Une autre lumière (Greta pète les plombs)

Imaginez…


Nous sommes en 2027. La France est définitivement entrée dans une longue et radieuse période de sobriété, faire mieux avec moins, seule à même de répondre aux enjeux écologiques et sociaux de notre siècle. Au contraire des positions dogmatiques du début du 21eme siècle, elle a déconstruit les récits alors dominants et s’est inventé de nouvelles célébrations.


Et si nous imaginions la sobriété dans la joie des célébrations de fin d’année ? À quoi ressembleraient les contes populaires de Noël dans une société sobre ? Que nous offrerions-nous ? Comment célébrerions-nous ensemble, en famille, entre amis ? Quels enchantements racontés pour petits et grands seraient fédérateurs et porteurs de sobriété ? Répondre de manière profonde et durable aux défis écologiques et sociaux passe aussi par l’émergence d’imaginaires porteurs d’avenir. En partenariat avec La Fabrique des récits, c’est ce que nous avons proposé aux participants de cet atelier d’écriture collaborative en les invitant à co-créer des récits de futurs désirables sur le thème de la sobriété durant les fêtes de fin d’année.

Récit imaginé par Elsa Rougier, Agathe Ducellier, Philippe Thievenaz, Maylis Massart, Charles Menard et facilité par Delphine Ekszterowicz, dans le cadre l’atelier Futurs Proches réalisé le 8 novembre 2022 en partenariat avec La fabrique des récits.


Il était une fois une petite fille qui s’appelait Greta et qui appartenait à une grande famille de magiciens. Cette année, elle s’apprête à célébrer son septième Noël. En attendant le traditionnel repas, elle souhaitait partager du temps avec son grand frère Emmanuel qui lui ne pensait qu’à jouer aux jeux-vidéos. S’ennuyant, elle monte au grenier s’exercer avec sa nouvelle baguette magique.

Soudain, les plombs sautent et toute la maison est plongée dans le noir. Fou de rage et certain de la responsabilité de sa sœur, Emmanuel court la rejoindre à l’étage pour inverser le sort. Mais Greta, à cause du noir, a perdu sa baguette. Emmanuel retrouve le grimoire familial, après avoir dépoussiéré les archives du grenier. Ils le feuillettent ensemble et redécouvrent les étapes pour rétablir l’électricité sans baguette. Ils commencent par réaliser une potion avec des fioles dans un vieux coffre, Greta mélange pendant que son frère lui dicte attentivement la recette à suivre. La deuxième étape consiste à réciter en chantant la formule ”ah boum boum bar ouch ouch ». Leurs regards sont le témoin de leur complicité retrouvée. Ils s’engagent alors dans la dernière étape. Motivé à l’idée de retrouver ses jeux, Emmanuel s’élance sans réfléchir dans une danse amérindienne décrite dans le manuel. Greta hésite avant de s’engager mais finit par le rejoindre, libérée de tous complexes. Le courant revient au milieu des rires de Greta et de son frère. Il est 20h, la table est dressée et le foyer illuminé. Emmanuel est remonté dans sa chambre pour jouer encore un peu sur sa console avant le diner. Greta l’appelle.

En descendant, il passe devant le manteau de sa sœur. Dans la poche brille un petit bout de bois : c’est la baguette de Greta ! Il comprend alors que celle-ci ne l’avait pas perdue mais cachée. Il s’énerve et se dirige vers la salle à manger, prêt à en découdre. Greta l’attend calmement en jouant avec un petit vélo en bois, un très beau sourire sur le visage. Emmanuel prend alors conscience de son bonheur et comprend qu’elle a tout manigancé non pas pour l’embêter mais pour passer un moment avec lui. Discrètement, il donne un petit coup de baguette et les plombs sautent de nouveau. Ils passent toute la soirée ensemble à jouer à des jeux de société à la lumière de la bougie.