagnostic partagé et les pistes de solution fusent. Des temps informels autour d’une infusion pendant les pauses viennent nourrir les précédents débats.
D’ici peu un avenir apaisé et désirable naîtra des ces échanges et concrétisera en différents actes ces paroles.
Article #6 :
Résumé des épisodes précédents.
Les membres du collectif de Bourg-L’Evêque sont en désaccord total après l’annonce des ruraux. Ceux-ci n’ont factuellement plus besoin des urbains, ils sont parfaitement adaptés pour affronter la terrible sécheresse hivernale, et tout à fait heureux dans leur campagne densément agroforestée. Ce climat froid entre les collectifs déprime complètement les citadins qui se sentent désemparés voire démunis, et plus grave encore, totalement inutiles. Tout ce que possèdent les urbains, la connaissance universitaire, la connexion des urbains avec les collectifs des autres grandes villes de France semble inutile pour affronter le problème le plus terre à terre qu’il soit : une simple sécheresse hivernale qui épuise les réserves de nourriture. Certains membres parlent de faire scission et de partir vivre à la campagne ; d’autres ne jurent que par l’auto-subsistance minimaliste en cultivant sur les toits des immeubles.
L’implosion provoque la fuite des quelques citadins vers les campagnes. Ceux-ci partent se réfugier chez des amis maraîchers. Pendant ce temps, quelques survivalistes tentent tant bien que mal de produire une nourriture aussi peu nutritive que ragoutante.
Les premiers se rendent vite compte que tout n’est pas si vert dans la campagne prétendue idyllique. Les récoltes sont certes suffisantes pour les besoins locaux mais il y a de la perte. Beaucoup de pertes ; si seulement on pouvait mettre une partie de la production en conserve… Pour ça il faudrait de l’espace, des bâtiments, et des espaces de stockage aussi ! Et des espaces réfrigérant.
En ville, on s’exaspère de voir la maigre qualité gustative de la production alimentaire locale. C’est insipide, peu ragoutant, triste ; si seulement on pouvait développer des techniques pour améliorer tout ça ; de la fermentation, par exemple, et des techniques de cuisine.
Article #7 :
Tout a changé dans le collectif Bourg-L’Evêque Guichen et la paix est en bonne voie de rétablissement ! Multi usage des infrastructures urbaines pour permettre une plus grande robustesse du système de conservation des aliments, partage des systèmes d’interconnexion avec les autres collectifs urbains, amélioration de la production urbaine et surtout la rotation des habitant.es entre ville et campagne pour permettre plus d’interconnaissance et de partage des compétences…les changements sont prometteurs pour améliorer le quotidien de chacune et chacun.