De l’hiver à l’automne jusqu’à Peillac

Récit imaginé par Clothilde Haristoy, Marie Czajkowski, Mathurin Lenoir et Pauline Lenoir et facilité Mathilde Guyard dans le cadre l’atelier futurs proches réalisé le 21 janvier 2025 organisé à Saint Malo dans les locaux de la boutique T’as ton bocal.

Thème de l’atelier :  Et si en 2050 nous avions un revenu universel nous permettant de ne plus parler de travail mais d’activités ?


Hiver
Première étape de ce long périple, qui, je vous l’avoue, va me promettre, je l’espère, une multitude de surprises. Il est exactement 8h27, 10h27, ou 14h27, peu importe, le temps n’a vraiment plus d’importance en 2050.
2050 ce sont les premiers chiffres de ce carnet, carnet que j’ai tant voulu de fois ouvrir lors de mes folles années de jeunesse. Le soleil vient peu à peu réchauffer ma peau, mes muscles face à ce froid hivernal.
Toutes mes affaires sont prêtes, la lumière vient progressivement envahir la pièce. Un sentiment de joie et une certaine envie d’aventure me traversent malgré mon grand âge.
Dessiner, annoter, écrire a toujours été ma passion. Mais la plus grande reste le voyage, ses rencontres et leurs simplicités dans une horde de bonne humeur et de nouveauté constante.
Les premiers coups de pédales sont durs, mes os sont rouillés, le froid envahit mes poumons et je prends pleinement conscience de ma respiration en étant à l’extérieur. La rosée du matin a gelé toutes les herbes, les fleurs et les prairies de mon petit village. Un magnifique paysage s’offre à moi.


Printemps
Le printemps est là, l’air s’est réchauffé, le soleil brille, les plantes bourgeonnent et les animaux pointent le bout de leur nez.
Je continue mon voyage. J’arrive dans une ville, une ville heureuse comme on pourrait l’appeler. Les villes ont bien changé : elles ont soigné leur tristesse et leur grisaille pour revêtir un manteau de verdure, parsemé de quelques notes de couleur. Des arbres, des buissons et des potagers tapissent maintenant les sols et remplacent les étendues infinies de bitume. Les gens cultivent dans les rues, et mangent ce qu’ils ont récolté.
L’artisanat a refait surface, la population a repris conscience de la valeur d’un objet. Il fabrique ce dont ils ont besoin. De petites boutiques ont monté leur établi dans les rues, accueillant le sourire aux lèvres les différents visiteurs. Mon regard s’arrête sur un stand de panier en osier, un objet qui paraît si banal et qui pourtant est utilisé tous les jours. Je me promets de réussir à en fabriquer un.


Été :
J’arrive sur une place, qui semble être la place du village. Le soleil est fort, il doit être midi puisqu’il est au zénith. Je m’assois sur un banc à l’ombre, au milieu des grands arbres et des fruitiers. Les oiseaux chantent, les enfants jouent dehors et tout le monde profite de la petite brise de vent grâce aux grands arbres qui dominent la place. Les fraises et les cerises dans les arbres sont d’un rouge vif, je n’ai qu’une envie : celle de croquer dedans. Plusieurs personnes prennent soin des fruits et ramassent les légumes pour le repas qu’elles semblent vouloir cuisiner ensemble. Une grande table est au milieu de la place et chacun participe. Je constate que les gens semblent heureux, ils échangent beaucoup : un enfant demande à une personne plus âgée comment réparer le porte-bagage de son vélo, je prends note des conseils pour réparer le mien. Plusieurs enfants se partagent des recettes de cuisine.
Je me souviens qu’en 2025, l’été était moins paisible, la place du village moins vivante puisque chacun partait près de la mer. Aujourd’hui, les plantations en ville ont permis de rendre la ville vivable, l’air circule. L’idée des vacances a changé : on vit toute l’année en vacances puisqu’on fait ce que l’on veut quand on veut. Grâce au revenu universel, on peut voyager plus facilement et surtout prendre le temps de voyager. Je suis partie il y a quelques mois, à vélo, d’un petit village en hiver. Avant, pressés par le temps, nous étions incités à réduire le temps du voyage pour se rendre près de la mer. Le voyage n’était pas en tant que tel vu comme des vacances.
Un renard s’approche de moi. Oh que j’aime pouvoir profiter des animaux.


Automne :
Me voilà arrivé à Peillac, dernier village de mon périple. Je termine ce projet d’une vie dont je rêve depuis que j’ai 25 ans.Je n’aurais pas imaginé pouvoir vivre autant d’aventures avec autant de gens différents en si peu de temps et en si peu d’espace. Dire que tout ça, c’est passé sur 100 km à la ronde.
Impossible de prédire qu’autant de communautés et de différences de vie puissent exister en si peu de km².
Tant de manières différentes. Maintenant, à moi de choisir où je veux habiter et avec qui ?

Pour l’instant, mon choix n’est pas défini, et peut-être que ces trois derniers mois vont changer mon avis.
Me voici arrivé dans l’écolieu de la brindille à Peillac, où vivent 15 personnes dont 6 adultes, 3 enfants, 1 chien, 1 cochon et 4 poules. Une vraie petite communauté.
Ici, les gens ont le temps de discuter et de me transmettre leur activités et leur passion.
Hier, j’ai appris à faire des paniers en osiers. Dire qu’avant, j’achetais des sacs toutes les semaines au magasin. Celui-ci devrait me durer le restant de mes jours. Et s’il craque, je sais maintenant le réparer.
Tout ça, c’est grâce à Marc, il est passionné par les arbres. C’est lui qui est responsable de toutes les activités liées à ça. La plantation, l’abattage, le bois de chauffage, il est même ébéniste.
Son prochain projet, c’est de faire l’escalier des voisins. C’est la première fois qu’il essaye ce type de chantier. Il était stressé hier soir au repas, mais je suis sûr qu’il y arrivera, avec sa patience et son talent, cela ne devrait pas poser problème. En plus, le voisin n’est pas pressé, il arrive à vivre dans seulement 30m², son étage sera juste du confort en plus, pour lire et surtout faire son yoga tous les matins, c’est plus sympa quand on a de l’espace quand même !
Demain, je vais voir comment Catherine fait son pâté de gland.C’est une technique qu’elle perfectionne depuis trois ans et elle va tout m’expliquer. Apparemment, la recette dure au moins trois jours, on va avoir le temps de discuter. Je pourrais en apprendre plus sur sa vie et peut-être me décider sur mon lieu où je veux me poser.