Analepse

Récit imaginé par Marion Blanchaud, Mehdi Chikh Najma Ameroug, Catherine Monteiro Saraiva, et facilité par Alexis Louat dans le cadre l’atelier futurs proches réalisé le 19 juillet 2021 en partenariat avec le Lab BPI

Thème de l’atelier : Et si en 2041, la place du travail et de l’entreprise dans la société étaient radicalement différentes de celle de 2021 ? 


Après avoir obtenu mon baccalauréat, j’ai cherché à discuter avec des professionnels pour mieux me représenter le monde du travail d’aujourd’hui. J’ai rendez-vous chez une agent immobilier et je n’ose imaginer à quel point elle doit s’ennuyer dans son travail. J’imagine qu’elle n’aime pas véritablement ce qu’elle fait.

J’arrive chez elle au cours d’une chaude fin d’après midi de mai. Elle ne m’accueille pas directement, son mari me fait traverser leur beau jardin pour m’emmener dans un préfabriqué ou se trouve son bureau. A l’intérieur, assise sur une chaise de bureau Ikea des années 2025, je trouve une femme rayonnante, avec un grand sourire. Je suis perplexe, partagé entre l’idée que je me faisais de cette personne avant de la voir et le dynamisme qu’elle a déjà devant moi. Elle m’invita à m’assoir.

– Déjà je tiens à vous remercier d’avoir accepté de me recevoir pour répondre à mes questions.

– Je vous en prie, je vous écoute. Dites-moi ce que vous aimeriez savoir ?

– Arrivez-vous à concilier votre vie personnelle en étant agent immobilier ? Ne ressentez-vous pas parfois de la lassitude à devoir organiser votre planning ?

– En réalité, ce métier me permet de travailler de chez moi, tu vois là nous sommes dans un bureau que j’ai spécialement aménagé pour exercer ma fonction d’agent immobilier. Ainsi, je peux télétravailler de chez moi. Je choisis mes horaires, mon emploi du temps ce qui me permet de m’octroyer des temps libres avec ma fille.

Ana, l’agent immobilier se déplace dans la pièce à l’aide d’un fauteuil roulant. Je la regarde, surpris.

– Et oui vois-tu je peux exercer ce métier malgré mon handicap. Certes, ce n’est pas facile tous les jours mais les nouvelles technologies me facilitent la vie. J’ai déjà eu recours aux visites virtuelles lorsque je ne pouvais pas me déplacer.

Je reste un moment interloqué ne sachant pas quoi dire.

– N’avez-vous pas eu des craintes de créer votre entreprise en étant une femme ?

– Il est vrai qu’au départ, j’étais un peu craintive mais la société a beaucoup évolué sur le rôle de la femme en tant qu’entrepreneur. Tu sais maintenant, il n’y a plus de femmes entrepreneures, que des entrepreneurs.

– Avez-vous des loisirs à côté de votre travail ? je demande.

– Je suis engagée auprès d’une association appelé « Ecoworld » qui mène des actions pour préserver la planète. Et tu sais à travers mon association, je suis amenée à aider à concevoir des éco-quartiers.

– Ah ! C’est bien ça !

Je ne sais plus trop que penser. Au lieu d’une femme triste enfermée dans un travail qui ne lui plaît qu’à moitié, je me retrouve à envier ses conditions de travail et sa confiance en elle.

– Merci de m’avoir reçu. Je me sens un peu honteux d’être arrivé avec des préjugés, et j’avoue être perdu face à un avenir qui m’apparaît bien plus ouvert que je ne le pensais.

– Écoute, me dit Ana avec un sourire bienveillant, si tu le souhaites, ma porte t’es grande ouverte. Je suis ravie de t’avoir offert une nouvelle conception du monde, et ce serait avec joie que je t’enseignerais les ficelles du métier d’agent immobilier tel que je le conçois et le vis au quotidien.

Une immersion ? Il y a de cela 45 minutes, j’aurais refusé en bloc, mais j’ai le sentiment que quelque chose a changé, et que cette proposition d’Ana sonne presque comme une bénédiction.

– J’accepte avec joie, lui dis-je tout sourire. J’ai hâte de commencer !

J’hésite un peu et j’ajoute : « Cependant, je me réunis avec mon association sportive tous les mercredis, est-ce que je pourrais m’y rendre malgré ce stage ?

– Évidemment, tu es libre, ça va de soit ! me répond-t-elle dans un éclat de rire.

Je lui ai dit que j’avais hâte. Et le plus surprenant, c’est que je le pense. Je la remercie une énième fois et ouvre la porte du préfabriqué. Je traverse le jardin, guilleret. Mon pas est plus léger qu’à l’arrivée. C’est une belle journée.

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