Une histoire de poulailler, d’inondation et de solidarité

Récit imaginé par Marion Raude, Julie Gasquet et Christophe Oudelin et facilité par Lucien Schiltz dans le cadre l’atelier futurs proches réalisé le 27 octobre 2021 à La Base à Marseille en partenariat avec Marseille en Transition.

Thème de l’atelier :  Au début des années 2050, les villes sont des espaces nourriciers. La production alimentaire a été relocalisée dans les villes pour les rendre plus autonomes et résilientes. Les habitants remettent les mains dans la terre et participent activement.


Léna, une jeune métisse de 30 ans aux cheveux bouclés,  vit dans le quartier des Chartreux à Marseille. Elle habite un immeuble autogéré où certaines pièces de cet immeuble sont mutualisées pour y regarder la télé, envoyer des mails ou partager une bonne tasse de thé etc. Elle travaille comme médiatrice de son quartier seulement du lundi au mardi car ce rôle est tournant. Le reste du temps, elle peut ainsi se consacrer à d’autres activités qu’elle aime comme proposer des ateliers rémunérateurs sur l’utilisation des plantes médicinales ou comestibles pour se soigner, pratiquer des sports collaboratifs car elle déteste la compétition, peindre, faire du bénévolat ou encore étudier l’astrologie, discipline qui la passionne. Léna est de nature curieuse mais est très timide. Son travail en temps que médiatrice l’aide à se surpasser. 


Ce jour là, elle descend de son appartement pour se rendre dans les parties communes. Son voisin Charles, un peu plus âgé, lui rappelle qu’elle ne doit pas oublier l’apéro avec les voisin-e-s prévu dans deux jours, pour discuter de l’aménagement d’un poulailler sur le toit. Ce toit, comme tous les toits plats de la ville, est un espace vert en plus d’être producteur d’énergie solaire.

Léna le rassure et lui dit qu’elle sera bien présente et le salut. 

Elle marche dans la rue où les trottoirs, les façades, les balcons et les routes sont complètement végétalisés. On y laisse juste de quoi faire rouler des camions de pompiers, des vélos et le passage aux piétons, poussettes et fauteuils roulants. On y entend les rires des enfants qui jouent et les oiseaux qui chantent. N’ayant pas pris son petit déjeuner, Léna cueille une pomme sur un arbre qui est sur son chemin et aperçoit un écureuil qui saute de celui-ci. Elle passe sur la place des Chartreux où des personnes âgés jouent aux cartes et certaines discutent en jardinant et en ramassant les récoltes abîmées par les intempéries des derniers jours. Elle finie par arriver à la maison de quartier sur le boulevard d’Arras, 1er boulevard végétalisé par les citoyens du quartier. Mathéo, délégué de secteur, arrive à la maison de quartier pour annoncer que suite aux fortes pluies de ces derniers jours, la Camargue a été inondée. Cette nuit, des milliers de personnes ont été obligé de partir et une partie d’entre elleux sont en train d’arriver sur Marseille. Il est nécessaire de les accueillir et de pallier aux premières urgences : le logement et la nourriture. Il voudrait savoir combien de personne le quartier peut accueillir. Les personnes présentes à la maison de quartier se réunissent et décident d’organiser une réunion publique extraordinaire le midi sur la place des Chartreux. Ils contactent les crieurs publiques, informent les radios locales et mettent des messages sur les réseaux sociaux pour informer les habitants de la situation et les inviter à la réunion publique.Léna va informer les différentes associations, magasins et entreprises du quartier.


Arrivée sur la place, un groupe d’habitant-e-s s’est déjà formé et des discussions vivent ont lieu. Elle intègre la réunion en essayant de comprendre le problème et craintes. Un homme lui explique qu’iels ont peur de ne pas avoir assez d’espace et surtout de la nourriture pour tout le monde. Avec les intempéries, les récoltes ont été très fortement touchées. Léna rappelle que nous avions anticipé pour faire des réserves comme des bocaux ou des fruits secs. Un autre répond que cela ne sera pas suffisant pour nourrir tout le monde pendant l’hiver. Elle recentre la discussion : « la question est de savoir combien de personnes nous pouvons accueillir dans un premier temps pour pallier à l’urgence immédiate des prochains jours. Elle rappelle que les personnes sont épuisées, qu’iels ont besoin d’un hébergement et de se restaurer. Nous prendrons le temps par la suite pour chercher des solutions viables pour tout le monde. »Une habitante prend la parole « Et si ça nous arrivait à nous ? Vous y avez pensé ? Nous serions bien content-e-s de pouvoir compter sur la solidarité de nos voisins. » 

A midi, alors que d’autres habitant-e-s sont arrivé-e-s, l’assemblée pouvait commencer officiellement. Les tensions étant assez importantes, Léna expose alors des informations qui n’étaient pas connues jusqu’à présent.En effet, des migrant-e-s sont spécialisé-e-s dans la culture du riz et autres céréales, la production de sel et la culture de pommes. Iels proposent de transmette leur savoirs afin de participer à la diversification de l’alimentation. Iels proposent également de partager les graines et plants d’arbres fruitiers de leur ancienne région devenue inhabitable.Ces nouveaux éléments permettent à l’assemblée d’entrevoir un bienfait à cette arrivée massive.Plusieurs habitant-e-s prennent la parole pour proposer des places provisoires dans les logements du quartier, d’organiser un grand repas partagé pour leur arrivée. Les référent-e-s des maisons de vie présent-e-s, proposent également des chambres pour les personnes seules avec pour contrepartie une aide et accompagnement des résident-e-s les plus âgés. La municipalité, manquant de compétences internes dans les activités proposées par les migrant-e-s, leur propose d’intégrer la gestion agricole de la collectivité afin de mettre en place ces nouveaux procédés de production alimentaire.

Au bout de 2 heures de discussion intense, les solutions trouvées ont été adoptées pour l’intégration de ces nouvelles personnes dans l’attente de solutions pérennes.Il est convenu d’une date d’agora d’accueil après l’arrivée des migrant-e-s le lendemain une fois que celleux-ci se soient restauré-e-s et reposé-e-s.  

Léna est extrêmement soulagée de cette résolution et annonce, avec Mathéo, un apéro pour se féliciter de cette avancée.Bien que la discussion ait commencé dans la difficulté, Léna se sent heureuse d’avoir été utile pour la collectivité.Après la discussion, chacun-e se prépare immédiatement à accueillir les migrant-e-s comme décidé en assemblée. 

Elle rentre vers 23h chez elle après une journée intense en contemplant les étoiles.

Ces rêves s’enrichiront de cette nouvelle expérience.