4×4 et permaculture : la ballade de Fredaël

Récit imaginé par Laura, Yann et Maria et facilité par Mathilde Guyard dans le cadre l’atelier futurs proches réalisé le 28 septembre à Pontivy lors d’un atelier co-organisé avec Kreiz breizh transitions.

Thème de l’atelier : Et si en 2040 le centre Bretagne avait réussi ses transitions ?


J’habite à Kerkarante, j’ai 70 ans. J’ai travaillé toute ma vie, les mains dans la terre, pour nourrir les miens et les habitants de notre hameau de centre Bretagne. J’ai toujours eu à cœur de cultiver des produits de qualité tout en me reliant à la nature et en la préservant.

Notre vie s’est organisée autour des biens communs et grâce à cela, l’harmonie s’est installée. La nature est partout, les habitants la respectent et des zones sauvages n’appartiennent plus à personne. Les enfants sont en contact avec les plus anciens qui leur transmettent leur savoir faire. J’ai monté des ateliers par le biais de la mairie pour transmettre mes connaissances de maraicher. Chaque retraité a comme mission de mentorer des plus jeunes pour les rendre autonomes sur des sujets du quotidien.

Le soir, quand je rentre de mes journées bien chargées, je retrouve Loic et Nathalie et leurs enfants, le couple qui vit en colocation sur notre terrain dans une Tiny House. Ma femme, Estelle, ancienne infirmière, veille sur les deux centenaires du hameau qui logent avec nous. La vie intergénérationnelle est tellement riche !

Je suis heureux de me lever ce matin…

Sur mon vhélio, alors que je me rends à la mairie, un 4X4 anachronique et antédiluvien, me heurte et c’est « l’accident presque bête ». Me voilà immobilisé pour six mois. Heureusement les soins d’Estelle m’ont permis de passer cette épreuve. Tout ce qui rythmait mon existence s’est fracassé du fait de cette immobilisation. Heureusement j’ai pu appeler l’un pour me remplacer à la mairie, l’autre pour l’atelier de permaculture auprès des enfants, tel autre pour visiter l’hôpital. Cela m’a permis surtout de me poser la question de ce que je veux faire des années devant moi. Devenir un passeur, un transmetteur car mon handicap ne me permet plus de parcourir le territoire au rythme effréné d’antan. Je m’aperçois que les visiteurs sont nombreux et que je vois désormais davantage de personnes qu’avant. Ceux qui ont pris mon relai pour les différentes activités poursuivent le développement mieux que je n’aurais pu le faire.

Bon, maintenant pas mal de choses ont évolué dans mon quotidien, à commencer que j’ai du temps pour philosopher. J’en ai même pour le faire sur le fait que j’ai ce temps. Je vous laisse essayer c’est plaisant.

J’ai envie de garder plein de temps imprévu à l’avance. Le seul fait d’être posté dans mon potager à regarder les oiseaux me piquer mes fruits me convient. C’est comme aller à la mairie sans programme défini, tant de choses s’improvisent, les heures à échanger avec les passantes s’écoulent toujours vite. Je me sens beaucoup plus actif et j’ai l’impression que l’influence de ce que je fais est accrue. Finalement je suis heureux d’avoir découvert chez moi cette capacité de mettre en lien les acteurices/habitantes/ citoyennes du territoire autour de Kerkarante.

Dire qu’il a fallu un malencontreux accident de 4X4 réformé de la circulation pour que je me rende compte du manque d’art et de pensée dans mon quotidien !

LE collectIf Des fOrmiDabLes